Les paysages des vallées Cévenoles, marqués
par les terrasses, l’irrigation, les cultures des mûriers, des
châtaigniers, des céréales, suscitent l’admiration
des hommes des XVIIIe et XIXe siècle. C’est bien le travail
de l’homme qui est admiré à travers les paysages produits,
en contraste avec les hauteurs montagneuses stériles.
« Les montagnes dont Valleraugue est environné
sont très hautes et fort raides. Elles sont cultivées avec
tant de soin que je crois pouvoir avancer qu’il n’y a peut-être
pas de pays dans le monde qui présente un tableau plus frappant de
ce que peut, dans les hommes, l’industrieuse nécessité
et le désir de l’aisance. Ces montagnes forment une chaîne
de rochers couverts de quelques pieds de terre qu’on travaille avec
une adresse et un succès incroyables »
Jean Angliviel, 1766
« De Ganges aux montagnes au sol raboteux que
je traversai, la promenade est ce que j’ai vu de plus intéressant
en France, les efforts de l’activité les plus vigoureux, l’animation
la plus vivante. L’activité que l’on a déployé
ici, a triomphé de toutes les difficultés et a couvert de verdure
de véritables rochers. »
Arthur Young, Voyages en France en 1787, 1788 et 1789
« Des roches escarpées formaient originairement
la presque totalité (des Cévennes) ; mais la main de l’home
les a successivement converties en terres fertiles, et ce sol, qui jadis
n’aurait pas fourni à la nourriture d’une famille de sauvages,
nourrit, en ce moment, deux ou trois cent mille habitants ; là, tout
est le produit de l’art, et l’on peut y étudier d’autant
mieux ce que peut l’industrie, qu’elle y a tout créé
(…) Les exemples de ces prodiges ne sont pas rares dans les Cévennes
(…) On ne peut se défendre d’un sentiment d’admiration
même d’un retour d’amour-propre, lorsqu’on considère
une de ces montagnes arrachée par la main de l’homme à
une stérilité absolue, couverte, de la base au sommet, d’arbres,
de fruits, de grains et autres productions utiles. »
Jean-Antoine Chaptal,
Mémoire sur la manière dont on fertilise les montagnes dans
les Cévennes, prononcé devant la Société d’Agriculture
du département de la seine en rairal an VII (juin 1799)
« (Dans la chaîne des Cévennes) les
difficultés que la nature présente à l’exploitation
sont surmontées par des prodiges enfantés à l’aide
de la patiente persévérance de l’habitant de nos montagnes.
La main de l’homme a successivement converti en terres fertiles des
roches escarpées, et, dans ce travail immense, où l’art
a fait tous les frais, on peut d’autant mieux y suivre la marche de
l’industrie qu’elle a, pour ainsi dire, tout créé.
»
Henri Rivoire
Statistiques du département du Gard, Nîmes, 1843, tome II
« Les Cévennes offrent le roc, rien que
le roc, les schistes tranchants ». Mais aussi, partout, « vous
sentez la lutte de l’homme, son travail opiniâtre, prodigieux,
contre la nature ».
Jules Michelet, Notre France, 1886