Atlas des paysages - Diren Languedoc-Roussillon
Introduction à l'Atlas des paysages Plan du site Recherche multi-critères Lexique Contacts Aide et mode d'emploi
Fondements des paysages Organisation des paysages Unités de paysage Enjeux majeurs
 

> Les fondements des paysages : sommaire

I. Fondements géographiques et historiques

  1. 1. Les paysages et les reliefs
  2. 2. Les paysages et la géologie
  3. 3. Les paysages et l’eau
  4. 4. Les paysages et la couverture boisée
  5. 5. Les paysages et l’espace agricole
  6. 6. Les paysages, l’urbanisation et les infrastructures

II. Fondements culturels :
Aperçu sur les représentations des paysages du Gard

> Les fondements des paysages du Gard

I/ Fondements géographiques
et historiques

5. Les paysages et l’espace agricole

Les paysages agricoles des Cévennes

Les pentes Cévenoles et les cultures

Fruitiers sur terrasses à Bédousses, près d'AujacL’extraordinaire sculpture des pentes cévenoles en terrasses, que l’on appelle banquettes ou bancels, est l’indice le plus évident d’une emprise agricole autrefois très forte dans les Cévennes. Mais en guère plus de 100 ans, cette agriculture a vécu un déclin implacable : la couverture boisée Cévenole aujourd’hui presque omniprésente, grignotant les terrasses, refermant les horizons, en témoigne. La carte des cultures montre la faible emprise spatiale de l’agriculture aujourd’hui. Diminution puis disparition de l’élevage du ver à soie après la Deuxième Guerre Mondiale, fermeture progressive des industries locales de textile, dégradation et régression de la châtaigneraie, mévente des produits du verger, sédentarisation et régression de l’élevage ovin, extension des friches : autant de bouleversements qui vont radicalement transformer les paysages.
Aujourd’hui une économie alternative se met peu à peu en place, dynamisée par l’arrivée en Cévennes de nouveaux habitants installés de façon saisonnière ou permanente : les « néo-ruraux ». Elle se traduit par une reconquête progressive d’espaces par une très grande diversité de petites productions :
- l’arboriculture fruitière développe les pommes, les pêches et bien sûr les châtaignes ; la pomme « Reinette du Vigan » s’étend aujourd’hui en bordure de rivières, sur 150 ha de vergers irrigués ; dans le Gard, 200 producteurs de châtaignes développent de nouvelles variétés ;
- les produits maraîchers concernent en particulier la « Rayolette », un oignon doux de grande qualité et à bonne valeur ajoutée, qui reconquiert, sous l’impulsion d’une coopérative dynamique, des terrasses de fonds de vallées ;
- il faut y ajouter la production de fleurs, de plantes aromatiques et médicinales, de champignons cultivés, de petits fruits rouges (fraises, framboises, …), l’élevage de poissons, de sangliers, d’escargots, etc.

Cette timide redynamisation agricole est liée au tourisme, notamment au « tourisme vert », qui permet aux agriculteurs de compléter leurs revenus par la création de gîtes ruraux, de chambres d’hôte, de campings à la ferme, de fermes-auberges, etc, qui s’ajoutent aux campings et aux centres d’accueil.

Les hautes terres Cévenoles et l’élevage

Les hautes terres Cévenoles ont connu des bouleversements aussi importants. A la fin du XIXe siècle, les hauteurs étaient occupées par des grands domaines qui cultivaient peu, exploitaient en fermage des bovins et des chevaux et accueillaient l’été les grands troupeaux de transhumants.. Plus bas autour des villages, les terres communes couvraient d’immenses surfaces d’altitude qui servaient à de petites exploitations et aux transhumants languedociens.
En une cinquantaine d’années, la transformation a été radicale, promue par la création de périmètres RTM (restauration des terrains en montagne), l’étatisation des sols et les reboisements massifs. Les hautes terres se sont ainsi vidées de leurs habitants. Les transhumants ovins ont cédé la place aux éleveurs sédentaires de bovins sur le mont Lozère (ainsi qu’en Margeride et en Aubrac). Mais ils se sont mieux maintenus sur l’Aigoual et le Lingas, aidés par la Parc National des Cévennes : les effectifs ovins n’y ont perdu « que » 30 % de leurs effectifs sur les quarante dernières années.

