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> Paysages des Pyrénées orientales : les enjeux majeurs

  • 1. La maîtrise de l'urbanisation et la requalification paysagère de la côte sableuse
     
  • 2. La valorisation paysagère de la côte rocheuse
     
  • 3. La maîtrise de l'urbanisation dans la plaine du Roussillon
     
  • 4. La préservation des paysages du synclinal du Fenouillèdes et de la vallée du Verdouble
     
  • 5. L'organisation paysagère des vallées du Tech et de la Têt
     
  • 6. La préservation et la gestion des grands espaces de nature
     
  • 7. La préservation du cadre agricole et naturel de Cerdagne et du Capcir
     
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    > Paysages des Pyrénées orientales : les enjeux majeurs

    1. La maîtrise de l'urbanisation et la requalification paysagère de la côte sableuse

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    Le littoral sableux des Pyrénées-Orientales, qui s'allonge sur 35 kilomètres environ, présente un rivage rectiligne, constitué d’un lido, d’étangs littoraux (Salses-Leucate et Canet) et de zones humides. Comparé aux littoraux des autres départements de la région, il bénéficie d’une toile de fond montagneuse particulièrement remarquable, déjà sensible dans l’Aude mais plus exacerbé encore ici, avec non seulement les Corbières, mais aussi le Canigou et les Albères, qui marquent l’horizon de leurs silhouettes impressionnantes. En revanche, comme tout le littoral sableux du Languedoc-Roussillon, cette côte lagunaire est longtemps restée inhospitalière et insalubre. Son aménagement est récent, amorcé dans les années 1960 à l'initiative de la Mission interministérielle pour l'aménagement du littoral du Languedoc-Roussillon (Mission Racine). Il se concrétise dans le département par la construction des unités touristiques de Leucate/Le Barcarès et Canet/Argelès-sur-Mer. Aujourd'hui, la côte sableuse présente un front urbain presque continu, de qualité inégale voire contrastée en termes d’urbanisme, d’architecture et d’espaces publics. Quant aux rares espaces naturels préservés, ils apparaissent particulièrement précieux… et fragiles.
    Globalement, les grands défis pour l’aménagement qualitatif de la côte sableuse portent désormais sur sa requalification paysagère, mais aussi, encore et toujours : sur la maîtrise de l’urbanisation.

    Plus précisément, on peut identifier au moins trois enjeux majeurs :

    • Le confortement des coupures d’urbanisation et des espaces de nature, la gestion de l’accueil du public
    • La préservation des espaces agricoles et naturels de "l'arrière littoral" : vers un « avant-mer », espace d’accueil pour le littoral
    • Le renforcement des plantations en accompagnement de l’urbanisation balnéaire


    Le confortement des coupures d’urbanisation et des espaces de nature, la gestion de l’accueil du public

    L'embouchure du Tech : un " espace de respiration " verdoyant, protégé par la réserve naturelle du Mas Larieu Cordon dunaire fragilisé par le piétinement en l'absence de cheminements identifiés Installation de ganivelles afin de protéger les dunes du lido de l'étang de Canet
    Abords inhospitaliers des cabanes de pêcheurs sur les berges de l'étang de Canet Linéaire de places de stationnement le long de la route RD81a sur le lido de l'étang de Canet Traitement non valorisant des cheminements traversant les coupures d'urbanisation ; ici au Barcarès
    Transition abrupte entre l'urbanisation du Barcarès et l'espace naturel des dunes Aménagement banalisant l'espace naturel ; ici à Torreilles-plage Aménagement trop minéral de pistes cyclables ; ici sur les berges de l'Agly

    L’urbanisation du lido, bien que prévue en unités de développement distinctes les unes des autres au Schéma d’aménagement du littoral Languedocien, s’est nécessairement concrétisée de façon linéaire, le long de la mer en suivant le cordon sableux. Les coupures d’urbanisation, qu’il vaut mieux qualifier d’ « espaces de respiration », s’en sont trouvé de fait fragilisées, même si elles sont aujourd'hui protégées au titre de la Loi Littoral ou par les acquisitions du Conservatoire du Littoral : Mas de l'Isle, La Ribère, étang de Canet, Mas Larieu. Le phénomène est aggravé par le développement des campings, qui offrent facilement une image urbanisée et mitée des parties « naturelles » du littoral du fait de l’addition des caravanes, des campings-cars et des mobile-homes. Les espaces de respiration sont pourtant essentiels au développement équilibré de la côte entre espaces urbains et espaces de nature.
    Le passage des routes et la création de stationnements dans les espaces de nature ou à leur contact direct, qu’ils soient marais, plages ou dunes, conduit à une intense fréquentation. Cette surféquentation se traduit par un aspect peu avenant des espaces publics d’accueil (aménagements excessivement routiers et minéralisés des abords des routes et des parkings) et par une fragilisation des milieux qui peut conduire à une accélération de l’érosion. Le lido de l'étang de Canet est particulièrement fragilisé avec le passage de la route D81a, les aires de stationnement, les accès non maîtrisés aux plages et aux berges de l'étang.
    Ainsi aujourd’hui, la reconquête qualitative de l’accueil du public dans ces espaces de respiration apparaît comme un enjeu fort du littoral. Elle peut conduire à :

