Atlas des paysages - Diren Languedoc-Roussillon
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> Les fondements des paysages

I. Fondements géographiques et historiques

  1. 1. Les paysages et les reliefs
  2. 2. Les paysages et la géologie
  3. 3. Les paysages et l’eau
  4. 4. Les paysages et la couverture végétale
  5. 5. Les paysages et l’espace agricole
  6. 6. Les paysages, l’urbanisation et les infrastructures
  7. 7. Les paysages et l’architecture

II/ Fondements culturels
Aperçu sur les représentations des paysages de la Lozère

  1. Introduction
  2. 1. Les affreux pays, sauvages et incultes, des montagnes Lozériennes
  3. 2. La valeur des contrastes entre hauteurs incultes et vallées cultivées
  4. 3. La valeur des paysages travaillés par l’homme
  5. 4. La naissance du pittoresque et du tourisme
  6. 5. Les immensités Lozériennes, comme un océan
  7. 6. Une valeur paysagère liée à celle de l’écologie
  8. 7. Des paysages ouverts et perchés dans le ciel : la dimension mystique des paysages de Lozère
  9. 8. Les disgrâces de l’évolution contemporaine
> Les fondements des paysages de la Lozère

I. Fondements géographiques et historiques des paysages de la Lozère

2. Les paysages et la géologie

Les quatre substrats principaux de la Lozère

La géologie joue un rôle absolument majeur pour la compréhension des paysages Lozériens. Le département a la chance de rassembler en son sein des formations géologiques très diverses, des plus anciens micaschistes métamorphiques hérités de l'ère primaire aux plus récents dépôts glaciaires du Quaternaire, en passant par les granites magmatiques et les calcaires sédimentaires. En ce sens, elle forme un livre ouvert sur des centaines de millions d'années d'histoire, et offre un vrai trésor de paysages géologiques.

La carte fait apparaître les quatre substrats fondamentaux du département :

  • la masse granitique de la Margeride au nord,
  • les grandes pentes schisteuses des Cévennes au sud-est, trouées par les masses granitiques dominantes du Mont Lozère, des flancs nord du Bougès et de l'Aigoual;
  • les grandes masses de calcaire hérités des mers du Secondaire au sud-ouest, constitutifs des causses et des gorges
  • les basaltes de l'Aubrac, plus ou moins couverts de dépôts glaciaires de l'ère Quaternaire.

L'ensemble se rencontre au cour du département le long de la vallée du Lot, avec les calcaires plus anciens des avants-causses, les schistes des boraldes en contrebas de l'Aubrac, les granites du rebord sud de la Margeride et du rebord ouest du mont Lozère, auxquels s'ajoutent les grès rouges près de La Canourgue.


Un socle géologique qui s'offre volontiers au regard dans le paysage

Affleurement de schistes sur les contreforts du Bougès
Falaises calcaires des gorges du Tarn au lieu-dit « les Détroits »
Blocs de granite sur les pentes orientales du Mont Lozère
Un bloc de granite mis à nu par le jeu de l'érosion : le tor ; ici sur les pentes du Mont Lozère
Champs de pierre calcaire sur le Causse Méjean
Les prismes étonnamment réguliers du basalte de l'Aubrac dans le fond du ruisseau de la Pleches

Bien souvent, l'oil n'a pas besoin d'être très affûté pour percevoir le socle géologique : il s'affiche partout dans le département et marque tous les types de paysages :

  • les schistes en feuillets et en plaques brillent d'une lumière sombre dans les pentes cévenoles ;
  • le granite troue la peau des pâtures et des prairies, partout où il peut, en Margeride comme sur les sommets de l'Aigoual et du Mont Lozère ; il forme même parfois d'étonnantes silhouettes de rochers arrondis comme posés sur le sol : ce sont les tors ; ailleurs il compose de véritables chaos d'énormes rochers, issus d'éboulements : les roncs, encore appelés rancs ;
  • en prisme régulier, le basalte dessine comme d'étranges chaussées pavées dans les lits des ruisseauxs de l'Aubrac ; entaillés par les rivières, il offre des paysages sombres et hérissés, comme ceux des gorges du Bès.
  • Quant aux calcaires, blancs ou jaunes, ils éclairent les gorges profondes du Tarn et de la Jonte ou couronnent les rebords des vallées.


