Atlas des paysages - Diren Languedoc-Roussillon
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> Paysages des Pyrénées orientales : les enjeux majeurs

  • 1. La maîtrise de l'urbanisation et la requalification paysagère de la côte sableuse
     
  • 2. La valorisation paysagère de la côte rocheuse
     
  • 3. La maîtrise de l'urbanisation dans la plaine du Roussillon
     
  • 4. La préservation des paysages du synclinal du Fenouillèdes et de la vallée du Verdouble
     
  • 5. L'organisation paysagère des vallées du Tech et de la Têt
     
  • 6. La préservation et la gestion des grands espaces de nature
     
  • 7. La préservation du cadre agricole et naturel de Cerdagne et du Capcir
     
  • > Paysages des Pyrénées orientales : les enjeux majeurs

    2. La valorisation paysagère de la côte rocheuse

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    La vieille-ville de Collioure La baie préservée de Collioure Peu de gall ; ici dans le bassin de la Baillaury (Banyuls)
    Cabanons en béton dans les vignes "Vignes nouvelles" sans murettes

    La côte rocheuse des Pyrénées-Orientales, découpée en baies et en caps successifs par la plongée du massif schisteux des Albères dans la Méditerranée, présente une succession de paysages et de sites exceptionnelle, originale et unique au niveau régional. Les baies, naturellement propices à l'installation des hommes en bord de mer, ont permis le développement de comptoirs grecs et phéniciens, de ports de pêche, puis finalement de petites villes qui s’égrènent au fil de la côte et constituent des sites bâtis remarquables, tout en bénéficiant d’un patrimoine architectural et urbain attractif. Au XIXème siècle, l'arrivée du chemin de fer et l’invention du tourisme ont contribué au développement balnéaire de ces sites portuaires, qui se traduit par la construction d'immeubles sur les fronts de mer, notamment à Banyuls et, plus récemment, par une urbanisation diffuse sous forme de maisons individuelles qui colonise les pentes de "l'arrière-pays".
    La valeur paysagère de la côte est augmentée par l’activité économique de la viticulture. Les vignes du Cru Banyuls ou des rouges et rosés de Collioure égaient, de leur vert vif estival ou de leurs chaudes couleurs automnales, les pentes naturellement sèches et grises du littoral ; elles les dessinent soigneusement par leurs règes régulières, leurs murettes de schiste, leurs rigoles, leurs « peu de gall » et leurs « orris » (cabanes en pierre sèche).
    Enfin le regard de peintres aujourd’hui célèbres, Matisse et Derain en tête, séduits par la lumière et les motifs cette portion de côte, a contribué à la valeur culturelle et à la renommée de ces paysages.

    Les dynamiques d’évolution à risque pour les paysages de la côte Vermeille ont été doubles :

    • d’une part l’attractivité touristique engendrée par ces dispositions naturelles et humaines favorables conduit à une très forte pression d’urbanisation, qui s’est déjà traduite par des erreurs en termes d’urbanisme, d’architecture et d’infrastructures, préjudiciables à la qualité des paysages : des « points noirs » isolés, mais aussi une juxtaposition hétérogène d’opérations immobilières déconnectées les unes des autres ;
    • d’autre part la fragilité de l’activité viticole, par la spéculation foncière, par les difficultés d’exploitation mécanisée des pentes raides et érosives, et par les variations économiques liées à la filière, a conduit soit à des abandons de parcelles, générant des friches, soit à des modes culturaux plus intensifs (emploi du bulldozer, remplacement des murettes par des talus, remplacement des terrasses par de larges banquettes en pentes, …), là encore préjudiciables à la qualité paysagère.

