Introduction
1/ Synthèse régionale sur l’organisation des paysages :
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> Synthèse régionale > 2/ Synthèse régionale sur les enjeux : vers des objectifs de qualité paysagère 2/ Synthèse régionale sur les enjeux :
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Les stations balnéaires, créées hors des zones humides sur le cordon sableux du lido, se tournent vers la mer, dans le meilleur des cas par la constitution des espaces publics les plus emblématiques, dans des cas plus discutables par la création d’un véritable « front » de mer bâti.
Ce tropisme marin a fait oublier la présence des étangs en retrait : on y a laissé s’implanter les installations les moins nobles, le plus souvent sans maîtrise paysagère et greffées sur de grandes infrastructures. D’une certaine manière, les stations balnéaires récentes tournent le dos aux étendues des étangs. Cela se traduit par un linéaire d’arrière d’urbanisation dévalorisant.
Ce problème se surajoute à celui du fonctionnement naturel même des étangs, progressivement asphyxiés par les aménagements : le canal du Rhône à Sète, les routes, les digues, forment des coupures qui gênent la circulation des eaux. Celles-ci, plus stagnantes, ne s’oxygènent plus assez, favorisant le développement de la malaïgue, les « mauvaises eaux » nauséabondes en été, lorsque les algues prolifèrent ; ce phénomène est encore accentué par les eaux des cours d’eau qui se déversent dans les étangs, chargées de matières organiques et polluées aux nitrates. Il faut aujourd’hui faire appel à des « hydroéoliennes » flottantes pour brasser les eaux des étangs et assurer leur oxygénation !
Les étangs offrent pourtant des paysages, des milieux, des lumières, de très grande qualité, spécifiques à la région Languedoc-Roussillon. Un des enjeux les plus forts du littoral tient dans la reconnaissance de leur valeur, en partant à la reconquête qualitative de ces précieux milieux humides.
La question ne se pose pas partout avec la même sensibilité :
Les principes généraux peuvent être en première approche :
L’urbanisation du lido, bien que prévue en unités de développement distinctes les unes des autres au Schéma d’aménagement du littoral Languedocien, s’est nécessairement concrétisée de façon linéaire, le long de la mer en suivant le cordon sableux. Les coupures d’urbanisation, qu’il vaut mieux qualifier d’ « espaces de respiration », s’en trouvent de fait fragilisées même si elles sont aujourd'hui protégées au titre de la Loi Littoral ou par les acquisitions du Conservatoire du Littoral : le Mas de l'Isle, La Ribère, l’étang de Canet, le Mas Larrieu, l’étang de Peyriac, l’île Sainte-Lucie, l’Oustalet, l’étang de Pissevache, l’étang de Vendres, les Orpellières, le Bagnas, l’étang de Vic, le Bois des Aresquiers, l’étang de Méjean, le Petit et le Grand Travers, la Pointe de l’Espiguette, … Le phénomène est aggravé par le développement des campings, qui offrent facilement une image urbanisée et mitée des parties « naturelles » du littoral du fait de l’addition des caravanes, des campings-cars et des mobile-homes. Les espaces de respiration sont pourtant essentiels au développement équilibré de la côte entre espaces urbains et espaces de nature.
Le passage des routes et la création de stationnements dans les espaces de nature ou à leur contact direct, qu’ils soient marais, plages, dunes ou bois, conduit à une intense fréquentation. Cette surféquentation se traduit par un aspect peu avenant des espaces publics d’accueil (aménagements excessivement routiers et minéralisés des abords des routes et des parkings) et par une fragilisation des milieux qui peut conduire à une accélération de l’érosion. Ainsi aujourd’hui, la reconquête qualitative de l’accueil du public apparaît comme un enjeu fort du littoral.
Les principes sont en particulier :
Si la Grande Motte ou Argelès-sur-Mer sont couramment citées comme stations balnéaires plutôt réussies et se bonifiant avec le temps, c’est en partie dû à l’ambition portée au traitement des espaces publics, et notamment aux plantations : aujourd’hui à maturité, elles offrent des ambiances agréables et ombragées, mais permettent aussi d’accompagner les volumes bâtis et de les inscrire plus en douceur dans le paysage littoral lagunaire. Ce tissu végétal de l’urbanisme manque bien souvent ailleurs : aux marges de la Grande Motte, à Carnon, à Palavas, à Frontignan, à Balaruc, à Marseillan-plage, à Valras-plage, au Barcarès, à Saint-Cyprien, à Canet, à Sainte-Marie-plage, à Torreilles-plage. L’urbanisation balnéaire apparaît alors avec une force excessive dans ces milieux plutôt doux et changeants, faits de sable et d’eau.
Le renforcement et la création du tissu végétal de l’urbanisme balnéaire apparaît ainsi comme un enjeu fort pour le littoral des étangs. C’est particulièrement vrai pour les transitions, sur les marges de l’urbanisation, en accompagnement des voiries principales mais aussi au contact des espaces de nature : mer, étangs, coupures d’urbanisation.
