Atlas des paysages - Diren Languedoc-Roussillon
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> Synthèse régionale

Introduction

  • Vers une politique renforcée en matière de paysage

1/ Synthèse régionale sur l’organisation des paysages :
le théâtre régional

  • Aperçu général des paysages : le théâtre régional

2/ Synthèse régionale sur les enjeux :
vers des objectifs de qualité paysagère

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2/ Synthèse régionale sur les enjeux :
vers des objectifs de qualité paysagère

Les objectifs possibles pour les contreforts

1. Reconnaître et préserver les paysages agricoles remarquables des piémonts

Paysage du synclinal du Fenouillèdes : vignes, collines ondulées et horizons des crêtes rocheuses calcaires Les vignes soulignent le fond de la vallée du Verdouble Les pentes sud des avants-monts, grands paysages de coteaux remarquables Les paysages du Saint-Chinianais, imbrication étroite et remarquable des petites plaines et petits coteaux. Ici au sud de Saint-Chinian
Le piémont du causse du Larzac vers Saint-Privat, paysage remarquable Les coteaux et piémonts, sites privilégiés pour les routes-paysage. Ici une route en balcon dans les pentes sud des avants-monts, vers Cabrerolles La plaine de Puivert-Nébias située au pied du rebord du plateau de Sault, remarquable toile de fond boisée Le paysage agricole bocager de grande qualité près de Saint-Etienne-de-Valdonnez. Les pentes boisées du causse de Sauveterre ferment l'horizon au fond ; à droite les contreforts du Truc de Balduc
Vallée de la Vixiège (Piège) : des haies d'arbres animent le fond plat cultivé Paysage vallonné mêlant la vigne, les champs labourés et les bosquets de feuillus ; ici vers Fanjeaux (Razès) Vignes, champs labourés et bosquets de feuillus vers Arzens (massif de la Malepère) Vigne et lac du Salagou
Etonnant mélange de paysage caussenard (calcaires, buis) et de lande (fougère aigle, rousse à cette saison automnale) : l'Escandorgue      

A l’interface des montagnes et des plaines, les contreforts déroulés à travers le Languedoc-Roussillon apparaissent riches de sites et paysages remarquables qui participent à la qualité du territoire régional.
Certains peuvent être reconnus mais beaucoup restent quelque peu à l’ombre des sites phares qu’ils recèlent ou qu’ils bordent, naturels ou culturels et à caractère touristique (châteaux, gorges, grottes, ...).

Tous ces paysages sont le fruit d’une rencontre entre une situation topographique ou géologique particulière et une activité agricole qui la révèle, la souligne et la met en valeur :

  1. des formes de reliefs inhabituelles : vives collines de la Piège, ondulations du Razès, synclinal spectaculaire du Fenouillèdes, croupes du Cabardès et cuestas calcaires en piémont, plaine perchée de Puivert-Nébias, pâturages perchés de Bouisse, labyrinthe des collines corbiéroises, plaine incisée du Val de Dagne ;
  2. des roches et des sols originaux : ruffes du Salagou, basaltes de l’Escandorgue et calcaires des causses au contact les uns des autres ;
  3. des activités agricoles créatrices et gestionnaires de paysages remarquables : vignes Corbiéroises, pâturages de Bouisse ou du Cabardès, cultures mêlées du Razès, ...

Cette rencontre des reliefs et de l’agriculture favorise les ouvertures visuelles et les panoramas sur les montagnes ou les plaines et la présence de structures végétales qui affinent le dessin du paysage.

Entrée de village banalisée par la multiplication des aménagements routiers ; ici à Tautavel Lignes électriques barrant le synclinal du Fenouillèdes ; ici au niveau de Quéribus Problème d’urbanisation d’activités à Saint-Chinian Les éoliennes autour de Fitou

Aujourd’hui, les protections en place concernent principalement ces sites, renvoyant le risque de dynamiques mal contrôlées dans les paysages plus vastes de ces contreforts pourtant remarquables, notamment dans les espaces cultivés et habités.

Outre des dispositions de préservations à définir, une solide charte paysagère assortie d’un programme de financement d’actions mérite de se concrétiser pour mieux maîtriser les processus d’évolutions en cours problématiques ou à risques :

  1. fragilité économique des espaces viticoles, friches et risques d’urbanisation
  2. projets éoliens
  3. carrières
  4. entrées de villages
  5. aménagements routiers
  6. abords de bâtiments agricoles et d’activités.

