> Les fondements
des paysages : sommaire
I. Fondements géographiques et historiques
- 1. Les paysages et les reliefs
- 2. Les paysages et la géologie
- 3. Les paysages et l’eau
- 4. Les paysages et la couverture
boisée
- 5. Les paysages et l’espace
agricole
- 6. Les paysages, l’urbanisation
et les infrastructures
II. Fondements culturels :
Aperçu sur les représentations des paysages du Gard
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> Les fondements des
paysages du Gard
II/ Fondements culturels
Aperçu sur les représentations
des paysages du Gard
La Camargue
Terre incertaine, difficilement praticable, porteuse de
maladie, la Camargue a longtemps été perçue comme un
pays à transformer et à mettre en valeur, non comme un paysage
digne d’attention en soi : par le drainage, les digues, les mises en
culture, la création de ports, voire de stations balnéaires.
C’est la science de l’écologie qui a apporté ses
lettres de noblesses aux milieux, puis aux paysages de la Camargue.
« S’il y a des lieux dans lesquels les paysages,
les ambiances, les odeurs, les formes, les couleurs et les sons nous dépaysent
au point de gommer tous nos repères, les sansouires en font immanquablement
partie. (…) Les sansouires sont des lieux exceptionnels. Elles sont
à visiter presque religieusement. Chaque saison, chaque heure du jour
sont un changement de décor. Après l’orage, la lumière
semble sortir du sol et les petites imperfections de l’horizon disparaissent
dans les vapeurs ou les mirages. (…) Pour ressentir la Camargue, il
faut visiter les sansouires. »
Michel Huet,
la Camargue, ed. Glénat, 2000.
Nourrie par des symboles de liberté et de nature
faits de gardians, de tsiganes, de chevaux blancs, de taureaux noirs et de
flamants roses, la Camargue porte aujourd’hui une image mythique, éloignée
parfois de la réalité sensible.
Dans les descriptions, il reste l’incertitude même
de ces paysages, où les ciels, les eaux et les terres se mêlent,
prenant d’autant plus de valeur dans la luminosité vive et nette
qui y règne : comparée aux autres zones humides en France, plus
brumeuses, c’est une des particularités de la Camargue d’associer
ainsi, paradoxalement, l’incertitude et la netteté dans ses paysages
lumineux de marais :
Saint-John Perse évoque le pays de
« ces grandes lignes calmes qui s’en vont à des bleuissements
de vignes improbables ».
Alain Albaric « le dépouillement
du ciel et des eaux, l’extase éphémère. Transparences
bleues, tendresses roses du soir, silence ébloui où traîne
le cri déchiré des goélands, comme la voix navrée
d’un instant trop fragile, d’une grâce trop fugitive ».
« Mer sans amer idéale fil d’horizon
couleur d’espace
Franges de batiste, effiloches d’écheveaux, là-haut ;
là-bas blancs accents circonflexes sur chantefable
D’outremer complice d’abysses glauques.
Ciel et feu. Soleil dissous que délave l’azur
L’ombre fonce, l’osmose s’attarde.
L’écume s’étire, s’évase, s’achève
et se compose
Fausse anarchie, métamorphose, l’écume danse jour et
nuit
Un bonheur s’éclaire dans un éclair de lune »
Emond Reboul
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