Introduction
1/ Synthèse régionale sur l’organisation des paysages :
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> Synthèse régionale > 1/ Synthèse régionale sur l’organisation des paysages : le théâtre régional Partie 1/ Synthèse régionale sur l’organisation des paysages : le théâtre régionalAperçu général des paysages : le théâtre régionalLa région Languedoc-Roussillon a depuis longtemps été représentée par les géographes comme un théâtre ouvert sur la Méditerranée. C’est sans doute l’image la plus opportune pour rassembler dans une composition unique l’extrême diversité de paysages rencontrée d’est en ouest et du nord au sud. Le théâtre renvoie à la morphologie du territoire, composante majeure du paysage puisqu’elle organise physiquement à la fois l’espace et le regard que l’on porte dessus. Cette ampleur du théâtre, déroulée de zéro à 2921 m d’altitude (Carlit) et sur 50 à 150 km de profondeur, constitue très certainement une spécificité du Languedoc-Roussillon au sein des régions littorales de France. L’aspect du théâtre peut se retrouver hors région à l’échelle de sites (Marseille par exemple), mais pas à l’échelle d’un territoire régional ni même départemental. Le théâtre est bien la figure d’unité du Languedoc-Roussillon, même si, aux marges, loin à l’intérieur des plus hautes terres de Margeride, d’Aubrac, des causses, du plateau de Sault ou du Carlit, on puisse légitimement avoir le sentiment de tourner le dos à la Méditerranée : les pieds loin de la mer, mais la tête près du ciel. Six étages de paysages composent ainsi le théâtre : 1. A l’extrémité est, le Rhône et ses abords composent une marge étroite ouverte sur la vallée et la plaine du Comtat ; ils forment un premier ensemble qui ne peut se comprendre et s’interpréter qu’à l’échelle interrégionale, en lien avec le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône en région PACA. 1. Les bords du RhôneLes bords du Rhône ne concernent que le Gard en Languedoc-Roussillon. Ce rebord est du théâtre régional dessine des paysages complexes et riches, sculptés par le fleuve et ses affluents : plaines, terrasses, plateaux, coteaux, vallats et vallées se succèdent et s’imbriquent de l’aval à l’amont, pour former au total une douzaine de paysages distincts. Soumis à la pression du développement du sillon rhodanien, notamment d’Avignon, c’est l’urbanisation dans ces sites naturels et culturels de qualité qui est en jeu, ainsi que l’implantation des grands équipements industriels (centrale thermique EDF d’Aramon et usines pharmaceutiques, centre atomique de Marcoule, usines d’électro-métallurgie de l’Ardoise, projet abandonné de terminal méthanier à Beaucaire, …), et la relation à un fleuve aujourd’hui enfermé dans ses digues, dévalorisé en termes de paysage et de milieux (voir synthèse régionale sur les enjeux). Grands ensembles et unités de paysages des bords du Rhône :Pour l’ensemble de la synthèse régionale, les numéros des unités sont ceux adoptés dans chaque atlas départemental, précédés du numéro du département.
2. Les paysages du littoralDans ce théâtre régional, la scène est donc le Golfe du Lion, morceau de Méditerranée déroulé entre le delta du Rhône et le cap de Creus en Catalogne Sud. Le Languedoc- Roussillon s’inscrit ainsi dans la longue histoire de cette mer autour de laquelle sont nées les grandes civilisations et les trois religions du monde occidental. Peu profond, enrichi par les eaux douces des fleuves et battu par les vents qui remuent les fonds et enrichissent encore les eaux en plancton, le Golfe du Lion offre ici une mer poissonneuse ; Sète est l’un des premiers ports de pêche de la Méditerranée, et Port-Vendres, Agde et le Grau du Roi ont des flottes de pêche conséquentes. Aux premiers rangs du théâtre, en bordure de la scène maritime, se sont créés les paysages du littoral, façonnés par le vent, la terre et l’eau. Ils sont majoritairement constitués de sables déroulés en lidos, et de lagunes à sagnes ou à salicornes reliées à la mer par les graus. Ces conditions en font des lieux riches, en espèces de poissons, d’oiseaux et de végétation. Pendant très longtemps les étangs ont été utilisés pour la pêche, mais aussi pour le commerce : les marchandises étaient acheminées sur de grandes embarcations à fond plat, les « allèges » ; par cette mer intérieure, « la mer des Volques », les marchandises pouvaient aller en toute sécurité d’Agde à Aigues-Mortes, Maguelone, Melgueil (Mauguio), Lattes. Au XVIIe siècle, la création du port de Sète, des canaux « des deux mers » puis « du Rhône à Sète », amélioreront cette voie lagunaire.