Géologie et formes du paysage

Les formes arrondies des « collines » de Margeride associées aux fonds plats des vallées trahissent la présence du socle granitique
L'empilement de calcaires, grès, schistes et granites vers Barre-des-Cévennes
Les schistes métamorphiques constituent les roches les plus anciennes
Les granites, remontés du magma, ont été mis à nus par l'érosion
Les grès et les calcaires coiffent l'ensemble et correspondent aux résidus de dépôts sédimentaires des mers du Secondaire, non encore éliminés par l'érosion.


Pour qui sait lire attentivement le paysage, c'est un véritable bonheur que de parcourir le département en tentant de deviner, par la forme même du relief, la nature du socle sous-jacent : ici cette croupe aux formes arrondie trahit le granite ; là des pentes raides et des fonds de vallées en V : c'est le schiste ; là au loin ce relief étrangement tabulaire : il est fait de calcaire ; et ce fond de vallée bien aplani, c'est à nouveau le paysage du granite : il se délite en sables, les arènes, qui viennent napper les fonds de vallées.
La géologie explique les formes même du paysage Lozérien.

Les grands pans de falaises, facilement visibles en bien des points du territoire, racontent l'histoire géologique complexe et longue, avec son lot de pièges, dû au jeu des failles ou des poussées magmatiques qui ont inversé l'ordre sage de l'empilement mis à nu par l'érosion : les calcaires secondaires qui coiffent les schistes (vallée du Tarnon) ; les schistes qui coiffent le granite ; ici le granite qui domine à l'inverse le schiste ; là, plus étonnant, le granite et le schiste qui dominent le calcaire (rebord nord de la vallée du Lot sous l'Aubrac et la Margeride).

Géologie et agriculture

Une petite doline dans les causses

Dans ces hautes terres d'altitude, où le climat est rude et les sols très superficiels, le socle géologique influe plus largement qu'ailleurs sur les conditions de mise en valeur des terres, et sur les paysages ainsi composés. On ne se défait pas facilement d'un substrat qui impose ses caprices. Il faut ruser avec, s'organiser, l'adapter et s'adapter, et cette relation entre l'homme et le socle explique largement les paysages agricoles tels qu'on les perçoit.

  • dans l'Aubrac, les basaltes sont plus favorables à la croissance de l'herbe qu'en Margeride : par la meilleure rétention d'eau qu'ils assurent : ce qui explique la mise en valeur ancienne de l'Aubrac pour l'élevage bovin, grâce aux prairies permanentes qui dominent largement l'occupation du sol ; le socle est également favorable à la présence de tourbières, et même de lacs glaciaires, les seuls lacs naturels de Lozère ;

  • en Margeride, la nature pauvres des sols hérités du granite a obligé à concentrer les cultures sur les terrains les plus favorables, en bas de pentes, dans les dépressions, où les sols sont plus profonds et sur les replats plus facilement mécanisables ; le reste du territoire, aux pentes fortes ou trop caillouteuses, ont été laissées aux landes pour les parcours et la forêt. Les transitions douces entre forêts et espaces ouverts sont largement dû à l'ancien système d'assolement pins sylvestres- seigle nécessaire pour ne pas épuiser les sols (voir « les paysages et la forêt ») ;

  • sur les causses, les sols calcaires très filtrants, incapables de retenir les sols, expliquent la mise en valeur dominante par l'élevage ovin. Les légères dépressions, où s'accumule l'argile de décarbonatation, offrent les seules espaces cultivables, formant des loupes cultivées étonnantes appelées cloups, sotchs ou dolines au milieu des sèches pelouses herbacées ;

  • dans les fortes pentes cévenoles, l'omniprésence du schiste a conduit à l'édification de milliers de kilomètres de bancels, ces murets de soutènement permettant de former d'étroites terrasses, les faïsses, pour cultiver la terre lorsqu'elles devait nourrir une population nombreuse.


Une architecture traditionnelle qui révèle la diversité géologique

Mélange étonnant de calcaire et schiste au Pompidou : un secteur de contact entre les pentes schisteuses cévenoles et la can de l'Hospitalet, lambeau de causse non encore déblayé par l'érosion.
Incrustation de blocs de basalte dans le granite à Chaulhac : la présence des sols volcaniques de l'Auvergne s'annonce, au contact de la Margeride


La diversité géologique de la Lozère ne se mesure pas qu'aux émergences naturelles qui marquent partout les paysages. On l'apprécie aussi en admirant les usages que les hommes ont fait de la pierre, développé dans le chapitre « Les paysages et l'architecture ». Les mélanges de matériaux révèlent toujours les zones de contact entre roches-mères de différentes natures.


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