Atlas des paysages - Diren Languedoc-Roussillon
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> Synthèse régionale

Introduction

  • Vers une politique renforcée en matière de paysage

1/ Synthèse régionale sur l’organisation des paysages :
le théâtre régional

  • Aperçu général des paysages : le théâtre régional

2/ Synthèse régionale sur les enjeux :
vers des objectifs de qualité paysagère

> Synthèse régionale > 2/ Synthèse régionale sur les enjeux : vers des objectifs de qualité paysagère > Les objectifs possibles pour les garrigues et collines sèches

2/ Synthèse régionale sur les enjeux :
vers des objectifs de qualité paysagère

Les objectifs possibles pour les garrigues et collines sèches

Un patrimoine naturel et culturel remarquable, sous la pression tous azimuts de l’urbanisation

Les gorges du Gardon à la Baume Capitelle vers Saint-Quentin-la-Poterie Uzès, la promenade Racine et la promenade des Marronniers, dominant les terrasses du jardin de l'Evêché et la vallée de l'Eure

Le vaste territoire des Garrigues, étendu sur le Gard et l’Hérault, bénéficie d’un patrimoine de paysage exceptionnel, lié :

  • à la diversité et aux contrastes des ambiances entre les plaines riantes et fertiles et les plateaux secs de garrigue proprement dite, l’ensemble étant imbriqué de façon serrée, à des échelles qui rendent le paysage animé, surprenant et pittoresque ;
  • au patrimoine bâti, et en particulier aux sites bâtis des villages qui ponctuent le paysage.

Cette richesse paysagère et patrimoniale rend attractif le pays des Garrigues pour le tourisme et l’établissement de résidences secondaires, voire principales pour les actifs et les retraités. L’ensemble génère une forte pression foncière, accentuée par la proximité des grandes villes (Avignon, Nîmes, Alès, Montpellier, Béziers) et l’amélioration de la desserte à l’échelle nationale et européenne offerte par le TGV Méditerranée. Cette attractivité a pour heureuses conséquences des réhabilitations et requalifications de patrimoine bâti de qualité et vivifie le tissu culturel du pays ; en revanche la dynamique bouleverse profondément la sociologie des villages, aggravée par les problèmes de disponibilité de foncier pour garantir la vie des villages et le logement ou relogement des habitants en place –jeunes notamment-. C’est la crainte d’une « lubéronisation » dont parlent certains élus.

La pression d’urbanisation est également largement liée à la situation régionale des Garrigues, sous influence tout à la fois de l’axe rhodanien à l’est (Avignon surtout, mais aussi Bagnols et Pont-Saint-Esprit), de Nîmes au sud, d’Alès au nord et de Montpellier à l’ouest. Les commodités de desserte rendent possibles les déplacements domicile-travail entre les Garrigues et les grands pôles urbains et de développement, accentuant cette poussée d’urbanisation. Cette fois c’est le risque de « banlieu-isation » des Garrigues qui est craint par certains.

A la pression de l'urbanisation s'ajoutent les difficultés de gestion des massifs secs de garrigues, écologiquement riches mais fragiles, refermés par l'abandon du pâturage, soumis aux risques d'incendie et de fréquentation "sauvage" et excessive pour les loisirs.

Dans cette situation, les enjeux pour l’aménagement qualitatif du territoire sont :

  • la protection et la gestion des plaines agricoles 
  • la qualité de l'urbanisation des villages
  • la composition paysagère des coteaux
  • la réinvention des garrigues.

Face à ces forts enjeux, des réflexions émergent pour la création d’un parc naturel régional. Sur l’ensemble de l’arc méditerranéen, les garrigues apparaissent en effet curieusement comme un des rares territoires en retrait du littoral qui ne dispose pas de cet outil.