Sur cette côte basse et sablonneuse, le Mont Saint- Clair à Sète, le Cap d’Agde, La Clape et le Cap Leucate sont les seuls promontoires qui peuvent offrir un abri au vent. Dans ces étendues mouvantes et incertaines, les hommes se sont longtemps concentrés sur le rare et miraculeux « point dur » offert par un vieux volcan essoufflé au bout de la chaîne de l’Escandorgue : Agde et son mont Saint-Loup, comptoir grec. A l’ouest, les autres ports grecs et phéniciens se sont placés hors des étendues lagunaires, nichant dans les anses rocheuses offertes par le massif des Albères : Port-Vendres, Collioure, Banyuls,....
Grands ensembles et unités de paysages du littoralLes lagunes constituent un premier grand ensemble de paysage : le littoral des étangs. A l’ouest, la plongée des Pyrénées directement au contact de la Méditerranée dessine une côte rocheuse découpée en caps et baies : le littoral rocheux des Albères, qui se prolonge en Catalogne. A l’est, l’arrivée du Rhône en mer a formé le vaste delta de la Camargue, dont le Gard couvre une part, l’autre s’étendant largement dans les Bouches-du-Rhône. Ce sont ainsi trois grands ensembles de paysages littoraux qui se distinguent aisément : la Camargue, le littoral des étangs et le littoral rocheux des Albères. Pour l’ensemble de la synthèse régionale, les numéros des unités sont ceux adoptés dans chaque atlas départemental précédés du numéro du département. La Camargue (Gard et Bouches-du-Rhône) :
Le littoral des étangs (Gard, Hérault, Aude, Pyrénées-Orientales) :
Le littoral rocheux des Albères (Pyrénées-Orientales et Catalogne)
3. Les paysages des grandes plainesLa deuxième rangée du théâtre, légèrement plus haute que les étendues littorales, est formée par les grandes plaines, étirées entre 0 et 80 m d’altitude ; cette fois il s’agit de terres fermes, suffisamment éloignées de la côte pour être sûres. Etirées de façon continue, opposant peu de contraintes topographiques, placées entre le littoral trop incertain et les reliefs des garrigues, des collines et de la montagne, trop marqués, les grandes plaines du Languedoc et du Roussillon reçoivent naturellement les infrastructures de transport et de déplacement reliant la région aux régions voisines. La via Domitia, sous l’empire romain, relie l’Italie à l’Espagne ; elle est aujourd’hui reprise par les routes nationales 113 et 9, par l’autoroute A9, par la ligne de chemin de fer (qui se permet même une étonnante escapade sur les zones humides littorales entre Narbonne et Port-la-Nouvelle), bientôt par le TGV. Aux marges sud de la région, là où la plaine littorale fait défaut par la plongée directe et remarquable des Albères dans la mer (côte Vermeille), l’autoroute a préféré le col de Perthus, et le TGV passera également à distance de la mer. Entre Massif Central et Pyrénées, le fleuve Aude a creusé dans le théâtre régional un couloir, vaste plaine reliant la région méditerranéenne au monde atlantique via Toulouse. Elle accueille la via Aquitania, et aujourd’hui la route nationale 113 et l’autoroute 61. Anciennes ou plus récentes, les villes se positionnent volontiers sur le rebord amont des plaines : Nîmes, Montpellier, Béziers, Narbonne sont précisément positionnées à l’interface des collines / garrigues et de la plaine. Enfin les grandes plaines offrent les meilleures terres pour l’agriculture et les plus faciles à cultiver, qu’elles soient sèches ou irriguées. La plaine Languedocienne, essentiellement viticole, est partiellement irriguée pour les fruits par l’irrigation de la CNABRL (Compagnie nationale d'aménagement du Bas-Rhône-Languedoc), tandis que le Roussillon possède aussi, grâce à une tradition d'irrigation, des cultures maraîchères et des vergers. Des haies brise-vent de cyprès, de peupliers ou de cannes de Provence lui donnent des airs de bocage. On comprend facilement que l’enjeu majeur pour les plaines est aujourd’hui dans la qualité du délicat