Atlas des paysages - Diren Languedoc-Roussillon
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> Les fondements des paysages

I. Fondements géographiques et historiques

  1. 1. Les paysages et les reliefs
  2. 2. Les paysages et la géologie
  3. 3. Les paysages et l’eau
  4. 4. Les paysages et la couverture végétale
  5. 5. Les paysages et l’espace agricole
  6. 6. Les paysages, l’urbanisation et les infrastructures
  7. 7. Les paysages et l’architecture

II/ Fondements culturels
Aperçu sur les représentations des paysages de la Lozère

  1. Introduction
  2. 1. Les affreux pays, sauvages et incultes, des montagnes Lozériennes
  3. 2. La valeur des contrastes entre hauteurs incultes et vallées cultivées
  4. 3. La valeur des paysages travaillés par l’homme
  5. 4. La naissance du pittoresque et du tourisme
  6. 5. Les immensités Lozériennes, comme un océan
  7. 6. Une valeur paysagère liée à celle de l’écologie
  8. 7. Des paysages ouverts et perchés dans le ciel : la dimension mystique des paysages de Lozère
  9. 8. Les disgrâces de l’évolution contemporaine
> Les fondements des paysages de la Lozère

I. Fondements géographiques et historiques des paysages de la Lozère

4. Les paysages et la couverture végétale


De vastes surfaces boisées

Imbrication feuillus et résineux sur les pentes du Bougès

Les forêts couvrent 232 300 hectares, soit 45% de la surface du département. C'est beaucoup plus que la moyenne nationale (25%) et même régionale (33%). La surface forestière continue à croître, gagnant environ 500 hectares par an. Les conifères représentent 70% des surfaces boisées. Leur dominance traduit assez bien celle du climat montagnard, mais aussi celle d'une relative sécheresse sous influence méditerranéenne et sur sols filtrants. Leur présence a aussi largement été favorisée pour la reconquête récente des pentes érodées lors des travaux de replantations pour la fixation des sols.

Mais l'orientation sud des pentes cévenoles, et la capacité des sombres sols schisteux à capter la chaleur, permet de diversifier la palette avec des espèces plus méditerranéennes (chênes pubescents, chênes verts) qui atteignent par endroits 1 000 m d'altitude et qui côtoient alors de façon surprenante et merveilleuse de contrastes des paysages aux accents subalpins.

Le mélange fin des feuillus et des résineux offre par endroits de beaux paysages forestiers, particulièrement riches à l'automne : sur les pentes de l'Aigoual, au fond des gorges de la Jonte, où les ambiances prennent de belles connotations de forêts nord-américaines.

A l'inverse les boisements résineux monospécifiques et denses, notamment sur les causses, offrent des ambiances pauvres, assez incongrues et durcissant les paysages.

La répartition de la surface boisée est très irrégulière sur le département : elle traduit la force plus ou moins grande de l'emprise humaine sur les milieux.

Des horizons vides d'arbres

Les étendues immenses de l'Aubrac, royaume de l'élevage
Les hauteurs dégagées du Mont Lozère

Les grands espaces vides de forêts sur la carte sont ceux où l'élevage est dynamique et intensivement pratiqué :

  • sur l'Aubrac, avec l'élevage bovin de la Salers,
  • sur le Mont Lozère également pour l'élevage bovin, qui a succédé à celui des ovins,
  • sur les grands causses enfin dans leur partie orientale incluse dans le périmètre du Parc National des Cévennes.

Des boisements denses

Petites trouées habitées et agricoles dans les grands pans verts du manteau boisé des Cévennes ; ici la Vallée Française

Ailleurs les boisements denses trahissent l'abandon par les hommes des secteurs les plus rudes ou les plus raides :

  • les Cévennes offrent les paysages les plus boisés du département, ne laissant que de petites trouées liées au derniers mas « résistants » sur les pentes ou des coulées d'espaces ouverts dans les étroits fonds de vallées ;
  • la montagne de la Margeride, les pentes de l'Aigoual reconquises par les replantations opérées par Fabre, certaines pentes du Mont Lozère, couvertes de hêtraies anciennes, le massif du Mercoire, les pentes de la montagne du Goulet, les pentes raides de la vallée du Lot et de ses affluents, portent également de grandes forêts ;

Les parties occidentales des grands causses, et d'autres petits causses comme celui de Mende, portent des forêts issues de reboisements en pins noirs d'Autriche dominants, ou spontanées par abandon des parcours.


