Atlas des paysages - Diren Languedoc-Roussillon
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> Les fondements des paysages

I. Fondements géographiques et historiques

  1. 1. Les paysages et les reliefs
  2. 2. Les paysages et la géologie
  3. 3. Les paysages et l’eau
  4. 4. Les paysages et la couverture végétale
  5. 5. Les paysages et l’espace agricole
  6. 6. Les paysages, l’urbanisation et les infrastructures
  7. 7. Les paysages et l’architecture

II/ Fondements culturels
Aperçu sur les représentations des paysages de la Lozère

  1. Introduction
  2. 1. Les affreux pays, sauvages et incultes, des montagnes Lozériennes
  3. 2. La valeur des contrastes entre hauteurs incultes et vallées cultivées
  4. 3. La valeur des paysages travaillés par l’homme
  5. 4. La naissance du pittoresque et du tourisme
  6. 5. Les immensités Lozériennes, comme un océan
  7. 6. Une valeur paysagère liée à celle de l’écologie
  8. 7. Des paysages ouverts et perchés dans le ciel : la dimension mystique des paysages de Lozère
  9. 8. Les disgrâces de l’évolution contemporaine
> Les fondements des paysages de la Lozère

I. Fondements géographiques et historiques des paysages de la Lozère

6. Les paysages, l'urbanisation et les infrastructures

Avec 73 500 habitants, la Lozère est le moins peuplé des départements français. Il a perdu de la population tout au long du XXe siècle, passant de 23 habitants au km2 en 1906 à 14 habitants au km2 100 ans plus tard. Le recensement de 1999 a pour la première marqué un arrêt de la baisse de population. Les nouveaux arrivant sont nombreux et représentent 18,6% des Lozériens. Les 2/3 ont moins de 40 ans. Malgré cette stabilisation et ce rajeunissement bienvenus, le département apparaît peu urbanisé et garde son caractère rural, avec des villes petites et peu nombreuses : Mende (14 000 habitants), Marvejols, Langogne, la Canourgue, Florac, Saint-Chély-d'Apcher.


Le semis des implantations humaines, reflet d'une histoire

Malgré le nombre faible d'ha bitants, la carte de l'urbanisation fait apparaître un semis relativement dense du bâti. En parcourant le département, il est vrai que l'on n'est jamais loin d'un hameau, d'un village. Il y en aurait ainsi 2 000 en Lozère ! Il faut aller sur les hauteurs les plus élevées pour trouver d'immenses espaces presque vides d'installations humaines : la montagne de la Margeride, le massif du Mercoire, le Mont Lozère, le Mont Aigoual, le Goulet, le Bougès. Les causses, avec l'absence d'eau, restent également très peu peuplés. L'Aubrac, organisé pour l'élevage à grande échelle, concentre son habitat en quelques points, avec seulement 7 habitants au km2.

Partout ailleurs le semis assez dense des hameaux trahit l'emprise ancienne des hommes sur le territoire. Il est particulièrement étonnant dans les Cévennes, rappelant qu'elles ont connu des périodes de surpopulation avec les productions tout à la fois des mines et de la soie.
Le semis est également assez dense en Margeride, hors des secteurs de montagne. C'est particulièrement vrai en Margeride occidentale, qui bénéficie d'infrastructures importantes (RN 106 et aujourd'hui A 75, chemin de fer) favorisant le développement de Saint-Chély-d'Apcher et d'Aumont-Aubrac. Ce secteur de Margeride profite également de petites plaines fertiles, anciens fossés d'effondrement comblés par les sédiments lacustres du Tertiaire et les alluvions du Quaternaire, formant des petites limagnes, à l'origine du développement de Saint-Alban-sur-Limagnole et le Malzieu-Ville.


Les ruines

Le semis sur la carte peut toutefois tromper. Il ne donne pas d'indication sur le taux d'occupation réel de ce bâti. La réalité de l'occupation humaine dans les Cévennes n'est pas proportionnel au semis rouge que laisse apparaître la carte : combien de ruines dans tous ces points ? Au rythme de 112 exploitations agricoles qui ferment chaque année en Lozère, on estime à 448 le nombre de bâtiments qui perdent leur fonction d'exploitations annuellement. Sans compter l'ensemble des bâtiments abandonnés par les exploitations en place faute de leur adaptation aux besoins contemporains : les mas caussenards trop bas pour laisser entrer les tracteurs, les fermes margeridiennes trop petites pour la stabulation hivernale des bêtes, . Se pose ainsi un enjeu fort sur le devenir de l'architecture traditionnelle en Lozère.


