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> Paysages des Pyrénées orientales : les enjeux majeurs |
> Paysages des Pyrénées orientales : les enjeux majeurs 3. La maîtrise de l'urbanisation dans la plaine du RoussillonL’étonnante plaine du Roussillon représente un enjeu majeur en termes de paysage à l’échelle des Pyrénées-Orientales. On le comprend aisément : si la plaine, pour la seule Communauté d'agglomération Perpignan Méditerranée (qui regroupe 24 communes autour de Perpignan), ne représente que 8 % du territoire départemental, elle accueille plus de 60% de la population (avec environ 215 000 habitants en 2007 selon l'INSEE) ; elle constitue en outre un territoire largement circulé, visible et visité, en appartenant à l’arc méditerranéen, aux portes de la Catalogne espagnole. La valeur paysagère de la plaine est liée à plusieurs facteurs :
Les principales dynamiques d’évolution à risques pour la plaine concernent à la fois l’urbanisation, les infrastructures et l’agriculture.
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Partie intégrante de l’arc méditerranéen, porte de l’Espagne catalane, territoire d’accès au littoral, carrefour des pays littoraux avec les pays de montagne, la plaine a sans surprise vu ses infrastructures se multiplier et se dilater (A9, N9, N114, N116, chemin de fer). La dernière née des grandes infrastructures est la ligne TGV connectant la France et l’Espagne.
Pour les paysages, les risques et les problèmes de ce réseau dilaté d’infrastructures sont :
L'agriculture est encore très présente, notamment dans la Communauté d'agglomération Perpignan Méditerranée, avec près de 45% du territoire consacré à la production agricole (15 000 ha sur les 28 000 ha du territoire selon la DDAF 66 en 1999), 1 293 exploitations en 2000 sur ce territoire, qui représentent 18,7% des exploitations du département et occupent 25% des actifs agricoles (sources DDAF 66).
Mais, bien que dynamique, l'agriculture est aujourd'hui menacée par la consommation des terres dévolues à l'urbanisation et aux infrastructures : entre 1978 et 2000, plus de 3000 ha de terres agricoles ont été urbanisées dans la seule Communauté d’agglomération de Perpignan (source DDAF) ; près de la moitié des exploitations ont disparu depuis 1988 (-1 227) ; et 25% des surfaces cultivables sont aujourd'hui en friche.
Aujourd’hui, l’enjeu majeur pour la plaine du Roussillon tient dans la cohabitation apaisée entre l’urbanisation et les espaces agricoles, sous forme de ce que l’on pourrait appeler une ville agro-urbaine à constituer, à organiser et à dessiner.
La cohabitation durable de la ville (l’urbanisation) et de l’agriculture à l’échelle de la plaine du Roussillon tout entière suppose l’adoption de plusieurs principes :
l’identification et la protection stricte sur long terme des espaces agricoles clefs en matière économique (valeur des sols, des cultures, sans empêcher les structures d’exploitation d’exister), en matière de paysage (qualité des ambiances, richesses des motifs, ouvertures visuelles offertes, accessibilité ou visibilité au bénéfice des habitants riverains, …) et en matière de structuration du territoire (coupures d’urbanisation, espaces de respiration, …) : ceci afin de décourager la spéculation foncière sur ces espaces. Cette mesure coifferait en quelque sorte l’ensemble des mesures déjà engagées ou en cours visant à conforter la place de l’agriculture dans la plaine agro-urbaine du Roussillon : par exemple la multiplication des CTE (aujourd’hui CAD) pour favoriser l'installation de jeunes, notamment dans la viticulture, la convention signée entre la Chambre d'agriculture et l'agglomération Têt Méditerranée (aujourd’hui PMCA : Perpignan Méditerranée Communauté d’Agglomération) pour trouver de nouveaux preneurs pour les friches, l’étude sur l'état d'occupation des sols et leur potentiel afin d'identifier les zones stratégiques, … Elle pourrait prendre différentes formes : outre le classement en risque d'inondation, qui participe déjà grandement au maintien des parcelles agricoles (47% du territoire de la plaine est en zone inondable - chiffres : INSEE et DDA 1999-) : l'inscription de zones agricoles protégées dans les PLU (aucune ZAP en 2008 dans le département) ; la création d'un outil d'acquisition foncière au niveau de l'agglomération, la délimitation par le Conseil Général d’un périmètre d’intervention pour la protection et la mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains (PPEAN – loi du 23 février 2005 relative au développement des territoires ruraux), … A noter que la Communauté d’agglomération Perpignan Méditerranée élabore une charte paysagère sur le thème ‘agriculture et espaces naturels périurbains’ dans le cadre de l’association Terres en Villes à laquelle elle est affiliée.
l’élaboration d’une trame verte et bleue, telle qu’elle a pu être redéfinie par le Grenelle de l’Environnement, sur l’ensemble de la plaine, afin d’identifier les espaces de nature, de les délimiter et de les mettre en réseau par des continuités d’espaces non bâtis : corridors écologiques au bénéfice des plantes et des animaux, circulations douces au bénéfice des hommes ;
le développement du réseau de circulations douces : favorable et opportun grâce à une topographie moins marquée que partout ailleurs dans le département, et à une forte densité de population. Ce réseau est notamment à développer au sein des espaces de nature protégés, le long des cours d’eau, rigoles et canaux, mais aussi entre les villages ou bourgs, et vers les principaux équipements et points de centralités (centres-bourgs, commerces, stations de transports en commun, écoles, médiathèques, ...) ;
la promotion d’une architecture contemporaine, intégrant dans la conception globale les dispositifs environnementaux (ventilation naturelle, récupération de l’eau pluviale, panneaux solaires, … ) ainsi que les matériaux contemporains (dont le bois), en cohérence de forme, de volume, d’implantation et de couleur avec le contexte ;
l’insertion des équipements d’énergies renouvelables : l’ambition de faire de Perpignan un exemple mondial de production d’énergie renouvelable suppose, à court terme (convention Grenelle 2015) d’installer 40 éoliennes, 3 centrales solaires au sol et de généraliser les toitures solaires sur les bâtiments publics. Plus globalement, la plaine dans son ensemble est très concernée par les champs photovoltaïques. D’après la CCI, un millier d’hectares sont potentiellement concernés dans la plaine ( cette énergie bénéficie en effet de conditions financières attractives : en 2008, alors que, pour l’éolien terrestre, le rachat du KWh est garanti à 8 ct pendant 10 ans, il est à 30 ct pour le photovoltaïque. En outre, le photovoltaïque ne créant pas de SHON, il n’est pas soumis à la demande de permis de construire).
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