Atlas des paysages - Diren Languedoc-Roussillon
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> Les fondements des paysages

I. Fondements géographiques et historiques

  1. 1. Les paysages et les reliefs
  2. 2. Les paysages et la géologie
  3. 3. Les paysages et l’eau
  4. 4. Les paysages et la couverture végétale
  5. 5. Les paysages et l’espace agricole
  6. 6. Les paysages, l’urbanisation et les infrastructures
  7. 7. Les paysages et l’architecture

II/ Fondements culturels
Aperçu sur les représentations des paysages de la Lozère

  1. Introduction
  2. 1. Les affreux pays, sauvages et incultes, des montagnes Lozériennes
  3. 2. La valeur des contrastes entre hauteurs incultes et vallées cultivées
  4. 3. La valeur des paysages travaillés par l’homme
  5. 4. La naissance du pittoresque et du tourisme
  6. 5. Les immensités Lozériennes, comme un océan
  7. 6. Une valeur paysagère liée à celle de l’écologie
  8. 7. Des paysages ouverts et perchés dans le ciel : la dimension mystique des paysages de Lozère
  9. 8. Les disgrâces de l’évolution contemporaine

> Les fondements des paysages de la Lozère

II/ Fondements culturels
Aperçu sur les représentations
des paysages de la Lozère

 

1. Les affreux pays, sauvages et incultes, des montagnes Lozériennes

« Quelle horreur !... »

Jusqu’au XIXe siècle, les paysages de la Lozère largement montagneux, provoquent une quasi répulsion.

« Le nom même de Gévaudan éveille aussitôt dans l’esprit l’idée de hauts plateaux incultes, hantés par les loups, battus par les tempêtes et souvent revêtus de neige »

Elisée Reclus,
« Nouvelle géographie universelle »

Son frère Onésime Reclus, évoque ainsi le pays :
« De la Cévenne à la Lozère (le Mont), par les monts du Bougès (…) on passe du doux au grave, du plaisant au sévère, plus même qu’au grave et sévère, au terne, morose et monotone qui, pour un peu plus, serait le lugubre ».

Onésime Reclus,
Causses et Ségalas, Aveyron, Lozère, Tarn. Paris,
Touring-club de France, A la France.
Sites et monuments, tome 15, 1903


Pas un pays de la Lozère n’échappe aux jugements négatifs :

- La Margeride :

« Lorsque venant de Mende à travers le terne Gévaudan, on atteint Saint-Flour et qu’on voit plus à l’ouest s’allonger la silhouette du Cantal, on éprouve une délivrance heureuse. Tout depuis longtemps semblait mort et éteint. L’arène grise du granite se rayait de quelques bois de pins sur des ondulations sans formes. A l’Est les croupes monotones, moitié bois, moitié landes de la Margeride, n’engendraient que laideur et tristesse ».

Vidal de la Blache,
« Tableau de la géographie de la France »

 

- L’Aubrac :

« Même en été, rien ne peut rendre l’angoissante tristesse de ces horizons plats, indéfiniment verts, nul objet n’arrête la vue, ni arbre ni buisson, spectacle grandiose cependant dans sa monotone uniformité ».

A. Joanne,
Géographie du département de la Lozère,
éd Hachette 1881, rééd 1994

 
- Les Cévennes :

« La route s’élève sur une croupe qui sépare le département de la Lozère de celui du Gard. Le pays et les habitants offrent l’aspect de la misère. De maigres châtaigneraies couvrent au loin les flancs arides et noirâtres de ces montagnes qui se composent d’une infinité de crêtes, toutes plus escarpées les unes que les autres. Celle qu’on côtoie en domine une partie qui offre au voyageur de vastes et hideux points de vue. La rivière qu’on voit longtemps à gauche dans le fond d’un vallon, ou plutôt d’une gorge profonde et presque aussi affreuse que les montagnes mêmes, est un affluent du Gardon (…) Les montagnes deviennent ensuite plus affreuses et plus stériles que jamais. »

X, Description routière, géographique, historique et pittoresque de la France et de l’Italie, 1816

 