mariage à trois qu’il faut réussir entre espaces agricoles, urbanisation et grandes infrastructures (voir synthèse régionale sur les enjeux). Grands ensembles et unités de paysages des plainesLes grandes plaines qui séparent le littoral de « l’arrière-pays » des collines, des garrigues et de la montagne, présentent des caractéristiques paysagères communes : faiblesse des reliefs et aplanissement général, larges ouvertures et rareté des structures végétales arborées, forte présence des cultures, passage des grandes infrastructures, développement récent des villages engros bourgs dilatés. Elles rassemblent quatre grands ensembles de paysages distincts, chacun sous influence urbaine marquée :
La Costière, commandée par Nîmes ; Pour l’ensemble de la synthèse régionale, les numéros des unités sont ceux adoptés dans chaque atlas départemental précédés du numéro du département. La Costière, sous l’influence de Nîmes :
L’ensemble des plaines de l’Hérault, sous l’influence de Montpellier :
Les grandes plaines qui séparent le littoral des collines et des garrigues de « l’arrière-pays » Héraultais ont des caractéristiques communes qui les font se ressembler de l’est à l’ouest du département : faiblesse des reliefs et aplanissement général, larges ouvertures et rareté des bois, bosquets et structures végétales, forte présence de la vigne, passage des grandes infrastructures (RN113, autoroute A9, Voie Domitienne autrefois, Canal du Midi à l’ouest du Bassin de Thau), développement récent des villages en gros bourgs dilatés.
Le sillon Audois, sous l’influence de Narbonne et Carcassonne : Allongé entre Massif Central et Massif Pyrénéen, le sillon Audois ouvre naturellement la région vers Midi-Pyrénées et l’Atlantique. Cinq unités de paysage se succèdent, variant selon l’occupation du sol, plutôt urbaine ou à l’inverse agricole, et la topographie, adoucie ou au contraire animée par des collines. Quant à l’influence méditerranéenne, elle se lit dans la végétation et le climat jusqu’à Carcassonne, avant que l’influence atlantique ne prenne le relais.
La plaine du Roussillon, sous l’influence de Perpignan :
4. Les paysages des garrigues et collines sèchesLe troisième rang du théâtre régional est composé de garrigues et de collines sèches. Il fait la transition entre plaines littorales et contreforts des montagnes. C’est un étage largement étendu dans le Gard et l’Hérault, à la faveur des calcaires déformés par la surrection de la chaîne de montagne pyrénéo-provençale aujourd’hui disparue, qui courait des Pyrénées aux Alpes à l’ère tertiaire. Grands ensembles et unités de paysages des garrigues et des collines sèchesLes garrigues, en retrait des grandes plaines, forment un vaste ensemble qui s’étend largement sur le Gard et l’Hérault. On en retrouve des accents isolés ailleurs dans la région, intégrés alors dans d’autres grands ensembles géographiques (Minervois et Saint-Chinianais, intégré dans les contreforts des Causses et de la Montagne Noire, ou certains paysages du massif des Corbières, qui forme un grand ensemble à lui seul). Découpées en plaines et en plateaux imbriqués les uns aux autres et séparés par de précieux linéaires de coteaux, creusées par endroits de vallons voire de gorges, les garrigues sont riches de nombreuses unités de paysage distinctes. Pour l’ensemble de la synthèse régionale, les numéros des unités sont ceux adoptés dans chaque atlas départemental précédés du numéro du département. Les garrigues des plateaux calcaires :
Les garrigues des pentes et collines :
Les garrigues des plaines :
Les collines du Biterrois et de l’Hérault :