Les villes dans les plaines fertiles

Mende vue depuis le Causse de Mende
Marvejols
Langogne
Florac

En Lozère, territoire montagneux à la fois peu à même de nourrir sa population et difficilement relié au reste du territoire, les villes ne se sont vraiment développées que dans les bassins cultivables, aux sols plus profonds, aux terres plus vastes, et surtout autour des gués des axes interrégionaux facilitant les échanges et les déplacements. La carte met bien en évidence le cour plus urbain du département, autour du Lot et de ses affluents, de Mende à la Canourgue, en passant par Chanac, Marvejols, Saint-Germain-du-Teil : terres plus fertiles, climat moins rigoureux, dessertes plus faciles, notamment par la RN 88. A l'extrême est, Langogne bénéficie aussi d'une situation favorable pour les échanges, avec plaine cultivable et franchissement aisé de l'Allier.


Les sites bâtis

Castelbouc, rasant les murs des gorges du Tarn

Est-ce le fait que la pression d'urbanisation est faible ? Toujours est-il qu'il ne semble pas y avoir beaucoup d'études sur les sites bâtis en Lozère. Le regard se concentre vite sur l'architecture, pas beaucoup sur l'urbanisme, la forme urbaine, sa relation au territoire. On connaît ainsi mal la typologie des sites bâtis en Lozère. Les sites spectaculaires sont certes moins nombreux que dans les plaines et garrigues languedociennes. Ici on s'abrite des vents froids sans trop s'exposer. Pourtant les contraintes de reliefs ont généré parfois des sites intéressants. Les sites bâtis remarquables les plus connus sont ceux de la vallée du Tarn touristique, où les contraintes sont telles que le moindre bâti a dû s'adapter parfois de façon étonnante.
Mais hors des situations exceptionnelles, chaque implantation dans le paysage n'est jamais le fruit du hasard : l'orientation par rapport au vent et au soleil, la position par rapport aux terres cultivables, aux terres de parcours, aux secteurs humides, à la route, au bâti déjà en place, contribuent à dicter les choix d'implantation d'un bâti nouveau. Des réflexions paysagères manquent parfois, notamment pour l'implantation des bâtiments agricoles nouveaux, et pour l'extension de l'urbanisation, dans un cadre réglementaire contraignant et parfois contradictoire avec les logiques fondatrices du paysage.


Les villes et villages des plaines en fonds de vallées

Les villes en Lozère sont toujours liées à la présence de plaines larges formées par les vallées, propices au développement urbain par la place disponible, par le passage des infrastructures et, jusqu'à une époque récente, par l'énergie hydraulique offerte et par la place nécessaire à l'agriculture de proximité, en charge de nourrir la population urbaine.

A une échelle moindre, de nombreux villages de fond de vallée sont obligés, avec le développement, de grimper sur des pentes de plus en plus fortes (le Rozier, la Canourgue, Banassac) ou d'éloigner l'urbanisation récente du centre pour profiter de sites moins contraignants (Meyrueis).

Dans les Cévennes, l'urbanisation a parfois pris des formes particulières dues à la densité de population ancienne dans des fonds de vallées schisteuses en V guère généreuses en espaces plats: villes en longueur, denses, aux maisons hautes, la hauteur des maisons étant en outre héritée de l'élevage du ver à soie, organisé dans un étage supplémentaire spécialement prévu à cet effet.


Les villages des croupes sur les pentes fortes

Lorsque les fonds de vallées sont trop étroits, les villages profitent des croupes qui les séparent pour s'implanter, en contrebas des reliefs les plus élevés qui les abritent : c'est le cas pour certains villages des Cévennes, pour ceux des boraldes, pour ceux des vallées plus marquées de la Margeride comme la Truyère, l'Ance, le Chapeauroux, le Grandrieu.