1. Protéger et gérer les plaines agricoles des garrigues

La plaine humide de l'Alzon entre Saint-Quentin-la-Poterie et Uzès La vallée de l'Eure et la silhouette d'Uzès Friches dans la plaine de Vallongue, témoignant d'un problème de gestion des espaces ouverts

La richesse des pays des Garrigues vient aujourd’hui des plaines, riantes, fertiles et fraîches, qui sont sous la pression à la fois du passage des infrastructures et de l’urbanisation. Ce sont les plaines qui font des Garrigues un pays encore rural, animé, et c’est bien l’agriculture qui génère essentiellement les paysages valorisants et attirants pour les habitants comme pour les touristes ; c’est cette activité agricole et viticole qui permet de faire des Garrigues un monde bien individualisé, distinct des pôles urbanisés qui l’encadrent ; ce sont les plaines qui, par les cultures et le passage des eaux, garantissent les contrastes si valorisants avec les paysages secs des garrigues des plateaux ; ce sont les plaines qui ouvrent les vues sur les coteaux et sur les villages-sites qui les ponctuent ; et c’est par les plaines que l’on passe pour se déplacer.

Or les commodités d’aménagement, d’équipement, d’urbanisation font des plaines des espaces encore beaucoup plus menacés que les plateaux de garrigues. Il n’y a guère que l’inondabilité des terrains qui aujourd’hui freine les appétits de transformation. Mais les surfaces inondables restent globalement modestes au regard des plaines dans leur ensemble, et cette seule contrainte ne saurait justifier l’organisation à venir des territoires.

Protéger les plaines, c’est en fait protéger le cœur vital des pays des Garrigues.

Cadrage strict de l’urbanisation dans les plaines

Problème d'urbanisation diffuse dans la plaine de Belvezet

L’urbanisation historique des plaines des Garrigues reste faible, les villages restant plus souvent accrochés sur les piémonts des coteaux. Quelques bourgs viticoles ponctuent néanmoins l'espace.

Les plaines méritent d’être strictement protégées contre le mitage, ou urbanisation diffuse :

  • extensions d’urbanisation limitées à la continuité avec l’urbanisation dense existante
  • confortement des centralités denses existantes
  • inconstructibilité des abords des routes pour éviter l’urbanisation linéaire
  • inconstructibilité stricte des espaces agricoles.

On rappellera que le département voisin des Bouches-du-Rhône a vu la plupart de ses belles plaines s’urbaniser de façon anarchique (l'Huveaune, l'Arc, la basse Durance, etc) du fait d’une charte agricole trop laxiste en matière de constructibilité en espace agricole, et d’abords d’infrastructures non maîtrisés.

Maîtrise paysagère des infrastructures

La route de Lussan : création d'un belvédère sur Uzès et la plaine (vers le site de Larnac) Une distance non bâtie entre le village et la route : exemple de Saint-Maximin

Les plaines accueillent facilement les infrastructures. La maîtrise paysagère des infrastructures passe par les points suivants :
inconstructibilité des terrains aux abords des routes
limitation des gabarits et capacité des routes, notamment pour les voies de liaison des garrigues avec les pôles urbains et les grandes infrastructures : exemple Uzès/Nîmes, Uzès/Remoulins - A9, Uzès/ RN 106 Alès-Nîmes, Sommières/A9 Gallargues, …
maîtrise paysagère des dispositions d’aménagement des routes : glissières, panneaux, bas-côtés, ronds-points, …
préservation des vues et des accès aux villages-sites

Le marché à Aramon

Valorisation des productions agricoles et viticoles 

Cernées par les pôles urbains attractifs que sont Nîmes, Avignon, Montpellier, Alès, et bénéficiant d’une forte attractivité touristique et résidentielle, les plaines des Garrigues peuvent développer des circuits économiques courts et à forte valeur ajoutée en matière de production agricole : appellations contrôlées, produits bio, ventes directes sur les marchés, alimentation des grandes surfaces des villes pour des produits très frais, …

Valorisation des paysages agricoles et viticoles 

Pentes cultivées en terrasses vers Lédenon, autour de la RD 427 La plaine agricole de Congénies

La qualité paysagère des plaines est majeure pour les Garrigues. Les plaines sont les jardins des Garrigues et doivent à ce titre bénéficier d’une attention sans faille en matière de qualité. En particulier les structures paysagères doivent être préservées, créées ou recréées, en accompagnement des productions : arbres isolés, vergers de fruitiers, murs, murets, haies, restanques, petit patrimoine bâti, etc ;

Valorisation des bords de l’eau

Chemin le long des Seynes Cours d’eau à requalifier à Calvisson

Les inondations catastrophiques vécues par la région de façon chronique rappellent l’importance de la gestion des cours d’eau pour garantir la libre circulation des eaux. Le paysage de l’eau est par ailleurs le paysage valorisant par essence pour les Garrigues : ombre, fraîcheur, baignade, activités ludiques et sportives, passage des circulations douces, biodiversité. La mise en valeur ne doit plus concerner que les seules gorges (du Gardon, de la Cèze, de l'Hérault …), mais l’ensemble des linéaires des bords de l’eau, dans une trame bleue progressivement constituée et mise en valeur.