 

2. Organiser le paysage des moyennes vallées (Jaur, Orb, Aude, Têt, Tech)

Des caractéristiques et des enjeux communs

Rodès site bâti remarquable Le centre de Saint-Pons-de-Thomières La précieuse plaine agricole autour de Vinça dans le fond de la vallée de la Têt au pied du Canigou Les remparts de Villefranche-de-Conflent
Prats-de-Mollo : le bourg fortifié surplombé par le fort Lagarde Espéraza, dans la vallée de l’Aude : les fabriques de la chapellerie Quillan : les friches ferroviaires au centre de la ville et la vieille-ville au bord de l'Aude (à gauche)

Les moyennes vallées de l’Aude dans le département de l’Aude, du Jaur et de l’Orb dans l’Hérault, de la Têt et du Tech dans les Pyrénées-Orientales, présentent des caractéristiques similaires en constituant des traits d’union entre les territoires de la montagne et ceux de la plaine ; elles concentrent l’essentiel du développement des secteurs de contreforts : voies de circulations, villages et villes, mais aussi, vergers, vignes, prairies, etc. Pour l’ensemble des habitants du secteur, elles forment les « lignes de vie » presque uniques depuis que la montagne s’est en bonne partie vidée de ses habitants. Pour ceux qui viennent en promenade ou en tourisme, les vallées servent systématiquement de point de départ/arrivée. Par ailleurs elles cristallisent l’essentiel des bonnes terres facilement cultivables. Couloirs de communication depuis toujours, elles héritent d’un patrimoine urbain, industriel et militaire par endroits remarquables : sites bâtis remarquables des villages et des villes (Olargues, Saint-Pons-de-Thomières, Saint-Martin-d'Orb, Eus, Prats-de-Mollo, Rodès, …), forts (Lagarde et Libéria), anciennes usines (Quillan, Espéraza, Montazels, Ria, la Bastide (Olette), Arles-sur-Tech)

Dans tous les cas, les enjeux en termes de paysage apparaissent partagés et importants :

Un cadre de vie, mais aussi un couloir de flux qui rend par endroits difficile la cohabitation entre urbanisation et infrastructures :

Problème de dégradation des paysages des infrastructures : urbanisation linéaire le long de la route RD115 ; ici à Reynes (vallée du Tech) Problème d'urbanisation linéaire le long de la route RN116 à l'entrée de Prades Nuisance de la route RN116 au niveau des traversées des villages ; ici à Joncet RD 118 entre Espéraza et Couiza : banalisation du paysage, urbanisation linéaire entre les bourgs

En termes d’habitat, l’intensité des déplacements par la route dans les vallées génère des nuisances dans certaines situations, lorsque les villages sont étroitement inféodés à la route, mais aussi lorsque la route génère des coupures physiques infranchissables.
A l’inverse, en termes d’urbanisation commerciale, l’effet vitrine de la route génère une pression à ses abords qui se traduit par endroits par une banalisation « d’entrées de villes ».
Dans tous les cas, la commodité de desserte offerte par la route et les contraintes géographiques (reliefs et risques) conduisent à un allongement préoccupant de l’urbanisation qui prolonge les conflits et les risques de dégradation paysagère.

Un cadre de vie contraint, où l’espace agricole est fragile

Urbanisation au détriment de l'espace agricole dans la vallée de la Têt autour de Prades Concurrence de l'urbanisation sur l'espace agricole ; ici à Bouleternère Coteaux viticoles valorisant le site de Limoux

La rareté de l’espace confortable, échappant aux pentes trop fortes et aux zones à risques d’inondation ou de glissements de terrain, génère une forte concurrence entre les espaces agricoles, où se concentrent les meilleures terres et les plus facilement cultivables du secteur, les espaces de protection, l’urbanisation et les infrastructures.
Dans cette concurrence, les espaces agricoles sont facilement « perdants », fortement concurrencés par l'urbanisation qui s’ajoute à la déprise des terres les moins facilement accessibles et mécanisables. Pourtant le dynamisme économique est bien là (production fruitière).
Outre leur valeur économique, les espaces agricoles contribuent fortement à la valeur des paysages des vallées : en marquant les coupures d'urbanisation entre les différents bourgs, en offrant une image soignée et jardinée qui contraste avec l’espace de la montagne, en dégageant des vues remarquables, notamment sur la montagne et ses contreforts ou sur les sites bâtis remarquables des villages.