Les villages des plis de terrain sur les plateaux

Sur les plateaux de Margeride, d'Aubrac et des grands causses, les villages s'abritent souvent des vents les plus froids en se positionnant dans les plis de terrain, cherchant le plus souvent l'exposition au sud/sud-est.


Les villages perchés défensifs

Beaucoup de villages sont perchés pour des raisons historiques défensives, colonisant préférentiellement les versants sud de l'éperon sur lequel ils s'implantent (Châteauneuf-de-Randon, Grèzes, .)

Les industries et l'eau

Pour les industries, c'est l'eau qui a longtemps cristallisé les implantations. La quasi totalité des établissements agro-alimentaires ou textiles ont été implantés au bord de l'une des 4 ou 5 rivières aménageables du département : Allier, Colagne, Lot, Tarn, Truyère.
L'activité textile, qui fut largement dominante dans le département, a particulièrement contribué à modeler le paysage de l'eau à partir du XIXe siècle. Le développement des métiers à tisser mécaniques conduit à passer de l'artisanat domestique à l'activité industrielle ; de nombreuses roues à aubes, certaines de plus de 6 m de hauteur, sont animées par le grand béal, le canal de dérivation, aménagé notamment à Marvejols, à la Canourgue, au Monastier. Et au textile s'ajoutent les tanneries et les mégisseries, les moulins et les scieries pour aménager les bords de rivières.


Les industries et le chemin de fer

Les infrastructures ferroviaires et routières ont pris le relais pour attirer le développement.
Le chemin de fer a favorisé le développement des industries d'expédition liées au secteur primaire :

  • autour des deux grands axes nord-sud : Nîmes-Paris par Langogne, Béziers-Paris par Marvejols
  • autour de la laison transversale la Bastide-le Monastier, qui dessert Mende
  • autour du CFD, le Chemin de fer départemental aujourd'hui disparu, de Sainte-Cécile-d'Andorge à Florac.
Les industries du bois sont ainsi installées à Langogne, Aumont-Aubrac, Chasseradès, Saint-Privat-de-Vallongue (col de Jalcreste) ; l'agroalimentaire s'installe à Langogne avec les abattoirs ; les usines de préparation du minerai, construites entre 1900 et 1950, restent également à moins de 2 kilomètres d'une voie ferrée : à Allenc, Barjac, le Collet de Dèze, Mas-d'Orcières, . L'usine de fabrication des métaux de Saint-Chély-d'Apcher est également desservie par embranchement ferroviaire.


Les zones d'activités et l'A75

Zone d'activités collée à l'A75 vers Aumont-Aubrac

Avec la toute puissance du camion pour le transport aujourd'hui, l'autoroute A75 avec sa dizaine d'échangeurs cristallise à ses abords les projets de développement de zones d'activités, comme en témoigne la carte du Conseil général : 16 zones d'activités économiques proches de l'A75, soit la moitié des zones d'activités du département.
Reste à ne pas réduire l'image de la Lozère aux seules vitrines somme toute terriblement banales des activités qui souhaitent éclore et se faire voir juste au bord de l'autoroute .
Un enjeu de taille pour un département qui affirme que « chacun agit ici en bon gestionnaire car chacun sait que le paysage est le principal patrimoine économique de la Lozère et que sa force d'attraction est proportionnelle à sa qualité » (brochure Conseil Général 2003).


Le paysage de la route

Le paysage élégant de la route à Cassagnas
Murets de protection de qualité en accompagnement de la RN 106 vers le Collet de Dèze

Dans un pays montagneux et riche de situations géologiques diverses, les conditions sont réunies pour faire des routes des ouvrages précieux qui contribuent à dessiner les paysages de Lozère. C'est d'autant plus vrai qu'une bonne part des déplacements et de la découverte de la Lozère s'opère par la route, même si le réseau dense des chemins offre bien d'autres possibilités. La mise en scène des vues, leur préservation par maîtrise du développement des arbres, les points d'arrêts, mais surtout la qualité paysagère des dispositifs d'accompagnement : bas-côtés, talus, murs de soutènements, fossés, protections, arbres d'alignement., jouent un rôle clef dans l'appréciation des paysages Lozériens.

 


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