2. Maîtriser la qualité d'urbanisation des villages

L’urbanisme des villages :

Créateur de paysages remarquables

Brissac Saint-Jean-de-Buèges Saint-Guilhem-le-Désert Le site bâti de Sérignac, de grande qualité


Le problème de l’urbanisation diffuse sur coteau :

Un positionnement juste dans le paysage (bâti accroché au relief), mais des formes urbaines consommatrices d’espaces et génératrices de mitage

Urbanisation diffuse sur coteau à Saint-Jean-de-Cucules Urbanisation diffuse sur coteau à Brissac


Le problème de l’urbanisation en nappe dans les plaines :

Consommation des meilleures terres agricoles ; pas de limite tangible au tartinage de l’urbanisation, générateur de conurbation sans espaces de respiration (coupures)

Zone d’activité commerciale en plaine entre Jacou et Clapiers Lotissement en plaine à Teyran


Le problème du paysage urbain récent :

Faillite de l’espace public, réduit à la seule fonction de circulation

Paysage appauvri de lotissement (Saint-Aunès) Banalisation du paysage urbain par défaut de politique d’espace public : route, bas-côtés en friches et linéaires de clôtures aveugles (Pailhès)


Quelques exemples intéressants

Essai intéressant d’urbanisation contemporaine : petits collectifs et espaces publics traités : une alternative au banal lotissement de maisons individuelles isolées (Jacou) Urbanisation récente accrochée aux reliefs ; préservation du vallon à l’aval ; transition par voie de contournement plantée (le vallon de la Mosson et le quartier de la Paillade à Montpellier) Plaine préservée en ville et mise en valeur par création d’un golf (Montpellier) Urbanisation récente accroché aux reliefs : préservation du vallon, transition par voie de contournement plantée (le vallon de la Mosson et le quartier de la Paillade à Montpellier)

La pression de l’urbanisation et les facilités de déplacements offertes par la voiture rendent attractifs les villages des garrigues et des collines viticoles pour une population qui travaille en ville mais recherche un cadre de vie rural et de qualité. Ces villages subissent de ce fait une forte pression : ils sont à la fois de qualité, sous le feu des aires d’influence urbaine (d'Avignon, de Nîmes, d'Alès, de Montpellier, de Béziers notamment) et ils restent proches du littoral.

Cette pression se lit dans le paysage de façon le plus souvent négative. Plusieurs problèmes peuvent être évoqués de manière synthétique :

  1. mitage des coteaux par une urbanisation diffuse d’habitations individuelles, qui donne une impression de gâchis d'espaces, et qui contraste avec le site bâti originel du village, à l’inverse concentré, économe en espace, développant des espaces publics communs et partagés ;
  2. développement d’urbanisation en nappe dans les plaines agricoles, sous forme de lotissements ou de zones d’activités, qui consomme les meilleures terres agricoles et vient en contradiction avec les sites bâtis originels des villages, le plus souvent accrochés aux reliefs ou en piémont ;
  3. banalité des paysages urbanisés récents, pauvres en architecture contemporaine intéressante, pauvres en espaces publics de qualité, qui se réduisent le plus souvent à des voies de dessertes sans âme bordées de clôtures hétéroclites et peu avenantes ;
  4. affaiblissement économique et social des centres villages constitués : on habite un lotissement et non plus un village, avec des services éclatés dans l’espace aggravant la dictature du déplacement individuel par la voiture : écoles, collèges, lycées, équipements sportifs et culturels sont placés au barycentre des intercommunalités, parfois en pleine campagne ; super et hypermarchés se développent au détriment du commerce de proximité ;
  5. coût élevé des réseaux et des services (ramassage scolaire, collecte des ordures ménagères, …).