    • un repositionnement et une redistribution complets des stationnements et des circulations ;
    • une maîtrise de la fréquentation du public dans les dunes : cheminements canalisés, revégétalisation / fixation des dunes (ganivelles) ;
    • la création de lisières ou espaces-tampon plantés entre la ville et l'espace naturel ;
    • la mise en valeur des paysages d'eau douce : rives des fleuves, réserve du Mas Larieu, berges de l'étang de Canet ;
    • la valorisation des circulations douces existantes (traitement plus doux, plantations d'arbres d'ombrages) et leur développement en réseau, intégrant les connexions avec les cheminements existants, notamment les circulations est-ouest vers la plaine du Roussillon.


    La préservation des espaces agricoles et naturels de "l'arrière littoral" : vers un « avant-mer », espace d'accueil pour le littoral

    La pression d’urbanisation sur le trait de côte est certes freinée par les dispositions de la Loi Littoral, mais elle tend à se reporter nettement sur les espaces agricoles et naturels de l'arrière-littoral, directement liés à la plaine du Roussillon.


    - Les espaces agricoles

    Maraîchage sur l'arrière-littoral ; ici parcelle d'artichauts entre Sainte-Marie et la route RD81
    Verger d'abricotiers en friche le long de la route RD81

    Sur les 10 communes littorales, l'espace agricole représente environ  56% du territoire, l'espace urbanisé occupe environ 14% (chiffre faible, pourtant impact important de l'urbanisation dans le paysage notamment à cause du manque d'intégration du bâti), le reste étant de l'espace naturel et en eau. Les espaces potentiellement constructibles sont essentiellement des parcelles agricoles (75% environ), situés entre les villes de la plaine du Roussillon comme Saint-Laurent-de-la-Salanque, Torreilles, Sainte-Marie, Canet-en-Roussillon, Saint-Cyprien et Argelès-sur-Mer, et les stations balnéaires qui leur sont associées. Quelques communes souhaitent poursuivre l'urbanisation des stations balnéaires en créant de nouveau centre en liaison avec les ports, notamment en s'étendant vers "l'arrière-littoral" comme à Canet, Saint-Cyprien. Les projets d'extension d'Argelès-sur-Mer vers le sud sont aujourd'hui stoppés par l'application de la Loi Littoral. De même que le port "Torrépolis" de Torreilles ;


    - Les étangs et zones humides

    Petit port de pêche sur les berges de l'étang de Salses-Leucate ; ici le Casot del Traïdor Parkings et arrière d'urbanisation sur les berges de l'étang de Salses-Leucate ; ici au Barcarès Panorama sur l'étang de Canet depuis le relief de la Costa de la Creme

    Les stations balnéaires se sont créées hors des zones humides, sur le cordon sableux du lido. Elles se tournent vers la mer, dans le meilleur des cas par la constitution des espaces publics les plus emblématiques, dans des cas plus discutables par la création d’un véritable « front » de mer bâti.
    Ce tropisme marin a fait oublier la présence des étangs en retrait : on y a laissé s’implanter les installations les moins nobles, le plus souvent sans maîtrise paysagère et greffées sur de grandes infrastructures. D’une certaine manière, les stations balnéaires récentes tournent le dos aux étendues des étangs. Cela se traduit par un linéaire d’arrière d’urbanisation dévalorisant.
    Ce problème se surajoute à celui du fonctionnement naturel même des étangs, progressivement asphyxiés par les aménagements : les routes, les digues, forment des coupures qui gênent la circulation des eaux. Celles-ci, plus stagnantes, ne s’oxygènent plus assez, favorisant le développement de la malaïgue, les « mauvaises eaux » nauséabondes en été, lorsque les algues prolifèrent ; ce phénomène est encore accentué par les eaux des cours d’eau qui se déversent dans les étangs, chargées de matières organiques et polluées aux nitrates.