Le mouchetis de la Margeride

Paysage de la Margeride vers Sainte-Eulalie, où l'agriculture se concentre sur les espaces les plus faciles à mécaniser, laissant les pentes à la conquête forestière

Sur la carte, le mouchetis des bois en Margeride, hors massifs montagneux de la Montagne ou du Mercoire, traduit la concentration des activités agricoles sur le terres les plus facilement mécanisables, pour la production notamment de prairies permanentes ; les autres espaces, anciennement cultivés à la main ou parcourus par les troupeaux ovins des communes ou issus de la transhumance, sont laissées à l'abandon ou sous-utilisés, progressivement colonisées par les bois, pin sylvestre en tête.


Le roi pin sylvestre

Pins sylvestres en Margeride, près de Chauvets
Sous-bois à myrtilles sous les pins sylvestres, dans la forêt domaniale du Bougès
Sous-bois de pins aménagé pour le public dans la vallée de l'Alignon

Le pin sylvestre est actuellement le roi des arbres de la Lozère : à lui seul il couvre 42% des surfaces boisées ! En soi, il s'agit d'une espèce attrayante : coloré et plutôt gai, avec son feuillage vert bleuté et son tronc saumonné, il forme des peuplements assez ouverts, aux lisières souples et progressives ; il laisse passer la lumière, offrant des sous-bois diversifiés et clairs, agréables à parcourir, qui peuvent être pâturés, et qui abritent des espèces consommables de champignons, myrtilles, . Ecologiquement, paysagèrement, économiquement, sa présence est donc bien plus valorisante que la moyenne de ses comparses résineux.

Toutefois, il est assez déroutant de le rencontrer presque partout du nord au sud et de l'est à l'ouest, aussi bien en Margeride que sur les Causses, dans des paysages aussi puissamment différents. Il y a là un véritable risque de banalisation et d'unification des paysages Lozériens.

Son omniprésence est certes liée à la plasticité écologique de l'espèce, capable de s'adapter aussi bien à des substrats calcaires qu'à des sols acides, frugal, extrêmement résistant au froid comme à la sécheresse.

Mais elle trahit aussi la déprise de l'homme sur son environnement : espèce pionnière, avide de lumière, c'est le pin sylvestre qui, dans la situation climatique et pédologique de la Lozère, profite le mieux des espaces abandonnés par les cultures ou les troupeaux pour les conquérir.
De là sa présence forte aussi bien en Margeride, largement vidée de ses habitants au cours du XXe siècle, que sur les causses, où l'élevage ovin a lâché prise hors des espaces inclus dans le Parc national des Cévennes et soutenus économiquement.

La plasticité de l'espèce et la déprise ne sont pas seules à expliquer la dominance du pin sylvestre. En Lozère, le pin sylvestre a aussi longtemps été favorisé par les hommes : moins, curieusement, pour les besoins forestiers, que pour les besoins. agricoles.
En Margeride notamment, les sols pauvres et peu productifs, vite épuisés par les cultures pourtant vitales du seigle, ont conduit à développer un assolement seigle-pin sylvestre bien particulier, qui associait l'élevage ovin pour la fumure. Le schéma ci-dessous l'explique.

(schéma)

C'est en bonne partie ce mode particulier de mise en valeur des sols qui explique l'agréable impression de fondu-enchaîné entre espaces ouverts et espaces boisés offert en Margeride. Les rudes et sombres lisières découpées à la serpe ne font heureusement pas partie des paysages margeridiens.

Si l'évolution naturelle se poursuit, la place du pin sylvestre devrait progressivement se réduire. Espèce pionnière et de lumière, le pin sylvestre en boisement abrite en sous-bois des jeunes semis de hêtres et de sapins bien plus tolérants à l'ombre que ses propres rejetons. Hêtres et sapins devraient donc lentement reconquérir leur place prééminente perdue, en se substituant au pin.

 


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