L’affaiblissement qualitatif de l’urbanisme des villages apparaît finalement très contradictoire avec la qualité générale des paysages de garrigues et de collines viticoles, et avec leur valeur culturelle et économique viticole, agricole et touristique. Face à la pression, le seul opportunisme foncier n’est pas une réponse à la hauteur des enjeux. Une politique plus volontariste en terme d’ambition qualitative doit émerger, qui développe davantage de réflexion de conception, et s’appuie sur des outils fonciers permettant d’anticiper et de maîtriser les processus :

  1. Elaboration de chartes intercommunales pour l’urbanisme des villages, identifiant les typologies bâties, développant les principes d’urbanisation/protection adaptées, posant les bases d’une politique foncière éclairée ;
  2. Soutien à la réalisation d’études paysagères pour chaque site de village, déterminant : la capacité d’accueil du site, les maîtrises foncières à opérer, les conditions paysagères, urbaines et architecturales de constructibilité en terme de volumes, couleurs, circulations et liaisons aux centres bourgs, plantations ;
  3. Appel systématique à des concepteurs pour l’opérationnel (architectes et paysagistes-urbanistes) ;
  4. Développement de la mise à disposition de conseillers, notamment paysagistes-conseils et architectes-conseils, par/pour les communes et intercommunalités.
 

3. Composer les paysages des coteaux des Garrigues

Urbanisation éclatée sur le coteau de Faugères Les horizons célèbres du Pic Saint-Loup et de la montagne d’Hortus Le coteau qui cadre la plaine viticole de l’Hérault vers Saint-Jean-de-Fos : horizon de qualité. Le paysage agricole remarquable du piémont, vers Saint-Jean-de-Fos
Point de vue aménagé à Lespignan Balade sur les hauteurs de Lespignan dominant l'étang Jardins de pentes à Calvisson

Le secteur des garrigues est riche en paysages contrastés, présente souvent des déroulés de coteaux et de piémonts de très grande qualité, à la rencontre des différents paysages : ces « rebords », qui forment par eux-mêmes des paysages particuliers, soulignent l’étagement des altitudes et leur progression en paliers ; ils marquent aussi bien la rencontre entre les plaines et les garrigues qu’entre les garrigues et les montagnes ou les causses. Aussi forment-ils des paysages linéaires certes parfois peu étendus mais démultipliés sur le territoire.

On retrouve dans l’Hérault :

  1. Le rebord oriental du causse d’Hortus et du Pic Saint-Loup sur les plaines de Saint-Mathieu-de-Tréviers
  2. Le rebord du Caroux et gorges d’Héric sur la confluence Orb/Jaur
  3. Le rebord méridional du causse de Viols-le-Fort sur les garrigues d’Aumelas
  4. Le rebord des collines montpelliéraines sur la plaine de Fabrègues par le coteau de la Mosson
  5. Le rebord des garrigues de Saint-Guilhem-le-Désert sur la plaine de l’Hérault vers Saint-Jean-de-Fos
  6. Le rebord du causse du Larzac et de la Séranne sur les garrigues et vallées de la Buèges
  7. Le rebord du causse du Larzac sur la Lergue et ses affluents
  8. Le rebord des avants-monts sur les collines viticoles du Piscénois et du Biterrois

Et dans le Gard :

  1. Les pentes de la Cèze, en rive gauche avec la forêt de Valbonne et en rive droite autour de Saint-Maurice-de-Carreiret
  2. Les collines autour de Saint-Maurice-de-Cazevieille, entre Vézénobres et Foissac, qui séparent le pays d’Uzès de celui d’Alès
  3. Nîmes et le long rebord de la Garrigue qui s’ouvre sur la plaine de la Costière, drainée par le Vistre
  4. Les collines du Vidourle, qui dessinent un dédale de petites plaines et vallons successifs, de Sauve/Quissac à Sommières.

