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I. Fondements géographiques et historiques
II/ Fondements culturels
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> Les fondements des paysages de la Lozère I. Fondements géographiques et historiques des paysages de la Lozère4. Les paysages et la couverture végétale
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Imbrication feuillus et résineux sur les pentes du Bougès |
Les forêts couvrent 232 300 hectares, soit 45%
de la surface du département. C'est beaucoup plus que la
moyenne nationale (25%) et même régionale (33%). La surface
forestière continue à croître, gagnant environ 500
hectares par an. Les conifères représentent 70% des surfaces
boisées. Leur dominance traduit assez bien celle du climat montagnard,
mais aussi celle d'une relative sécheresse sous influence
méditerranéenne et sur sols filtrants. Leur présence
a aussi largement été favorisée pour la reconquête
récente des pentes érodées lors des travaux de replantations
pour la fixation des sols.
Mais l'orientation sud des pentes cévenoles, et la capacité
des sombres sols schisteux à capter la chaleur, permet de diversifier
la palette avec des espèces plus méditerranéennes
(chênes pubescents, chênes verts) qui atteignent par endroits
1 000 m d'altitude et qui côtoient alors de façon surprenante
et merveilleuse de contrastes des paysages aux accents subalpins.
Le mélange fin des feuillus et des résineux offre par endroits de beaux paysages forestiers, particulièrement riches à l'automne : sur les pentes de l'Aigoual, au fond des gorges de la Jonte, où les ambiances prennent de belles connotations de forêts nord-américaines.
A l'inverse les boisements résineux monospécifiques et denses, notamment sur les causses, offrent des ambiances pauvres, assez incongrues et durcissant les paysages.
La répartition de la surface boisée est
très irrégulière sur le département : elle
traduit la force plus ou moins grande de l'emprise humaine sur les
milieux.
Les étendues immenses de l'Aubrac, royaume de l'élevage | |
Les hauteurs dégagées du Mont Lozère |
Les grands espaces vides de forêts sur la carte sont ceux où l'élevage est dynamique et intensivement pratiqué :
Petites trouées habitées et agricoles dans les grands pans verts du manteau boisé des Cévennes ; ici la Vallée Française |
Ailleurs les boisements denses trahissent l'abandon par les hommes des secteurs les plus rudes ou les plus raides :
Paysage de la Margeride vers Sainte-Eulalie, où l'agriculture se concentre sur les espaces les plus faciles à mécaniser, laissant les pentes à la conquête forestière |
Sur la carte, le mouchetis des bois en Margeride, hors massifs montagneux de la Montagne ou du Mercoire, traduit la concentration des activités agricoles sur le terres les plus facilement mécanisables, pour la production notamment de prairies permanentes ; les autres espaces, anciennement cultivés à la main ou parcourus par les troupeaux ovins des communes ou issus de la transhumance, sont laissées à l'abandon ou sous-utilisés, progressivement colonisées par les bois, pin sylvestre en tête.
Pins sylvestres en Margeride, près de Chauvets | |
Sous-bois à myrtilles sous les pins sylvestres, dans la forêt domaniale du Bougès | |
Sous-bois de pins aménagé pour le public dans la vallée de l'Alignon |
Le pin sylvestre est actuellement le roi des arbres de la Lozère : à lui seul il couvre 42% des surfaces boisées ! En soi, il s'agit d'une espèce attrayante : coloré et plutôt gai, avec son feuillage vert bleuté et son tronc saumonné, il forme des peuplements assez ouverts, aux lisières souples et progressives ; il laisse passer la lumière, offrant des sous-bois diversifiés et clairs, agréables à parcourir, qui peuvent être pâturés, et qui abritent des espèces consommables de champignons, myrtilles, . Ecologiquement, paysagèrement, économiquement, sa présence est donc bien plus valorisante que la moyenne de ses comparses résineux.
Toutefois, il est assez déroutant de le rencontrer presque partout du nord au sud et de l'est à l'ouest, aussi bien en Margeride que sur les Causses, dans des paysages aussi puissamment différents. Il y a là un véritable risque de banalisation et d'unification des paysages Lozériens.
Son omniprésence est certes liée à la plasticité écologique de l'espèce, capable de s'adapter aussi bien à des substrats calcaires qu'à des sols acides, frugal, extrêmement résistant au froid comme à la sécheresse.
Mais elle trahit aussi la déprise de l'homme
sur son environnement : espèce pionnière, avide de lumière,
c'est le pin sylvestre qui, dans la situation climatique et pédologique
de la Lozère, profite le mieux des espaces abandonnés par
les cultures ou les troupeaux pour les conquérir.
De là sa présence forte aussi bien en Margeride, largement
vidée de ses habitants au cours du XXe siècle, que sur les
causses, où l'élevage ovin a lâché prise
hors des espaces inclus dans le Parc national des Cévennes et soutenus
économiquement.
La plasticité de l'espèce et la déprise
ne sont pas seules à expliquer la dominance du pin sylvestre. En
Lozère, le pin sylvestre a aussi longtemps été favorisé
par les hommes : moins, curieusement, pour les besoins forestiers, que
pour les besoins. agricoles.
En Margeride notamment, les sols pauvres et peu productifs, vite épuisés
par les cultures pourtant vitales du seigle, ont conduit à développer
un assolement seigle-pin sylvestre bien particulier, qui associait l'élevage
ovin pour la fumure. Le schéma ci-dessous l'explique.
(schéma)
C'est en bonne partie ce mode particulier de mise en valeur des sols qui explique l'agréable impression de fondu-enchaîné entre espaces ouverts et espaces boisés offert en Margeride. Les rudes et sombres lisières découpées à la serpe ne font heureusement pas partie des paysages margeridiens.
Si l'évolution naturelle se poursuit, la place du pin sylvestre devrait progressivement se réduire. Espèce pionnière et de lumière, le pin sylvestre en boisement abrite en sous-bois des jeunes semis de hêtres et de sapins bien plus tolérants à l'ombre que ses propres rejetons. Hêtres et sapins devraient donc lentement reconquérir leur place prééminente perdue, en se substituant au pin.
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