    Face à ces risques et problèmes, et pour éviter de tuer la poule aux œufs d’or, de nombreuses mesures de protection et de gestion des espaces ont été engagées :

    • le classement de sites (cirque des collines de Collioure, bassin de la Baillaury, cap Oullestrell, cap de l'Abeille et Anse de Terrimbo) et les acquisitions du Conservatoire du Littoral permettent de juguler au moins pour partie l’urbanisation du littoral et des pentes « à l'arrière » des ports ;
    • après plusieurs crises économiques de mévente du vin et l'abandon progressif des vignes depuis la seconde guerre mondiale, le vignoble connaît depuis les années 1990 un nouvel élan. Les vins doux naturels du Cru Banyuls sont reconnus AOC depuis 1936 et les rouges et rosés de Collioure respectivement depuis 1971 et 1991. Aujourd'hui, la déprise viticole est stoppée et la reconquête du vignoble est engagée : mise en place de deux OGAF (Opération Groupé d'Aménagement Foncier), incitations à l'entretien des parcelles par les Syndicats des Cru Banyuls et Collioure (notamment par un retrait des aides lorsque les parcelles ne sont pas entretenues) ;
    • depuis 1986, à la suite d'un grand incendie, la DDAF a mis en place un programme de plantation de "vignes nouvelles" installées en amont des vallées afin de constituer des barrages anti-feux ;
    • en 1993, l’Etat a décerné un label " Paysage de reconquête " à la côte rocheuse (décerné aux sites remarquables soutenus par une activité économique), et des mesures agri-environnementales paysagères ont été mises en place sur l’ensemble du cru (primes pour l’entretien des murettes et rigoles, formation aux techniques traditionnelles de construction) ;
    • l'ensemble des sites classés de la côte, et notamment ceux du " Cirque des collines de Collioure " et du " Bassin de la Baillaury ", participent à la protection et la valorisation de ces paysages viticoles ;
    • en 2004, un état des lieux du vignoble sur l'ensemble des sites classés de la côte a été effectué ;
    • en 2007, la rédaction d’un cahier de recommandations paysagères et architecturales pour le petit patrimoine de pays est engagé par la DIREN ; 
    • un document d'objectif (DOCOB " Côte Rocheuse des Albères ") est en cours de réalisation dans le cadre de la mise en place du réseau Natura 2000, en charge de définir les orientations de gestion ;
    • enfin une demande d’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco est en préparation.

    Aujourd’hui, au moins deux enjeux majeurs en termes de paysage méritent particulièrement attention  :

    • la préservation et la gestion des pentes de  "l'arrière-pays" ;
    • la résorption progressive des « points noirs ».

    La préservation et la gestion des pentes de  "l'arrière-pays" :

    La baie de Banyuls et les extensions sous forme de maisons individuelles sur les pentes Extensions en crête, pied de pente et mi-pente à Cerbère Terrasses abandonnées ; ici les pentes autour de Port-Vendres Route-paysage offrant un remarquable panorama sur la baie de Collioure (RD86)

    A l’arrière du trait de côte proprement dit, les paysages des pentes de la côte rocheuse méritent au moins trois points d’attention en plus des mesures de protections/inconstructibilités déjà instituées sur une partie d’entre elles, et des mesures de gestion paysagère et environnementale de l’espace viticole engagées :

    • La maîtrise de la qualité paysagère, urbaine et architecturale des secteurs constructibles : choix précis d’une relation à la topographie (préservation des crêtes, ou des pentes, ou du piémont) ; plantations arborées d’accompagnement, notamment en limite d’espace construit/espace « naturel » (lisières urbaines) ;
    • La gestion des pentes viticoles les plus fortes, aujourd’hui non assurée car coincée entre une interdiction de désherbage chimique et une difficulté à opérer un désherbage manuel ;
    • La gestion des espaces ouverts les plus sensibles dans le paysage, et qui ne sont pas occupés par la vigne : en promouvant les cultures sèches à même de préserver une certaine ouverture : amandiers, oliviers, chênes liège ;
    • La replantation boisée et forestière des espaces non reconquis par la vigne ou les cultures sèches, sans patrimoine notable de terrasses : pentes râpeuses et sèches de maquis dégradé ou de friches, peu avenantes à la vue, peu attractives pour la promenade, peu à même « d’absorber » l’urbanisation diffuse, et soumises aux risques d’incendie et d’érosion (notamment autour Cerbère, de Banyuls). Un travail de longue haleine, dans la lignée des remarquables efforts de restauration des terrains en montagne (RTM) engagés au XIXe siècle, à mettre en place dans une logique d’ensemble économique, paysagère et écologique ;
    • La préservation du petit gabarit des routes et voies de dessertes agricoles et forestières, leur aménagement simple sans dispositifs « routiers » lourds, la mise en valeur des points de vue toujours spectaculaires sur les pentes littorales et le développement du réseau des circulations douces faisant le lien entre espaces habités et espaces de nature.