La qualité paysagère remarquable de ces espaces est liée à plusieurs facteurs :

  1. ce sont par définition des paysages visibles, vitrines, qui s’affichent de loin en refermant l’horizon : à ce titre, ce sont principalement eux qui qualifient les paysages des plaines ;
  2. ce sont inversement des espaces qui ouvrent des vues dominantes très valorisantes lorsqu’on les parcoure ou lorsqu’on y habite ;
  3. ce sont le plus souvent des paysages plus finement dessinés que les espaces qu’ils séparent, ne serait-ce que par les reliefs, plus marqués, plus pentus qu’ailleurs. Dans cette géographie mouvementée, il a fallu ruser, s’adapter finement, sans pouvoir faire table rase ou être systématique et radical dans les aménagements : parcellaire plus petit, dessinant des paysages plus jardinés, terrasses pour les cultures, bâti accroché et imbriqué avec la roche-mère, éléments de petit patrimoine davantage présents : constructions, murets, structures végétales, arbres isolés, …, l’ensemble dessinant des paysages précieux, rares, fragiles, « arcadiens », archétypes du paysage-jardin méditerranéen ;
  4. ce sont en même temps des espaces attractifs pour l’implantation humaine : pentes abritées des vents du nord, bien exposées ; terroirs favorables à la viticulture ; espaces de contact entre zones cultivées à l’aval et zones de parcours à l’amont ; … ;
  5. ce sont enfin des paysages naturellement plus riches que les espaces qu’ils séparent, comme tous les espaces de transition : géologie complexe, milieux naturels et habitats diversifiés, abritant une plus grande variété faunistique et floristique.

Ces paysages des coteaux évoluent dans des dispositions contradictoires :

  1. les villages qui s’y implantent le plus souvent se transforment, se réhabilitent, et accueillent des extensions qui les font grossir ;
  2. la pression d’urbanisation est accentuée par l’inondabilité des terrains des fonds de plaines et l'attrait offert par la vue, voire l'ensoleillement et l'abri du vent ;
  3. la viticulture, dans son douloureux recentrement sur la qualité, y trouve des terrains propices : drainants et bien exposés, et gère l’espace.

Les coteaux des garrigues cristallisent ainsi des enjeux forts pour l’aménagement qualitatif du territoire régional. Ces paysages de rebords, de coteaux, de piémonts, méritent d’être identifiés et reconnus pour mieux prendre en compte leurs spécificités et préserver leurs qualités paysagères. Les seules logiques sectorielles ne sauront générer de paysage harmonieux. Leur préservation et leur valorisation passe par des projets de paysage qui articulent à la fois le bâti (existant et nouveau), les espace agricoles et viticoles et les espaces de nature dans un équilibre à définir précisément et au cas par cas, sur la base des principes suivants :

  1. préservation des sites des villages : les logiques originelles d’implantation sont toujours précises et jamais neutres : elles sont à étudier et à prendre en compte systématiquement pour chaque village et chaque extension pour éviter le mitage, conforter les centralités, intégrer les éléments de patrimoine essentiels, développer une politique foncière adaptée : capacités d’accueil du site, volumétrie et couleurs, intégration de la pente dans le plan d’aménagement et dans les constructions, …
  2. protection d’espaces de respiration non bâtis entre les villages
  3. protection des bords de routes donnant accès au village contre l’urbanisation : lutte contre l’urbanisation linéaire
  4. inconstructibilité stricte des espaces agricoles et « naturels » : lutte contre le mitage (urbanisation diffuse de maisons individuelles)
  5. préservation de la distance souvent existante entre le village et la route principale ; mise en scène du village dans le paysage de la plaine et du coteau
  6. réhabilitation prioritaire du bâti déjà existant
  7. confortement systématique des centralités historiques à l’occasion des extensions
  8. réinvention d’un habitat dense et adapté aux modes de vie contemporains
  9. maîtrise foncière publique pour une offre de logements aux habitants permanents
  10. maîtrise qualitative des liaisons village/garrigue à l’occasion des extensions
  11. repérage, protection et gestion des éléments de patrimoine construit et végétal 
  12. prise en compte des structures paysagères existantes dans les opérations d’extension : végétation, restanques, murs de pierres sèches, etc
  13. création de transitions végétales entre bâti nouveau et espaces agricole ou naturel
  14. maîtrise paysagère des clôtures, encouragements et prescriptions pour les murs de pierres sèches
  15. prise en compte des risques de ruissellement et d’érosion dans l’urbanisation et les espaces publics
  16. prise en compte des risques incendie dans les opérations en garrigues ou en limite de garrigue
  17. développement des circulations douces
  18. repérage de routes-paysages ouvrant des vues larges sur le territoire
  19. aménagement de points de vues.