Les Causses et leurs pelouses

Pelouses et cultures sur le causse BlandasLa mer lumineuse des Causses, où le vent fait s’irriser les pelouses, est l’héritage de l’élevage du mouton, qui fut roi sur ces hautes terres aplanies. Aujourd’hui la moindre emprise des troupeaux se lit ici aussi dans le paysage, avec le mouchetis des buis et des genévriers qui gagne les étendues ouvertes, et avec les bois de pins noirs « qui recouvrent leur éclat d’un manteau de tristesse, occultent l’horizon et chassent bêtes et plantes de leurs sous-bois sinistres » (Paysages des Cévennes, sous la direction de Anne Rivière-Honegger, 1995). Le nombre moindre des moutons n’est pas seul en cause ; les modes d’élevage contribuent à appauvrir les parcours : les bergers en moins grand nombre parquent leurs troupeaux ; les moutons y consomment les herbes les plus tendres avant qu’elles n’aient le temps de fleurir et fructifier, tandis que, hors enclos, les autres ont le temps de durcir et de n’être bientôt plus comestibles.
Les cultures sur les Causses se concentrent dans les dépressions ou dolines, soulignant la morphologie souple et subtile des étendues Caussenardes.

Les plaines-jardins des Garrigues

Plaine cultivée de la Bastide-d'Engras
Oliveraie dans la vallée de Vacquières

Les Garrigues présentent des paysages agricoles diversifiés, dont l’aspect parfois imbriqué, combiné, génère des paysages jardinés de très grande valeur. C’est le cas notamment dans la vallée du Vidourle (les collines du Vidourle), ainsi que dans les petites plaines de l’Uzège : la vigne se mêle à l’olivier et aux céréales dans une trilogie méditerranéenne antique. Mais les vergers enrichissent encore largement la palette : cerisiers, pêchers, abricotiers, sont encore présents. Au cours des dernières années, c’est surtout l’olivier qui a reconquis des terres, à la faveur des vertus redécouvertes de la cuisine à l’huile d’olive : une véritable renaissance après les destructions massives du gel de 1956 ( à Collias, par exemple : 20 000 oliviers en 1929, 3 500 en 1967). La valeur des paysages agricoles est rehaussée par les silhouettes des villages, le plus souvent posés à la jointure de la plaine et des coteaux de la garrigue et par les constructions agricoles traditionnelles : murs et murets de pierre sèche, et, plus ponctuellement sous forme de vestiges : capitelles.
Dans les plaines des Garrigues, l’occupation agricole des terres donne toute sa valeur aux structures végétales arborées qui dessinent parfois de façon remarquable le paysage cultivé :
- plantations d’alignement en accompagnement des routes, qui agrémentent superbement encore quelques parcours dans le département, notamment dans l’Uzège, ainsi que beaucoup d’entrées de villes ou de villages ;
- arbres isolés, qui suffisent parfois à magnifier le paysage agricole : ici la flèche droite et sombre d’un cyprès, là la silhouette large d’un chêne vert, là encore le dôme puissant d’un pin parasol.

Les paysages viticoles et agricoles du Rhône

Plaine viticole de LiracLe basculement des Garrigues sur la plaine du Rhône offre une multitude de terroirs d’autant plus favorables à la culture de la vigne que le transport du vin a longtemps pu être assuré par la voie fluviale. La culture de la vigne est aujourd’hui valorisée par des appellations AOC : Côtes du Rhône méridionales, Tavel et Lirac. Les belles pentes viticoles qui s’ouvrent largement sur le Rhône dessinent des paysages parfois remarquables, comme ceux du terroir de Tavel : un vallat à l’amont du village, dont les pentes sont couvertes de cailloutis d’un blanc éclatant, résultant de l’ancienne gélifraction des calcaires ; les ceps de vigne y dessinent des contorsions noires et quelques bouquets d’arbres accompagnent les parcelles ; à Roquemaure, la culture de la vigne met cette fois à nu des sols orange, constitués entièrement de galets anciennement déposés par le Rhône, tout comme vers Domazan, plus à l’intérieur des terres, dont les vins rouges sont toujours d’appellation Côtes du Rhône. Les paysages du vignoble Rhôdanien sont aujourd’hui fragilisés par la pression du développement : passage des lignes à haute tension issues du centre électrique de Tavel, passage des infrastructures comme l’A9, poussées urbaines sous forme de lotissements et de maisons individuelles.

