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> Paysages des Pyrénées orientales : les enjeux majeurs |
> Paysages des Pyrénées orientales : les enjeux majeurs 5. L'organisation paysagère des vallées du Tech et de la TêtLes vallées du Tech et de la Têt forment deux profonds sillons parallèles, creusés de part et d'autre du majestueux massif du Canigou. Orientées est-ouest, elles constituent de véritables traits d’union entre les territoires de la montagne et la plaine du Roussillon. Sans surprise, elles concentrent l’essentiel du développement du secteur montagneux du centre du département (Conflent et Vallespir) : les voies de circulations principales, les villages et villes, mais aussi les espaces cultivés en vergers ou en prairies. Couloirs de communication depuis toujours, elles héritent d’un patrimoine urbain, industriel et militaire par endroits remarquables : sites bâtis des villages de Eus, Prats-de-Mollo, Rhodes ; forts Lagarde et Libéria, usines de Ria, la Bastide (Olette), Arles-sur-Tech. Aujourd’hui, l’intensité ce développement apparaît inégale entre les deux vallées : la Têt, en connectant les deux territoires très attractifs que sont la plaine du Roussillon et la Cerdagne, connaît une pression urbaine et un trafic routier intense, tandis que la vallée du Tech, qui s’achève à l’amont par des cols frontaliers, échappe à une telle intensité de flux. Mais dans les deux cas, les enjeux en termes de paysage apparaissent partagés et importants :
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Pour l’ensemble des habitants du secteur, les vallées forment les « lignes de vie » presque uniques depuis que la montagne s’est en bonne partie vidée de ses habitants ; elles sont par ailleurs intensément parcourues par tous les échanges entre la montagne et la plaine, donc largement sous le regard des visiteurs. La vallée de la Têt est particulièrement fréquentée, avec un trafic atteignant les 5 500 véhicules par jour entre Villefranche-de-Conflent et Mont-Louis. Les trafics prévisibles à l’horizon 2015 sont de 16 500 véhicules par jour au droit de Villefranche-de-Conflent en moyenne annuelle, et de 20 600 véhicules par jour (soit environ 1 000 véhicules par heure et par sens) en pointe journalière estivale.
En termes d’habitat, l’intensité des déplacements par la route génère des nuisances dans certaines situations, lorsque les villages sont étroitement inféodés à la route, mais aussi lorsque la route génère des coupures physiques infranchissables (Marquixanes, Joncet, Olette, ...).
A l’inverse, en termes d’urbanisation commerciale, l’effet vitrine de la route génère une pression à ses abords qui se traduit par endroits par une banalisation « d’entrées de villes » (Prades, Amélie-les-Bains).
Dans tous les cas, la commodité de desserte offerte par la route et les contraintes géographiques (reliefs et risques) conduisent à un allongement préoccupant de l’urbanisation qui prolonge les conflits et les risques de dégradation paysagère.
La rareté de l’espace confortable, échappant aux pentes trop fortes et aux zones à risques d’inondation ou de glissements de terrain, génère une forte concurrence entre les espaces agricoles, où se concentrent les meilleures terres et les plus facilement cultivables du secteur, les espaces de protection, l’urbanisation et les infrastructures.
Dans cette concurrence, les espaces agricoles sont facilement « perdants », fortement concurrencés par l'urbanisation qui s’ajoute à la déprise des terres les moins facilement accessibles et mécanisables. Pourtant le dynamisme économique est bien là : dans la vallée de la Têt, les productions d'abricots et cerises se maintiennent globalement, les pêchers représentent encore 70% de la production du département ; la pomme tend à se développer encore modestement, notamment grâce à la coopérative Paysanne des vergers pradéens. Dans la vallée du Tech, si la culture de la cerise a généré des friches aux alentours de Céret, dues à la spéculation foncière, elle se maintient avec des replantations ces dernières années, mais semble rester incertaine sur le long terme.
Outre leur valeur économique, les espaces agricoles contribuent fortement à la valeur des paysages des deux vallées : en marquant les coupures d'urbanisation entre les différents bourgs, en offrant une image soignée et jardinée qui contraste avec l’espace de la montagne, en dégageant des vues remarquables, notamment sur les flancs du Canigou ou sur les sites bâtis remarquables des villages.
Le cadre de vie particulier des deux vallées de la Têt et du Tech, à la fois étroit et long, contraint par les pentes et par les risques, tiraillé entre les logiques d’implantation et les logiques de flux, apparaît ainsi complexe à aménager harmonieusement. Dans cette situation, l’organisation paysagère et urbaine du développement dans les vallées apparaît essentielle, par exemple sous forme de charte ou plan de paysage, fixant des objectifs de qualité paysagère (au sens de la Convention européenne du paysage) et traductible dans les documents d’urbanisme :
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