5. Les paysages des contrefortsAu-dessus du monde des garrigues et des collines, le quatrième rang du théâtre régional est composé des contreforts des montagnes : en règle générale, ces contreforts offrent une morphologie particulière : ni celle des garrigues et collines, ni celle des sommets montagneux. Ils rassemblent des paysages remarquables où les espaces cultivés se confrontent de façon émouvante à la puissance des reliefs, tandis que les villages s’accrochent et dessinent des sites bâtis spectaculaires : l’ensemble témoigne d’une forte relation des hommes à la nature : pentes Cévenoles extraordinairement sculptées par les bancels, Fenouillèdes viticole dramatiquement cerné par la haute dentelle de reliefs calcaires corbiérois et pyrénéen, etc. Les enjeux concernent à la fois la gestion des espaces de nature (équilibre forêts/espaces agricoles) et, depuis quelques années, la maîtrise des équipements d’installation énergétique (photovoltaïque, éoliennes) Grands ensembles et unités de paysages des contrefortsLes contreforts ne sont pas toujours faciles à distinguer de la montagne ou des collines elles-mêmes. Par endroits, l’absence de reliefs spécifiques fait directement se rencontrer la plaine et la montagne sans paysages de contreforts intermédiaires. C’est le cas par exemple des pentes Cévenoles, qui tombent directement sur la plaine du « fossé d’Alès » ; c’est aussi le cas d’une partie de la Montagne Noire, avec les pentes et vallées du Pic de Nore au contact direct des plaines du sillon Audois. C’est alors le gradient progressif de l’altitude qui fait transition, avec les espèces méditerranéennes qui, suivant l’orientation des versants, cèdent plus ou moins rapidement la place aux essences de moyenne montagne ou de montagne : l’olivier abandonne le premier, puis le chêne vert s’efface au profit du châtaignier avant que ce dernier laisse place au hêtre.
Pour l’ensemble de la synthèse régionale, les numéros des unités sont ceux adoptés dans chaque atlas départemental précédés du numéro du département. Les contreforts des Causses et de la Montagne Noire :
Les collines de l’ouest Audois :
Les Corbières :
Les contreforts des Pyrénées :
La vallée du Lot :
La moyenne vallée de l'Aude :
Les vallées du Jaur et de l'Orb :
Les vallées du Tech et de la Têt : 6. Les paysages des montagnesLe cinquième rang du théâtre couronne l’espace régional : les premiers sommets en bordure annoncent d’autres pays, d’autres régions, vers l’intérieur du Massif central ou des Pyrénées : Mont Lozère, Mont Aigoual, Lingas, Mont Caroux, Pic de Nore, Madres, Canigou, Carlit, … Mais le monde de la montagne ne se cantonne pas à des sommets, usés et arrondis dans le Massif Central, plus à vif dans les Pyrénées. Il se déploie aussi en vastes plateaux et plaines d’altitude qui élargissent de façon originale et assez spécifique la palette des paysages régionaux : les causses et leurs gorges (causses Méjean, de Sauveterre, Noir, du Larzac, gorges du Tarn, de la Jonte, de la Vis, … ). Dans tous les cas l’élevage reprend ses droits, sous forme de parcours, de pâtures, de prairies de fauche, se disputant l’espace à la forêt et aux landes. La Lozère et les Pyrénées-Orientales, en se prolongeant dans l’intérieur des terres, offrent en supplément des paysages qui échappent à l’architecture régionale du théâtre : massif du Carlit, Margeride, Aubrac, Cerdagne, Capcir. Les enjeux concernent aujourd’hui de façon prédominante la gestion de ces grands espaces de nature (voir synthèse régionale sur les enjeux). Grands ensembles et unités de paysages de la montagneLa montagne en Languedoc-Roussillon regroupe six grands ensembles de paysages : les Cévennes, les Causses et leurs gorges, l’Aubrac, la Margeride, la Montagne Noire et les Pyrénées. Pour l’ensemble de la synthèse régionale, les numéros des unités sont ceux adoptés dans chaque atlas départemental précédés du numéro du département. Les Cévennes :
Les Causses et leurs gorges :
L’Aubrac lozérien :
La Margeride :
La Montagne Noire :
Les Pyrénées :
Cartes des fondements des paysages
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Dreal Languedoc-Roussillon - Agence Folléa-Gautier, paysagistes-urbanistes
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