> Les fondements
des paysages
I. Fondements géographiques et historiques
- 1. Les paysages et les reliefs
- 2. Les paysages et la géologie
- 3. Les paysages et l’eau
- 4. Les paysages et la couverture
végétale
- 5. Les paysages et l’espace
agricole
- 6. Les paysages, l’urbanisation
et les infrastructures
- 7. Les paysages et l’architecture
II/ Fondements culturels Aperçu sur les représentations des paysages de la Lozère
- Introduction
- 1. Les affreux pays, sauvages et incultes, des montagnes Lozériennes
- 2. La valeur des contrastes entre hauteurs incultes et vallées cultivées
- 3. La valeur des paysages travaillés par l’homme
- 4. La naissance du pittoresque et du tourisme
- 5. Les immensités Lozériennes, comme un océan
- 6. Une valeur paysagère liée à celle de l’écologie
- 7. Des paysages ouverts et perchés dans le ciel : la dimension mystique des paysages de Lozère
- 8. Les disgrâces de l’évolution contemporaine
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> Les fondements des paysages
de la Lozère
I. Fondements géographiques et historiques des
paysages de la Lozère
5. Les paysages et l'espace
agricole
Un pays d'élevage dominant
Avec l'altitude, toujours élevée,
et le climat globalement froid, les pentes fortes en Cévennes,
les sols pauvres et pierreux, les terres Lozériennes ont toujours
été des terres d'élevage plus que de cultures.
Durant 3000 ans, elles ont vécu au rythme de la transhumance, accueillant
sur leurs estives les immenses troupeaux montant au long des drailles
depuis les plaines et les garrigues languedociennes. Les animaux entretenaient
ainsi de vastes espaces ouverts impropres aux cultures sur les hauteurs
cévenoles de l'Aigoual, du mont Lozère, du Bougès,
sur les grands causses, en Aubrac et en Margeride.
La population elle-même pratiquait l'élevage ovin,
complétant ses revenus par le tissage de la laine, en Margeride
notamment.
Toutefois, en l'absence de communications faciles,
les habitants devaient être autosuffisants, cultivant les céréales
nécessaires pour le pain sur les terres les plus favorables :
- en Margeride s'est développé un système
original d'assolement seigle-pin sylvestre, associé aux
troupeaux pour l'enrichissement par la fumure, qui permettait
la régénération des sols ;
- sur les Causses, les cultures soulignent encore aujourd'hui
les dépressions des dolines ;
- dans les Cévennes, le châtaignier était soigneusement
cultivé en vergers et en taillis, tandis que les pentes étaient
conquises par des milliers de kilomètres de bancels et de faïsses
pour permettre les cultures et nourrir une population nombreuse.
Les productions spécialisées constituent
des exceptions, comme l'élevage du ver à soie et les
vergers de mûriers nécessaires pour les nourrir, qui firent
une part de la richesse cévenole durant des siècles, aujourd'hui
à peu près disparus. On peut citer aussi Ispagnac, dont
la situation abritée a permis la production de fraises réputées.
En revanche la cueillette continue de produire des revenus
complémentaires importants (mais difficilement quantifiables) :
champignons, myrtilles, narcisses en particulier, mais aussi, plus original,
l'usnée, un lichen exporté vers Grasse pour l'industrie
de la parfumerie.
Une focalisation sur la viande et le fromage.
L'agriculture s'est développée
autour de l'élevage, sur l'Aubrac pour la production
de viande, en Margeride et sur le Mont Lozère plus récemment
pour développer également les prairies « temporaires
» ou « artificielles » et permettre l'élevage
de bêtes à viandes. La production de viande bénéficie
ainsi de l'indication « provenance Montagne » pour le
« veau de Lozère », la « viande bovine de Lozère
» et d'une Identification géographique protégée
(IGP) pour « Fleur d'Aubrac ».
La production des fromages s'est également organisée,
développant 5 AOC qui couvrent 90% du territoire lozérien
: Roquefort, Bleu des Causses, Laguiole, Pélardon, Bleu d'Auvergne,
auxquels s'ajoutent la tomme de Lozère et le Fédou,
appellation « provenance Montagne » produite sur le causse
Méjean à partir du lait des brebis de race Lacaune.
Un phénomène de concentration mesuré
Durant tout le XXe siècle, la population de la
Lozère n'a fait que baisser, et avec elle au premier chef
le nombre d'agriculteurs. Si le recensement de 1999 indique un arrêt
de l'hémorragie humaine, la part des agriculteurs continue
de décroître. Plus de 100 exploitations agricoles ferment
chaque année. Un phénomène de concentration s'opère,
les agriculteurs moins nombreux gérant des troupeaux plus importants
et des espaces disponibles plus vastes, au moyen d'une mécanisation
toujours plus poussée. En matière de paysage, cette concentration
s'opère également dans l'espace, générant
deux conséquences à risque :
- une simplification des espaces sur lesquels se concentrent les activités,
par remembrement des parcelles, suppression des « obstacles »
que peuvent constituer les rochers, les arbres isolés, les alignements,
les bosquets, les accidents de terrain, les tourbières, .
;
- un abandon des autres espaces moins productifs et plus contraignants,
conduisant à une fermeture du paysage et, dans certains cas, à
un appauvrissement écologique et économique : conquêtes
des anciens parcours ou espaces cultivés par la végétation,
notamment le pin sylvestre, développement de landes à genêts,
disparition des landes à myrtille, .
Néanmoins ce phénomène touche moins
la Lozère que bien d'autres départements : ici la
pratique de l'élevage extensif perdure et utilise, met en
valeur et gère des pâturages. La Lozère offre une
« STH (surface toujours en herbe) peu productive » parmi les
plus importante en France et qui diminue le moins sur le long terme.
Les bâtiments agricoles
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Bâtiment agricole contemporain de qualité près
de Bagnols-les-Bains |
La mécanisation et la concentration de la production
rendent bien souvent les bâtiments traditionnels inadaptés
aux besoins. De nouveaux bâtiments agricoles fleurissent ainsi un
peu partout. Ils peuvent certes exprimer une certaine vitalité
de l'agriculture, mais leur positionnement, leurs dimensions, leurs
matériaux, leur absence de traitement architectural et d'accompagnement
par plantations les rendent sensibles dans le paysage. Par ailleurs les
bâtiments traditionnels se voient dans certains cas abandonnés
et partent en ruine.
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