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> Les fondements des paysages : sommaire I. Fondements géographiques et historiques
II. Fondements culturels :
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> Les fondements des paysages du Gard I/ Fondements géographiques
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Mer | Crétacé inférieur | |||
Holocène | Jurassique | |||
Pleistocène moyen | Trias | |||
Pliocène | Permien | |||
Miocène | Stéphanien | |||
Oligocène | Schiste | |||
Eocène | Gneiss | |||
Crétacé supérieur | Granite |
La carte de la géologie simplifiée du Gard
souligne les particularités morphologiques évoquées
avec la carte des reliefs :
- le calcaire Jurassique des Causses se distingue nettement des pentes
schisteuses (vert bouteille), granitiques (rouge framboise) et gneissiques
(rouge vermillon) des Cévennes ;
- le calcaire Crétacé compose l’essentiel du monde
des Garrigues ;
- les dépôts du Pliocène, du Pléistocène
et de l’Holocène tapissent les grandes plaines du sud du
département, Costière et Camargue, ainsi que la vallée
du Rhône à l’est.
Elle permet de mettre en évidence certaines particularités de paysage :
- c’est bien la morphologie qui distingue le monde
des pentes Cévenoles de celui des garrigues, et non, comme on pourrait
s’y attendre, la distinction géologique schistes/calcaires.
En effet, les pentes cévenoles schisteuses se prolongent par une
bordure calcaire ancienne, essentiellement d’âge Jurassique
(en bleu roi sur la carte), avant de mourir dans les plaines des garrigues
;
- la carte géologique met bien en évidence le fossé
d’Alès, faille comblée par les dépôts
Oligocènes (jaune vif sur la carte), à la jointure des pentes
Cévenoles et des plateaux crétacés des Garrigues
;
- la carte permet de mieux comprendre certaines différences de
paysage dans le massif Crétacé qui forme l’essentiel
des Garrigues (en vert franc sur la carte) : les pentes de la vallée
de la Cèze, autour de Bagnols-sur-Cèze, dessinent des paysages
des pentes, différents des plateaux des Garrigues du fait des calcaires
plus tendres du Crétacé supérieur (en vert clair)
que les calcaires Urgoniens durs du Crétacé inférieur
: haute vallée de la Cèze, pentes de la vallée de
la Cèze autour de Saint-Maurice-de-Carreiret, massif forestier
de Valbonne ;
- les dépôts éocènes, oligocènes et
miocènes, nappent les plaines qui s’immiscent dans les Garrigues
à la faveur des effondrements du massif calcaire Urgonien du Crétacé
inférieur : plaine du Gardon autour de Saint-Chaptes et plaine
qui relie la vallée du Gardon et celle du Vidourle entre Dions
et Sommières, et qu’emprunte aujourd’hui la RD 22.
Le sous-sol géologique apparaît souvent dans les paysages du Gard, à la faveur des falaises naturelles ou des cultures comme la vigne, qui mettent parfois à nu la roche mère.
Les paysages « géologiques » des Cévennes et des Causses
La montagne offre des paysages de roches spectaculaires
et contrastés, entre les hautes parois de calcaire blanc des gorges
qui scient les Causses, et les pentes Cévenoles raides aux émergences
schisteuses noires, grises ou rouille, qui brillent parfois d’éclats
sombres à la faveur de lames et de paillettes de mica. Entre les
deux apparaît le granit, aux tons plutôt chauds,et qui se
délite en arènes, formant des sols d’aspect par endroits
sableux.
Les constructions Cévenoles révèlent mieux encore
la géologie en place que les émergences naturelles : feuilletage
sombre des murs de schistes qui font les bancels et les murs des maisons,
lauzes des toits , moellons des murs de granit, …
Les paysages « géologiques » des Garrigues
Si les Cévennes offrent des variations de sols finalement importantes, entre les granits, les schistes, les gneiss et les calcaires jurassiques de sa bordure méridionale, les Garrigues offrent également une diversité de leur sous-sol et de leurs sols, qui ne se limite pas qu’à un calcaire. Les barres gréseuses rouges marquent le paysage de La Bruguière, de Pougnadoresse et de La Bastide d’Engras, tout comme ceux de La Capelle et Masmolène. Les calcaires eux-mêmes prennent des formes, des textures et des couleurs très variables, et c’est l’habitat traditionnel qui révèle le mieux cette diversité : calcaire jaune dense et tendre, à gros grains, dit « pierre du Pont du Gard » extraite à Vers, calcaire blanc, dur et finement cassé en lames des plateaux de garrigues, calcaire blond d’Uzès, plus jaune ailleurs, plus gris encore ailleurs, calcaire dur et très blanc de Tavel, … : la diversité est extrême et fait une part de la valeur des paysages du Gard.
Comme le sous-sol, les sols marquent également le paysage, à la faveur notamment de la culture de la vigne qui les maintient à nu, ou des labours. Les plus spectaculaires sont les sols de galets issus des dépôts anciens du Rhône sur les terrasses proches du fleuve : de couleur le plus souvent orangée, ils tapissent entièrement le sol. Leur nature très drainante favorise la vigne, qui seule résiste aux semaines entières sans eau grâce à son puissant réseau racinaire. On les trouve en masse aussi bien vers Roquemaure que vers Montfrin, en passant par Domazan. Ils tapissent également une bonne part de la Costière, plaine née du passage ancien du Rhône, qui y a semé ses cailloux, et qu’on appelle localement le gress.
Non moins spectaculaires sont les sols blancs purs du valat de Tavel, tapissés de cailloux calcaires immaculés, issus de la gélifraction, et dont la blancheur est encore magnifiée par les contorsions noires des ceps de vigne soigneusement cultivés sur ces sols très drainants.
Lorsque les loess recouvrent les anciens dépôts alluviaux du Rhône, le paysage prend une dominante jaune beige très particulière, notamment vers Théziers, Aramon, Domazan, Fournès. A Fournès même, les Fosses de Fournès créent un étrange paysage ruiniforme, dues aux marnes fossilifères du Pliocène mises à nu, exploitées par une tuilerie.
Au sud de Nîmes, autour de Garons, des sols rouge sombre et riches marquent le paysage : ce sont des sols fersiallitiques, rubéfiés, élaborés au dépens de la matrice argilo-sableuse et de loess.
Dans la garrigue, l’accumulation d’argile crée parfois des paysages complètement inattendus lorsque l’eau, piégée, ne trouve pas d’exutoire : c’est le cas de l’étang de la Capelle, miracle d’eau sur un plateau de garrigue. C’était aussi le cas de l’étang de Pujaut, avant qu’il soit artificiellement drainé par les moines au Moyen-Age pour être mis en culture. L’accumulation d’argile accompagnée d’une décalcification de surface, laisse parfois le châtaignier prospérer, présence inattendue d’une espèces calcifuge dans le monde calcaire de la Garrigue. Enfin cette argile a donné lieu à un développement de l’artisanat de la poterie, dont Saint-Quentin-la-Poterie est aujourd’hui la « capitale », et qui transparaît aujourd’hui de façon moins lisible dans les « oules » de Saint-Victor-les-Oules.
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