4. Réinventer les garrigues

Fermeture progressive des pelouses anciennement pâturées, par la conquête des buis et des genévriers près de Fons-sur-Lussan Floraison d'iris dans la garrigue au mois de mars Pâtures gagnées par les genévriers Chemin dans les garrigues de Nîmes

La forêt arbustive méditerranéenne prend l’allure de garrigues sur les plateaux calcaires de la région qui s’étirent entre le Rhône et l’Hérault : une végétation grise, souvent basse, variant de la pelouse à brachypode à la forêt à chêne vert et chêne kermès (« gar » : le rocher, ou « garric » : l’arbre du rocher = le chêne kermès), l’ensemble illuminé par les nombreux affleurements de calcaire blanc. D’aspect aride, quelques peu déconcertantes pour des yeux novices, les garrigues forment pourtant les milieux qui recèlent la plus importante biodiversité en France, abritant des espèces emblématiques et protégées au niveau national et européen. De nature karstique, elles sont par ailleurs beaucoup plus diverses qu’un premier regard rapide donne à penser, grâce à une topographie complexe propice à la création de sites tour à tour spectaculaires et secrets : plateau étiré à l’horizontale, mais aussi dépressions ou combes, qui incisent les plateaux souvent en orientation est-ouest (souvenir géologique des plissements du Tertiaire), plaines agricoles enchâssées en creux, gorges spectaculaires et nombreuses vallées sèches, coteaux extérieurs qui dessinent les horizons des plaines aux alentours. Enfin les garrigues sont tout sauf naturelles, forgées par 6 000 ans de pastoralisme, de mises en culture (vignes, céréales, oliviers, fruitiers), de production de charbon, d’incendies, filles du fragile équilibre antique entre ager, silva et saltus. De cette histoire sont héritées de nombreuses structures paysagères qui contribuent à la valeur du territoire où la pierre est reine : mas, masets, bergeries, capitelles, enclos, murs, terrasses, clapas, mais aussi haies, bouquets d’arbres, arbres isolés.

Sur les dernières décennies, deux dynamiques d’évolution puissantes conduisent aujourd’hui à s’interroger sur l’avenir des garrigues :

La fermeture
En 50 ans, l’espace de production des garrigues a été largement délaissé et livré à lui-même : l’abandon du pastoralisme, des charbonnières, des cultures, a permis le développement de végétaux de plus en plus grands. Il en résulte une fermeture du paysage, une disparition des vues, un appauvrissement des milieux en termes de biodiversité, un appauvrissement des paysages par homogénéisation, refermant des milieux traditionnellement très ouverts

La pression
Les garrigues se trouvent sous le feu de la pression d’urbanisation intense que vit la région : les grandes villes sont en effet au pied du massif, tout autour : Avignon, Alès, Nîmes, Montpellier, Béziers. L’urbanisation colonise les coteaux, les plateaux, les combes et les plaines des garrigues. Il en résulte une surconsommation d’espaces, une fragmentation des milieux, un risque accru d’incendies, une pression pour des usages de loisirs (baignade, canoë, escalade, promenade, motocross, quad, VTT, …), un développement de friches spéculatives dévalorisantes aux abords des villages, …

Face à ces dynamiques, les principes sont en première approche de :

  1. protéger davantage ces espaces, sous pression d’urbanisation et de fréquentation croissantes (réflexions en cours pour la création d’un parc naturel régional)
  2. re-connaître la valeur culturelle et naturelle des garrigues : travail de sensibilisation, d’information, création d’événements, intervention d’artistes, …
  3. inventer de nouvelles démarches et de nouveaux outils de gestion de l’espace, diversifiés
  4. promouvoir des productions spécifiques à valeur ajoutée, géographiquement reconnues ou protégées (truffe, herbes de Provence, vin, …), vendues en circuits courts
  5. organiser et maîtriser la fréquentation du public : balisage de circuits, fermeture de cheminements dans les milieux écologiquement sensibles

Au final une véritable réinvention des paysages des garrigues est à opérer, un projet à définir et à concrétiser à l’échelle des garrigues languedociennes.

5. Requalifier le paysage de la plaine d'Alès

Voir "Les objectifs possibles pour les grandes plaines,
notamment objectif 8/ Développer des villes agro-urbaines "
+ Atlas des paysages du Gard, les enjeux majeurs

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