L’organisation paysagère des vallées

Le remarquable site bâti de Rabouillet dans la vallée de la Desix La vallée de la Têt La vallée du Tech Belvédère aménagé devant l'église de la Trinité dans le massif des Aspres
Cabane en pierres sèches ; ici dans la vallée de la Castellane Urbanisation récente implantée dans le lit majeur du Tech ; ici à Amélie-les-Bains Limoux : urbanisation en cours sur le coteau Quillan : friches industrielles et ferroviaires, un potentiel majeur au centre de la ville
Urbanisation diffuse dans la vallée de l’Orb autour de Bédarieux Urbanisation aux abords de Saint-Pons-de-Thomières Un exemple d’accès à un site touristique à revaloriser : l’accès aux gorges d’Héric. Toile de fond superbe et premier plan banal non maîtrisé : bas-côtés enfrichés, réseau aérien, urbanisation linéaire

Le cadre de vie particulier des vallées, à la fois étroit et long, contraint par les pentes et par les risques, tiraillé entre les logiques d’implantation et les logiques de flux, apparaît ainsi complexe à aménager harmonieusement. Dans cette situation, l’organisation paysagère et urbaine du développement dans les vallées apparaît essentielle, par exemple sous forme de charte ou plan de paysage, précisant les objectifs de qualité paysagère (au sens de la Convention européenne du paysage) et traductible dans les documents d’urbanisme :

  1. identification et protection stricte sur le long terme des espaces agricoles économiquement les plus riches, ou qui jouent le rôle d’espaces de respiration des fonds de vallée, en séparant les bourgs les uns des autres et en rythmant le parcours, ou encore qui présentent une grande qualité paysagère ;
  2. arrêt de l’urbanisation linéaire autour des voies de dessertes des vallées ;
  3. confortement des sites bâtis remarquables (présence marquante d’un village ou d’un bourg dans le grand paysage de la vallée) : reconnaissance des limites et capacités d’accueil, renforcement des centralités, valorisation des espaces publics, arrêt du mitage, …
  4. renforcement du rôle et des centralités des gares partout où c’est possible, en tenant compte des contraintes des sites d’implantation des gares ;
  5. requalification des traversées des villages et bourgs, des entrées ;
  6. valorisation de l’héritage industriel ou militiare : maturation de projet global avant tout aménagement ponctuel, mise en place d’installation ou d’événement pour gérer les friches dans le temps de « gestation », identification, préservation et réappropriation pour des besoins contemporains des éléments architecturaux et urbains font aujourd’hui patrimoine, maîtrise qualitative de la fréquentation touristique (parkings et cheminements, enseignes, …) 
  7. mise en valeur du patrimoine architectural urbain, industriel et militaire ;
  8. mise en valeur des bords de l'eau : valorisation des traversées urbaines des cours d'eau, gestion des ripisylves, aménagement de promenades et circulations douces, accessibilité des berges, notamment pour les usages de baignade ou pêche, identification et gestion du petit patrimoine ;
  9. valorisation paysagère et écologique des paysages des versants : gestion d’espaces ouverts et réhabilitation de terrasses dans les secteurs stratégiques pour le paysage (abords de villages, points de vue) ;
  10. Requalification de l’accueil du public des sites touristiques (accès, stationnement, etc) ;
  11. Repérage, identification et préservation aux documents d’urbanisme du « petit » patrimoine des vallées : murets, ponts et aqueducs, potagers, …

3. Préserver et gérer les grands espaces boisés et de nature des contreforts

Vastes étendues de chênes verts et chênes pubescents couvrant les versants du massif des Aspres Paysage agricole de terrasses autour de Caramany sur les coteaux de l'Agly Espaces agricoles ouverts autour du village ; ici Saint-Marsal dans le massif des Aspres Serralongue : espace ouvert autour du village au milieu des forêts du Vallespir
Le site bâti de Saint-Laurent-de-Cerdans isolé au milieu des boisements du Vallespir Fermeture des espaces autour des gorges de la Buèges et de l’Hérault Quelques restanques cultivées et les autres en friches, vers Saint-Jean-de-Buèges Pâtures gagnées par la forêt ; depuis le col de Taurize
Point de vue à revaloriser sur les gorges de l’Hérault depuis la RD 122 vers Frouzet Fermeture du paysage suite à l'abandon des terrasses cultivées ; ici à Corsavy dans le Vallespir Taillis de châtaigniers dans le Vallespir
Boisements de robiniers non valorisés économiquement dans le Vallespir Valorisation économique du bois dans la forêt de Boucheville