    Les étangs offrent pourtant des paysages, des milieux, des lumières, de grande qualité. Un des enjeux les plus forts du littoral tient dans la reconnaissance de leur valeur, en partant à la reconquête qualitative de ces précieux milieux humides.

    La question ne se pose pas partout avec la même sensibilité :
    - les berges de l'étang de Salses-Leucate sont plutôt bien préservées à Salses-le-Château et Saint-Hippolyte, peu accessibles, avec des installations aquacoles et des "cabanons" transformés en résidences secondaires (Casot del Traïdor) ;
    - au Barcarès, la construction de marinas prévues sur des îlots et presqu'îles n'est pas achevée en raison de la prise en compte de la bande des 100 mètres de la Loi Littoral. La confrontation de l’urbanisation avec les espaces de nature y est brutale et les coupures d'urbanisation, traversées par les routes, présentent un paysage dégradé : zones de stationnement non maîtrisées, cheminements sauvages dans les sansouïres, ...
    - la Costa de la Creme, en retrait de l’étang de Canet, constitue l'unique point de vue de la côte sableuse en s'élevant à tout juste 25 mètres d'altitude. Un large panorama sur l'étang et le lido, entre les urbanisations de Canet et de Saint-Cyprien se dégage, qui mérite d’être préservé.

    Le regard tout entier tourné vers la mer, c’est finalement à tort que l’on considère l’intérieur des terres comme un « arrière » littoral. Tout à l’inverse, la présence des grandes routes en fait l’espace d’accueil et d’arrivée sur le bord de mer. La qualité du territoire se joue aussi dans cette épaisseur :

    • par la requalification et la maîtrise paysagère des infrastructures et de leurs abords,
    • par la préservation des ouvertures visuelles sur le grand paysage qu’elles offrent,
    • par l’accompagnement qualitatif des dynamiques d’urbanisation pour conforter les sites bâtis des bourgs offerts au regard,
    • par l’encouragement à l’agriculture, gestionnaire d’espaces ouverts non bâtis,
    • par le renforcement des plantations en accompagnement de l’urbanisation rétro-littorale (voir ci-dessous), notamment dans des « lisières » ou espaces-tampons à créer à l’interface urbanisation/espaces « naturels »,
    • par la qualification de ces plantations :
      - en privilégiant les essences locales adaptées aux conditions écologiques difficile du secteur,
      - en usant avec tact des essences très décoratives (type palmiers),
      - en évitant les plantations monospécifiques.


    Le renforcement des plantations en accompagnement de l’urbanisation balnéaire

    Promenade ombragée du front de mer d'Argelès-sur-Mer Plantation dense de pins accompagnant l'urbanisation d'Argelès-sur-Mer Rue abondamment plantée à Argelès-sur-Mer
    Port-Barcarès : espaces publics peu attractifs sur les quais Front de mer très minéral ; ici à Saint-Cyprien Accompagnement végétal trop faible ; ici au Barcarès

    Si Argelès-sur-Mer, comme la Grande Motte dans l’Hérault, est volontiers citée comme une station balnéaire plutôt réussie et se bonifiant avec le temps, c’est en partie dû à l’ambition portée au traitement des espaces publics, et notamment aux plantations : aujourd’hui à maturité, elles offrent des ambiances agréables et ombragées, mais permettent aussi d’accompagner les volumes bâtis et de les inscrire plus en douceur dans le paysage littoral. Lorsque ce tissu végétal de l’urbanisme manque, au Barcarès, à Saint-Cyprien, à Canet, à Sainte-Marie-plage, à Torreilles-plage, l’urbanisation balnéaire apparaît alors avec une force excessive dans ces milieux plutôt doux et changeants, faits de sable et d’eau. Le renforcement ou la création du tissu végétal de l’urbanisme balnéaire apparaît ainsi comme un enjeu fort pour le littoral des Pyrénées-Orientales. C’est particulièrement vrai pour les transitions, sur les marges de l’urbanisation, en accompagnement des voiries principales mais aussi au contact des espaces de nature : mer, étangs, coupures d’urbanisation.

    Cette présence végétale, difficile à gagner dans ces milieux écologiques spécifiques (vent, sel, sols superficiels ou pauvres), mérite une réalisation de plans de plantations particulièrement soignés, attentifs à privilégier les essences locales et écologiquement adaptées, à diversifier les essences en évitant les peuplements monospécifiques, à user avec doigté des essences très décoratives, à caractère touristique international (et donc banalisant), à tenir compte des essences allergènes. La réalisation d’un cahier de recommandations, à disposition des maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre, pourrait aider à cela.
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