> Les fondements
des paysages
I. Fondements géographiques et historiques
- 1. Les paysages et les reliefs
- 2. Les paysages et la géologie
- 3. Les paysages et l’eau
- 4. Les paysages et la couverture
végétale
- 5. Les paysages et l’espace
agricole
- 6. Les paysages, l’urbanisation
et les infrastructures
- 7. Les paysages et l’architecture
II/ Fondements culturels Aperçu sur les représentations des paysages de la Lozère
- Introduction
- 1. Les affreux pays, sauvages et incultes, des montagnes Lozériennes
- 2. La valeur des contrastes entre hauteurs incultes et vallées cultivées
- 3. La valeur des paysages travaillés par l’homme
- 4. La naissance du pittoresque et du tourisme
- 5. Les immensités Lozériennes, comme un océan
- 6. Une valeur paysagère liée à celle de l’écologie
- 7. Des paysages ouverts et perchés dans le ciel : la dimension mystique des paysages de Lozère
- 8. Les disgrâces de l’évolution contemporaine
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> Les fondements des paysages
de la Lozère
I. Fondements géographiques et historiques des
paysages de la Lozère
1. Les paysages et les reliefs
Des reliefs dominants plutôt doux
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Les reliefs doux des causses (ici le causse de Sauveterre) |
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Les crêtes schisteuses à vif de Fontanille près
du Pompidou |
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Dans les horizons étirés Lozériens, les deux
dômes arrondis de la can des Bondons vus depuis le col du Sapet |
La Lozère est le département le plus haut
de France en moyenne, avec 979 m d'altitude. Ses 185 communes sont
toutes classées en « zone de montagne ». Toutefois
l'altitude moyenne élevée ne se traduit pas nécessairement
par des reliefs escarpés dominants. L'essentiel de l'espace
lozérien est composé de plateaux mamelonnés, usés
et arrondis par l'érosion ancienne, sans reliefs saillants
particulièrement remarquables :
- la montagne de la Margeride se traduit par une élévation
nette mais constitue à son tour un plateau bosselé, comme
une marche supérieure ;
- l'Aubrac est également un plateau et s'élève
en douceur vers son rebord sud, qui domine en doux sommets arrondis
les pentes raides de la vallée du Lot, ou boraldes ;
- les grands causses comme les petits composent d'immenses étendues
qui sont loin d'être plates, mais qui, là encore,
ne sont pas dominées de reliefs saillants spectaculaires ;
- les Cévennes sont arrêtées par la masse du Mont
Lozère, qui accueille le plus haut sommet du département
avec le Finiels à 1 699 m : mais le Mont Lozère compose
à son tour un long dos rond dominant, qui émerge sans
violence des pentes tempétueuses cévenoles, comme un dos
de baleine ; tout comme le Bougès qui l'accompagne en parallèle
plus au sud.
Il n'y a guère finalement que les crêtes
schisteuses des serres cévenoles pour émerger en formes
vives et acérées au gré du jeu de l'érosion.
Et, dans ces vastes paysages d'horizontales, les deux dômes
arrondis de la can des Bondons forment d'étranges signaux
visibles de fort loin qui ont nourri l'imaginaire : c'est
Gargantua qui les aurait formé en secouant la terre de ses chaussures.
Des reliefs impressionnants « en creux »
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La vallée du Gardon d'Alès depuis le col de
Jalcreste |
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Les boraldes : longues croupes séparées de valats
en V qui descendent de l'Aubrac au Lot |
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Les gorges du Tarn depuis le belvédère de Saint-Chély-du-Tarn |
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Les gorges du Bès à Arzenc d'Apcher |
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Les gorges du Chassezac vers La Garde-Guérin |
Les reliefs les plus importants et spectaculaires s'opèrent
plutôt en creux qu'en élévation :
- les Cévennes, avec leurs pentes schisteuses profondément
ravinées, forment des reliefs vigoureux taillés en serres
et valats successifs qui dévalent des hauteurs lozériennes
vers les garrigues languedociennes, sur plus de 1 000 m de dénivelé
;
- les boraldes forment l'autre dégringolade importante
dans le département : ce sont les grandes croupes qui descendent
des hauteurs de l'Aubrac (1 469 m au signal de Mailhebiau) jusqu'au
fond presque méridional de la vallée du Lot , 900 mètres
plus bas ;
- les gorges du Tarn ou de la Jonte sont d'énormes traits
de scie, plongeant en parois subverticales sur 500 à 600 m de
profondeur, composant les paysages les plus spectaculaires du département
;
- d'autres gorges plus petites mais impressionnantes tout de même
contribuent à cette constante de reliefs en creux : gorges du
Bès à l'ouest, gorges du Chassezac à l'est.
Les reliefs spectaculaires des avants-causses et des trucs autour de la
vallée du Lot.
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Un des nombreux trucs qui émaillent les paysages du Lot et
de ses affluents, notamment vers Chanac-Marvejols |
Au cour du département, à la jonction
des différents substrats géologiques, le Lot et ses affluents
ont raboté les calcaires sédimentaires, formant des petites
tables isolées comme des bastions dans les vallées : les
avants-causses, qui marquent les paysages autour de Mende. Lorsque l'érosion
n'a laissé que des chicots, les avants-causses deviennent
des trucs aux formes étranges, qui constituent les horizons remarquables
des paysages autour de Marvejols-Chanac, paysages uniques mais relativement
méconnus à l'échelle nationale, comme à
l'ombre de la réputation des grands causses et de l'Aubrac
qu'ils séparent.
Etendue, immensité : un pays où l'on respire
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Les vastes horizons de l'Aubrac |
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Les immenses étendues des grands causses (ici le Méjean) |
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La dimension mystique des paysages de Lozère : un espace
fait de ciels autant que de terres |
Montagne de la Margeride, Aubrac, grands causses, Mont
Lozère, Bougès, Aigoual : ce sont ces grandes étendues
perchées qui font de la Lozère un pays de montagne : un
pays d'altiplano, dont les paysages, largement tournés vers
le ciel, sont empreints d'immensité.
L'étendue, l'immensité : c'est
peut être là la première des valeurs paysagères
de la Lozère : un pays où l'on respire.
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