    La résorption progressive des « points noirs »

    Bâtiment du centre médical de Cerbère dégradant le paysage naturel de la plage de Peyrefite Hangar dévalorisant la baie de Port-Vendres Urbanisation tous azimuts entre Port-Vendres et Collioure colonisant la crête, les pentes, le cap et la baie La baie de Cerbère : route en encorbellement et digue bloquant la vue sur la mer
    Urbanisation, routes et parking dégradant le paysage naturel du cap Béar Dégradation d'un site naturel par une multiplication de routes et surfaces minéralisées ; ici le cap de Peyrefite Mobile-homes sur le cap de Peyrefite

    Au-delà des mesures de protection et de gestion des espaces ou sites remarquables de la côte, un travail de réparation est à engager pour résorber quelques « points noirs » apparus au cours des dernières décennies, préjudiciables à la valeur des paysages de la côte. Le présent atlas en a identifié un certain nombre. Ils sont de plusieurs ordres :

    • des points noirs architecturaux : par leur emplacement et parfois par leur aspect, certains bâtiments font « tâche » dans le paysage de la côte ; on peut citer en particulier le centre médical de la plage de Peyrefite (Cerbère), certains hangars de la baie de Port-Vendres ;
    • des points noirs urbanistiques : il s’agit là d’ensembles bâtis tout entiers dont l’emplacement fragilise les valeurs paysagères en place, notamment en « débordant » les sites bâtis remarquables et en gagnant des secteurs sensibles : crêtes, coupures d’urbanisation, pentes largement offertes à la vue, etc ; c’est le cas notamment des crêtes et coupure d’urbanisation entre Collioure et Port-Vendres, dégradée par une colonisation tous azimuts du bâti : en crêtes, sur pentes et même sur caps ;
    • des points noirs d’infrastructures : ce sont les aménagements radicaux des infrastructures, généralement routières, réalisés sur la côte pour améliorer son accessibilité : rampes en surplomb de falaise sur les sites des plages de Banyuls et surtout de Cerbère en particulier ; mais ces aménagements violents dans les sites peuvent être également ferroviaires (Cerbères), maritimes (digue de Cerbère) ou hydrauliques (la Baillaury à Banyuls) ;
    • des points noirs d’espaces publics, ou d’accueil du public, mal aménagés ou dégradés par une fréquentation mal maîtrisée : c’est le cas particulièrement d’un certain nombre de pointes ou caps tels que le cap Béar et le cap de Peyrefite.

    Au-delà de cette reconnaissance générale, c’est une véritable politique de reconquête qualitative qui reste à mettre en œuvre :

    • un recensement exhaustif, identifiant non seulement la localisation de ces points problématiques, mais également les propriétaires ou acteurs en jeu et les principes d’actions à entreprendre,
    • une hiérarchisation en fonction de leur importance,
    • une définition des priorités d’interventions en fonction des facilités/difficultés de mise en œuvre,
    • la mise en place des programmes de financement et autres outils éventuels d’actions,
    • et même un suivi photographique (type observatoire) des travaux engagés, afin de garder la mémoire des efforts engagés.

    A ce travail de réparation, s’ajoutent quelques actions majeures de valorisation comme la création d'un sentier littoral, qui manque aujourd’hui.

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