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> Les fondements des paysages : sommaire I. Fondements géographiques et historiques
II. Fondements culturels :
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> Les fondements des paysages du Gard I/ Fondements géographiques
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Les Garrigues présentent des paysages agricoles diversifiés,
dont l’aspect parfois imbriqué, combiné, génère
des paysages jardinés de très grande valeur. C’est le
cas notamment dans la vallée du Vidourle (les collines du Vidourle),
ainsi que dans les petites plaines de l’Uzège : la vigne se mêle
à l’olivier et aux céréales dans une trilogie méditerranéenne
antique. Mais les vergers enrichissent encore largement la palette : cerisiers,
pêchers, abricotiers, sont encore présents. Au cours des dernières
années, c’est surtout l’olivier qui a reconquis des terres,
à la faveur des vertus redécouvertes de la cuisine à
l’huile d’olive : une véritable renaissance après
les destructions massives du gel de 1956 ( à Collias, par exemple :
20 000 oliviers en 1929, 3 500 en 1967). La valeur des paysages agricoles
est rehaussée par les silhouettes des villages, le plus souvent posés
à la jointure de la plaine et des coteaux de la garrigue et par les
constructions agricoles traditionnelles : murs et murets de pierre sèche,
et, plus ponctuellement sous forme de vestiges : capitelles.
Dans les plaines des Garrigues, l’occupation agricole des terres donne
toute sa valeur aux structures végétales arborées qui
dessinent parfois de façon remarquable le paysage cultivé :
- plantations d’alignement en accompagnement des routes, qui agrémentent
superbement encore quelques parcours dans le département, notamment
dans l’Uzège, ainsi que beaucoup d’entrées de villes
ou de villages ;
- arbres isolés, qui suffisent parfois à magnifier le paysage
agricole : ici la flèche droite et sombre d’un cyprès,
là la silhouette large d’un chêne vert, là encore
le dôme puissant d’un pin parasol.
Le basculement des Garrigues sur la plaine du Rhône offre une multitude de terroirs d’autant plus favorables à la culture de la vigne que le transport du vin a longtemps pu être assuré par la voie fluviale. La culture de la vigne est aujourd’hui valorisée par des appellations AOC : Côtes du Rhône méridionales, Tavel et Lirac. Les belles pentes viticoles qui s’ouvrent largement sur le Rhône dessinent des paysages parfois remarquables, comme ceux du terroir de Tavel : un vallat à l’amont du village, dont les pentes sont couvertes de cailloutis d’un blanc éclatant, résultant de l’ancienne gélifraction des calcaires ; les ceps de vigne y dessinent des contorsions noires et quelques bouquets d’arbres accompagnent les parcelles ; à Roquemaure, la culture de la vigne met cette fois à nu des sols orange, constitués entièrement de galets anciennement déposés par le Rhône, tout comme vers Domazan, plus à l’intérieur des terres, dont les vins rouges sont toujours d’appellation Côtes du Rhône. Les paysages du vignoble Rhôdanien sont aujourd’hui fragilisés par la pression du développement : passage des lignes à haute tension issues du centre électrique de Tavel, passage des infrastructures comme l’A9, poussées urbaines sous forme de lotissements et de maisons individuelles.
Lorsqu’elles échappent à l’urbanisation diffuse liée à la pression du développement, les plaines cultivées de la vallée du Rhône dessinent par endroits des paysages très soignés, agençant cultures, vergers et haies brise-vent. C’est notamment le cas de la plaine rhôdanienne des Angles, au pied du village du même nom et face à Avignon, quadrillée par de hautes haies de peupliers.
La
Costière, ancienne haute terrasse du Rhône, est couverte
de cailloutis à galets siliceux, le gress, très drainant
et naturellement guère favorable à d’autres cultures
que la vigne. Le vin produit bénéficie de l’appellation
contrôlée des Costières du Gard, qui concerne 24 communes
du Gard et 2 de l’Hérault.
Comparée aux autres plaines de la région, la Costière
échappe pourtant à la vague de la vigne qui couvre tout
l’espace cultivé. C’est à Pujaut, à quelques
kilomètres seulement, que le Phylloxéra a commencé
à détruire le vignoble, en 1863. Il y fit d’autant
plus de ravages qu’on ne savait pas encore le combattre, provoquant
par la suite une moindre densification de la vigne. Lorsque l’irrigation
de la plaine de la Costière a été amorcée
par la CNABRL, la diversification des cultures a été mieux
accueillie qu’ailleurs. En trente ans, de spectaculaires «
inversions » de paysage se sont opérées, passant d’un
paysage de culture sèche à un paysage irrigué de
cultures maraîchères et de grands vergers. Désormais,
fruits et légumes font du gard un des tous premiers producteurs
de France.. A Nîmes, Conserve France est une des trois premières
entreprises nationales de conserves de fruits et légumes et n°1
dans le sud de la France.
En Camargue, l’intensification de l’agriculture a généré la création d’une plaine agro-industrielle entre Saint-Gilles et Beaucaire, appauvrie en structures végétales. Le riz est la culture la plus originale du secteur, rendue possible par une gestion complexe de l’eau (voir « Les paysages et l’eau »). Elle s’est développée en Camargue au XVIe siècle pour mettre en valeur les zones inondables. Elle se développe après 1870 et l’endiguement du Rhône : il faut irriguer pour dessaler les terres. Le riz devient une composante majeure de l’économie Camarguaise à partir de 1950, après les pénuries dues à la Seconde Guerre Mondiale. En 1964, 32 500 hectares de rizières se répartissaient sur l’ensemble de la basse vallée du Rhône. Après une relative période d’abandon jusqu’en 1981 (on lui préfère la culture du blé), la culture est ensuite remontée jusqu’à 25 000 ha en 1995, dont 15 000 ha sur le territoire du Parc Naturel Régional.
Les arbres se cristallisent aujourd’hui autour des mas et le long du Petit Rhône. L’ouverture du paysage donne d’autant plus de prix à ces structures végétales encore existantes : ripisylve du Petit Rhône, haies brise-vent qui protègent les vergers plantés grâce aux travaux d’irrigation entrepris par la CNABRL, non loin de Saint-Gilles, silhouettes amples et généreuses des pins parasols qui accompagnent les domaines agricoles et viticoles, notamment autour d’Aigues-Mortes, …
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