Lorsqu’elles échappent à l’urbanisation diffuse liée à la pression du développement, les plaines cultivées de la vallée du Rhône dessinent par endroits des paysages très soignés, agençant cultures, vergers et haies brise-vent. C’est notamment le cas de la plaine rhôdanienne des Angles, au pied du village du même nom et face à Avignon, quadrillée par de hautes haies de peupliers.

La Costière, grande plaine aux cultures plus diversifiées qu’ailleurs dans la région

Plaine viticole de RodilhanLa Costière, ancienne haute terrasse du Rhône, est couverte de cailloutis à galets siliceux, le gress, très drainant et naturellement guère favorable à d’autres cultures que la vigne. Le vin produit bénéficie de l’appellation contrôlée des Costières du Gard, qui concerne 24 communes du Gard et 2 de l’Hérault.
Comparée aux autres plaines de la région, la Costière échappe pourtant à la vague de la vigne qui couvre tout l’espace cultivé. C’est à Pujaut, à quelques kilomètres seulement, que le Phylloxéra a commencé à détruire le vignoble, en 1863. Il y fit d’autant plus de ravages qu’on ne savait pas encore le combattre, provoquant par la suite une moindre densification de la vigne. Lorsque l’irrigation de la plaine de la Costière a été amorcée par la CNABRL, la diversification des cultures a été mieux accueillie qu’ailleurs. En trente ans, de spectaculaires « inversions » de paysage se sont opérées, passant d’un paysage de culture sèche à un paysage irrigué de cultures maraîchères et de grands vergers. Désormais, fruits et légumes font du gard un des tous premiers producteurs de France.. A Nîmes, Conserve France est une des trois premières entreprises nationales de conserves de fruits et légumes et n°1 dans le sud de la France.

La Camargue et l’emprise agricole

Plaine cultivée au Sud de BeaucaireEn Camargue, l’intensification de l’agriculture a généré la création d’une plaine agro-industrielle entre Saint-Gilles et Beaucaire, appauvrie en structures végétales. Le riz est la culture la plus originale du secteur, rendue possible par une gestion complexe de l’eau (voir « Les paysages et l’eau »). Elle s’est développée en Camargue au XVIe siècle pour mettre en valeur les zones inondables. Elle se développe après 1870 et l’endiguement du Rhône : il faut irriguer pour dessaler les terres. Le riz devient une composante majeure de l’économie Camarguaise à partir de 1950, après les pénuries dues à la Seconde Guerre Mondiale. En 1964, 32 500 hectares de rizières se répartissaient sur l’ensemble de la basse vallée du Rhône. Après une relative période d’abandon jusqu’en 1981 (on lui préfère la culture du blé), la culture est ensuite remontée jusqu’à 25 000 ha en 1995, dont 15 000 ha sur le territoire du Parc Naturel Régional.

Les arbres se cristallisent aujourd’hui autour des mas et le long du Petit Rhône. L’ouverture du paysage donne d’autant plus de prix à ces structures végétales encore existantes : ripisylve du Petit Rhône, haies brise-vent qui protègent les vergers plantés grâce aux travaux d’irrigation entrepris par la CNABRL, non loin de Saint-Gilles, silhouettes amples et généreuses des pins parasols qui accompagnent les domaines agricoles et viticoles, notamment autour d’Aigues-Mortes, …

Retour en haut de page


Retour en haut de page

Fondements des paysages | Organisation des paysages | Unités de paysage | Enjeux majeurs

Dreal Languedoc-Roussillon - Agence Folléa-Gautier, paysagistes-urbanistes
Ne pas reproduire sans autorisation