« La couleur brunâtre de ces schistes, l’uniformité des châtaigniers qui couvrent une partie de leurs flancs, quelques mousses et quelques plantes qui croissent sur les sommets, tout cela donne à ce pays une teinte monotone et un air triste. »

Les tournées du Préfet Gamot.
La Lozère à la fin du Premier Empire (1813), Mende, 1985


- Les Causses :

« Le soleil éclaire le causse Méjean. Quelle horreur !... Le désert tel que je l’ai vu de Biskra à Touggourt est moins désolé que ces morceaux de pierres et de rochers qui s’étendent à perte de vue et qui semblent rendre impossible toute culture »

Emmanuel de Las Cases, vers 1880-1883,
Ephémérides, Presse du Languedoc, 1992

 

« ...mais des pierres et puis des pierres, des horizons déboisés et nus s’étendant en plateaux rocheux, des déserts calcaires secs et arides, véritables Arabie Pétrée... »

A. Joanne,
Géographie du département de la Lozère,
éd Hachette 1881, rééd 1994

 

« (…) le causse Méjean, qui est bien le pays le plus désolé et le plus misérable du monde, sans bois, sans eaux, sans cultures, sans villages, sans habitants, sans rien de ce qui est la vie, mais avec d’immenses et mornes solitudes qui ne peuvent avoir de charme que pour ceux qui les parcourent rapidement en voiture ».

Hector Malot, Sans famille, 1878

 

« (Le Méjan) s’en va, vaguement, ternement, de sotchs ou bas-fonds en puechs ou collines, d’abord avec quelques bosquets, puis nu d’une nudité farouche, avec herbes bourrues »

Onésime Reclus,
Causses et Ségalas, Aveyron, Lozère, Tarn. Paris,
Touring-club de France, A la France.
Sites et monuments, tome 15, 1903


- Le Mont Lozère et la plaine de Montbel :

« Les plateaux qui s’étendent au nord du Lot naissant sont parmi les contrées les plus monotones, les plus tristes qu’il y ait en Europe ; (…) L’aride plateau de Montbel, immense socle de granite qui ne porte pas même une colline, est une région vraiment terrible par la solitude, la nudité et, pendant une moitié de l’année, par la froidure et le vent »

E. Reclus,
Nouvelle géographie universelle.
La terre et les hommes, Paris, Hachette, 1876-1894, vol II La France

 

« La Lozère domine par son « truc » suprême un mélancolique royaume d’herbes sans un arbre, de roches grises ou sombres et degranits déserts »

Onésime Reclus,
Causses et Ségalas, Aveyron, Lozère, Tarn. Paris,
Touring-club de France, A la France.
Sites et monuments, tome 15, 1903


Seule une pointe de romantisme permet à certains témoins de dépasser la vision des paysages stériles et froids des hauteurs pour profiter des vastes panoramas qui s’ouvrent à leurs yeux :

Ainsi le préfet Gamot en 1813, depuis la Roche de l’Aigle sur le Mont Lozère :

« Le temps était obscur sur nos têtes, cependant les nuages étaient assez élevés pour nous laisser voir distinctement à notre droite toutes les Cévennes et l’Hérault, devant nous les montagnes du Gard, à gauche celles de l’Ardèche. Les deuxièmes plans marqués aux dernières montagnes du Gard et de l’Hérault étaient couverts d’un grand rideau de nuages découpés, allant du midi au nord et nous découvrant par intervalles les riches plaines du Languedoc, le Gardon et ses sinuosités, la plaine du Rhône et enfin la mer qui terminait l’horizon par une ligne droite, tout cela éclairé par le soleil le plus brillant. Les détails nous échappaient d’autant moins, que le rideau dont j’ai parlé était pour nous une espèce de réflecteur qui permettaient à nos yeux de voir sans être eux-mêmes affectés par la lumière. Nous sommes restés en extase pendant une demi-heure devant cet admirable tableau, et nous y aurions passé une grande partie de la journée si nous n’en avions été retirés par un orage plein de vent, de pluie et de tonnerre, qui s’avançait rapidement sur nous »

Les tournées du Préfet Gamot.
La Lozère à la fin du Premier Empire (1813), Mende, 1985


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