Dans les contreforts de la région, moins soumis à la pression urbaine, les vastes espaces de nature connaissent une progression souvent spectaculaire de la couverture boisée, essentiellement liée à l'exode rural, à l'abandon des terres les moins favorables aux cultures (pentes raides et sèches), à la diminution de l'élevage, aux opérations de reboisement visant à limiter l'érosion, ainsi qu'à une meilleure maîtrise des incendies. Ces « territoires de nature » occupent principalement l'étage intermédiaire des pentes, situées entre les plaines et la montagne et sont occupés majoritairement par la forêt arbustive méditerranéenne, en transition douce avec les espaces boisés de moyenne montagne.
La forêt arbustive méditerranéenne ne se limite pas au pays dit « des garrigues » étendu sur le Gard et l’Hérault. Que les formations végétales soient de garrigue ou de maquis, elles couvrent également les contreforts montagneux de la région, notamment les parties basses des massifs des Cévennes, de la Montagne Noire, des Aspres, du Fenouillèdes, des Corbières, du Conflent, du Vallespir et des Albères.
Comme dans le pays des garrigues, l'abandon du pastoralisme (ovins) entraîne un embroussaillement de ces espaces qui deviennent particulièrement sensibles aux incendies.
Plus en altitude, les accents méditerranéens se perdent progressivement sous l’influence de la montagne ; les châtaigniers et les résineux prennent la place des chênes verts. La forêt y est massivement présente et résulte à la fois de la baisse de population, de l’abandon des zones de parcours et de pâturages et de l'action humaine avec de nombreuses plantations réalisées dans le cadre de la restauration des terrains de montagne (RTM). Aujourd'hui, la part des boisements y progresse de manière naturelle, notamment par la colonisation des terres agricoles abandonnées.

Ces contreforts boisés sont porteurs d’enjeux communs liés notamment à leur sensibilité paysagère, à la gestion d’espaces ouverts clefs pour le paysage, ou à la reconnaissance et à la préservation du patrimoine de pays qui les animent.

Les principaux enjeux en matière de paysage sont :

  1. la gestion des boisements par leur valorisation économique (taillis de robiniers et châtaigniers dans les Cévennes et dans le Vallespir, chênes-lièges dans les Aspres et les Albères, résineux dans la Montagne Noire, le Capcir et la Cerdagne, pins sylvestres et hêtres dans la Margeride, …) : développement de la filière bois-énergie, encouragement aux reboisements mixtes plutôt que monospécifiques résineux, développement de la futaie jardinée, requalification écologique et paysagère des lisières, … ;
  2. la préservation des crêtes, nombreuses, qui découpent les pentes chahutées, et qui rendent sensibles ces collines déroulées autour des plaines en contrefort de la montagne ;
  3. la gestion agricole et paysagère des sites et abords des bourgs : c’est là en particulier que les activités agricoles méritent d’être développées, générant des espaces ouverts essentiels pour le cadre de vie des habitants, et redonnant vie aux structures marquantes des paysages. Plus globalement, ce sont toutes les activités génératrices de présence humaine et de gestion d’espaces qui sont aujourd’hui à promouvoir ;
  4. le maintien d’espaces ouverts dans les autres secteurs sensibles : abords des chemins de randonnées ; points de vues ; fonds de vallons, …) : encouragement au pastoralisme, aux cultures, au fauchage ;
  5. la prévention des risques incendie : création de coupures agricoles ;
  6. la diversification des milieux naturels et des paysages : landes, pelouses, boisements, valorisation écologique ou agricoles des friches ;
  7. la reconnaissance et la préservation des sites bâtis remarquables des villages et des mas ou fermes ;
  8. la préservation et la gestion des petites plaines et coteaux viticoles qui animent ces espaces naturels, où les champs, les pâtures et la vigne soulignent la topographie chahutée des reliefs, diversifient l’occupation des sols, animent les étendues naturelles et contrastent agréablement avec la végétation sèche qui la domine ;
  9. l'identification, la création et la gestion de points de vue, d'ouvertures visuelles.
  10. l'identification, la préservation et la gestion du patrimoine de pays : murets, terrasses, ouvrages hydrauliques, cabanes, ... Les paysages des contreforts sont largement valorisés par les traces multiples et obstinées des hommes pour les mettre en valeur, malgré une situation naturelle très contraignante. C’est bien la présence des hommes composant avec un milieu difficile qui donne du prix aux paysages. Ils sont marqués d’une multitude d’ouvrages qui donnent toutes leurs lettres de noblesse à ces paysages : les routes savamment ouvragées, les ponts des chemins et des routes, les viaducs de chemins de fer, les villages et les villes aux maisons tassées les unes contre les autres, les magnaneries, les sites miniers, les fermes, les cazelles, les cabanes, les masets, les calvaires, les alignements, les haies, les arbres isolés, les kilomètres de murs sculptant la montagne en restanques, en faïsses, en bancels, … : autant d’éléments précieux qui façonnent la personnalité des paysages des contreforts. Toutes les initiatives qui redonnent vie à ces éléments, qui les prolongent par des transformations, des réinventions ou des réhabilitations, méritent ainsi attention et soutien de la part des services publics.

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