> Les fondements
des paysages
I. Fondements géographiques et historiques
- 1. Les paysages et les reliefs
- 2. Les paysages et la géologie
- 3. Les paysages et l’eau
- 4. Les paysages et la couverture
végétale
- 5. Les paysages et l’espace
agricole
- 6. Les paysages, l’urbanisation
et les infrastructures
- 7. Les paysages et l’architecture
II/ Fondements culturels Aperçu sur les représentations des paysages de la Lozère
- Introduction
- 1. Les affreux pays, sauvages et incultes, des montagnes Lozériennes
- 2. La valeur des contrastes entre hauteurs incultes et vallées cultivées
- 3. La valeur des paysages travaillés par l’homme
- 4. La naissance du pittoresque et du tourisme
- 5. Les immensités Lozériennes, comme un océan
- 6. Une valeur paysagère liée à celle de l’écologie
- 7. Des paysages ouverts et perchés dans le ciel : la dimension mystique des paysages de Lozère
- 8. Les disgrâces de l’évolution contemporaine
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> Les fondements
des paysages de la Lozère
II/ Fondements culturels
Aperçu sur les représentations
des paysages de la Lozère
Introduction
Du fait de leur aspect montagneux, les paysages de la Lozère
ont longtemps été considérés comme « affreux
», « laids » ou « tristes » notamment en raison
de leur caractère inculte et marqué par les roches partout
apparentes. Ce regard perdurera longtemps, jusqu’au XIXe siècle,
plus longtemps que dans les Alpes ou les Pyrénées, où
les reliefs plus vigoureux deviennent « sublimes » à partir
de la fin du XVIIIe siècle. En Lozère, les paysages des hauteurs
aplanies de l’Aubrac, de la Margeride, des Causses, du Mont Lozère,
resteront longtemps jugées négativement. En contrepoint, les
paysages des basses pentes et des vallées sont perçus comme
«pittoresques », « gracieux » ou « charmants
».
Dans ce registre, les Cévennes suscitent unanimement une admiration
toute particulière grâce à l’extraordinaire travail
des hommes, terrassant, irriguant et cultivant une nature à l’origine
« stérile ». Le regard se cristallise ainsi sur le paysage
« humanisé », d’autant plus admirable qu’il
porte l’empreinte du travail de l’homme.
Au cours du XIXe siècle, le regard change sur la
Lozère, notamment grâce à la naissance du tourisme, qui
focalise essentiellement l’attention des visiteurs sur les gorges «
pittoresques » qui entaillent les causses. C’est à cette
époque que la route des gorges du Tarn est créée, spécifiquement
pour la découverte touristique.
La valeur des paysages Lozériens est notamment largement divulguée
par les explorations et publications de E.A. Martel, spéléologue,
inventeur du pays des Causses. En 1890, il publie un beau livre de 400 pages
sur la région, «les Cévennes », qui contribue de
façon déterminante à la reconnaissance touristique de
la Lozère. D’après l’ouvrage « Dire les Cévennes,
mille ans de témoignages » (sous la direction de Patrick Cabanel,
Presses du Languedoc 1994), « on peut affirmer à présent
que 1890 fut une année marquante dans l’histoire contemporaine
de l’ensemble Causses-Cévennes, en relevant le mouvement de
curiosité vers ces régions que suscita la publication de ce
livre ainsi que la profonde influence qu’il exerça sur l’éveil
de vocations régionales, à commencer par celle de Paul Arnal
».
Paul Arnal, pasteur de Florac, fonde en effet en 1894 le
Club Cévenol, dont la revue « Causses et Cévennes »
existe encore aujourd’hui.
Au cours du XXe siècle, la valeur pittoresque et
touristique de la Lozère va se développer, mais une autre valeur
émerge sous la plume de grands écrivains (André Chamson,
Julien Gracq, …) : celle toute particulière de l’espace
lozérien, l’immensité des hauteurs ; des hauteurs douces,
aplanies, qui se laissent longtemps parcourir ; et ce contact avec le ciel
prend des accents mystiques, devient une valeur presque spirituelle ; à
tout le moins une valeur d’évasion, de ressourcement et d’authenticité
aux yeux d’une population française et européenne devenue
essentiellement urbaine.
A l’aube du XXIe siècle, le regard est largement
formaté par les publications touristiques et les présentoirs
de cartes postales. Mais des visions plus perçantes se font jour,
comme celles de Renaud Camus, dénonçant les débuts de
banalisation du paysage Lozérien, faute d’une prise en compte
réelle dans les opérations d’aménagement malgré
les beaux discours.
Les citations ci-dessous illustrent cette évolution
culturelle du rapport des hommes aux paysages Lozériens.
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