Cette présence végétale, difficile à gagner dans ces milieux écologiques spécifiques (vent, sel, sols superficiels ou pauvres), mérite une réalisation de plans de plantations particulièrement soignés, attentifs à privilégier les essences locales et écologiquement adaptées, à diversifier les essences en évitant les peuplements monospécifiques, à user avec doigté des essences très décoratives, à caractère touristique international (et donc banalisant), à tenir compte des essences allergènes.
En Languedoc-Roussillon, cinquante kilomètres de plages sont menacés par le phénomène naturel de l’érosion, aggravé par les aménagements des dernières décennies qui bouleversent l'apport et le transport de sédiments ainsi que les courants marins : ports, digues, urbanisation, imperméabilisation et durcissement des sols, barrages sur les fleuves.
Sur le seul lido de Sète-Marseillan, 45 hectares de plages et de dunes ont été rendus à la mer entre 1954 et 2000.
D’après le BRGM, la montée prévisible du niveau de la mer va aggraver le phénomène et affecter les villes et les infrastructures touristiques du Languedoc-Roussillon le long de la côte sableuse : notamment Port Leucate, Port Barcarès, Valras-plage, Marseillan, Palavas-les-Flots.
Face à ces phénomènes, les dispositifs installés jusqu’à présent pour fixer les plages ont grandement conduit à « durcir » et dégrader le paysage de la côte, sans que les effets induits globaux sur l’érosion soient clairement maîtrisés. C’est ainsi que certains longs paysages de plages sont marqués par les linéaires d’épis et de digues réalisés à coup d’enrochements, plus particulièrement problématiques hors secteurs urbains, en milieu « naturel ».
Les réponses au phénomène d’érosion méritent des approches plus environnementales, susceptibles de remettre en cause des équipements ou aménagements en dur, et faisant notamment appel aux techniques de génie végétale ou aux techniques mixtes plutôt que de génie civil.
Les travaux menés entre Sète et Marseillan pour déplacer la route littorale d’une cinquantaine de mètres plus loin de la plage, à côté de la voie ferrée, montrent la voie ; les efforts de fixation progressive et en douceur des hauts de plage par le végétal également.
En retrait du littoral, les plaines qui s’allongent entre les premiers reliefs et le bord de mer, par endroits étroites (Aude) accueillent aujourd’hui de grandes infrastructures (A9 , RN 9, voie ferrée). Ces infrastructures, mais aussi celles qui se connectent dessus, notamment les voies d’accès aux villes et villages du littoral, tendent à banaliser l’espace par des dispositifs d’aménagement excessivement routiers dans des sites méritant des choix plus adaptés aux contextes et aux usages.
Aux abords de ces mêmes infrastructures, la plaine linéaire reçoit aujourd’hui l’essentiel du développement, en étant à la fois proche des sites attractifs du littoral et bien desservie. Ce sont notamment les activités qui se développent, profitant non seulement de la commodité de desserte mais, de façon plus préoccupante, d’un effet de vitrine qui banalise le paysage et tend à le confisquer.
Lorsque les reliefs bordent l’étendue de la plaine et composent son horizon, les pentes apparaissent râpeuses, la couverture végétale de garrigues étant dégradée. L’urbanisation d’habitat résidentiel amorce une dynamique qui mérite là encore une maîtrise forte en matière de paysage, d’urbanisme et d’architecture, par la grande sensibilité paysagère de ces pentes généreusement offertes au regard depuis le littoral.
Enfin, la question du développement de l’éolien pose localement des problèmes d'opportunité ou des risques de saturation et d’échelle.
Les plaines rétro-littorales sont partiellement gérées par la viticulture. La crise viticole actuelle conduit à des arrachages, encouragés par une prime (de l’ordre de 6 000 €/ha). Cette crise est évidemment un facteur de fragilisation de l’organisation des paysages, les parcelles sans avenir pouvant plus facilement partir à l’urbanisation, pour des raisons sociales et économiques de circonstance. Cette dynamique problématique prend place dans des secteurs stratégiques pour l’image de la région : proximité aux grandes infrastructures et au littoral.
La pression d’urbanisation sur le trait de côte est certes freinée par les dispositions de protection, mais elle tend à se reporter nettement sur les espaces agricoles et naturels de l'arrière-littoral.
Le regard tout entier tourné vers la mer, c’est finalement à tort que l’on considère la plaine comme un « arrière » littoral. Tout à l’inverse, la présence des grandes routes en fait l’espace d’accueil et d’arrivée sur le bord de mer. La qualité du territoire se joue aussi dans cette épaisseur de territoire :
Dreal Languedoc-Roussillon - Agence Folléa-Gautier, paysagistes-urbanistes
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