Atlas des paysages - Diren Languedoc-Roussillon
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> Les fondements des paysages de l'Hérault

  1. 1. Les paysages et les reliefs
  2. 2. Les paysages et la géologie
  3. 3. Les paysages et l’eau
  4. 4. Les paysages et la couverture boisée
  5. 5. Les paysages et les espaces agricoles
  6. 6. Les paysages, l’urbanisation et les infrastructures
> Les fondements des paysages de l'Hérault

4. Les paysages et la couverture boisée


Un fort contraste entre les plaines du bas Languedoc et les montagnes du haut Languedoc

Le bois des Aresquiers : cas bien trop rare de forêt offrant son ombrage sur le littoral
Le Grand Bosc près de Portiragnes : cas bien trop rare de forêt dans la plaine
La forêt du causse de Viols-le-Fort vue depuis les pentes du Pic Saint-Loup
La masse boisée du causse de la Selle autour des gorges de l’Hérault
Chênes verts (à gauche) et épicéas (à droite) près de Lamalou-les-Bains
Marbrures rousses de châtaigniers dans les chênes verts, Monts d’Orb
années 1950 (Réserve nationale de chasse et de faune sauvage)
Traversée de hêtraie dans les avants-monts
Landes et forêts des monts de l’Espinouse
Fermeture progressive du causse du Larzac dans les secteurs non pâturés
Sommet ouvert du Caroux, entretenu par l’élevage et les mouflons réintroduits dans les années 1950 (Réserve nationale de chasse et de faune sauvage)

La couverture boisée de l’Hérault correspond assez bien au découpage des grands ensembles de paysages identifiés dans la partie « Organisation des paysages » :

  • au nord-ouest, la montagne et ses contreforts apparaissent massivement boisés ;
  • à l’inverse, le littoral, les grandes plaines, et les collines du Biterrois et du Piscénois, offrent étonnamment peu de surfaces boisées, tout comme, dans une moindre mesure, le causse du Larzac ;
  • à l’est, les garrigues présentent un partage de l’espace boisé moins caricatural, plus imbriqué avec les espaces ouverts agricoles.

A une échelle plus fine, la couverture boisée contribue à différencier les unités de paysages les unes des autres, en accompagnant souvent les logiques d’organisation des reliefs. On le voit par exemple dans l’opposition franche entre la plaine de Fabrègues (unité de paysage n° 6), exempte de forêts, prise entre la montagne de la Gardiole (unité n° 2) et la garrigue d’Aumelas et la montagne de la Moure (unité n° 17) où la couverture boisée domine.

Cette répartition hétérogène et contrastée de la couverture boisée à l’échelle du département est un héritage des 150 à 200 dernières années. Jusqu’au XVIIIe siècle, les difficultés de transports des marchandises conduisaient la population à s’organiser de façon relativement autonome pour subvenir à ses différents besoins : un certain équilibre imposé était ainsi établi entre l’ager, le saltus et la silva, pour la production agricole, animale et forestière, même si des productions spécialisées s’échangeaient dans les marchés et les foires, transportées au fil des chemins du sel, du poisson, des drailles, des camin ferrats, etc. Cet équilibre imposé s’opérait de façon fine dans l’espace, à l’échelle de l’homme, de ses capacités de production et de déplacement.
A partir du XVIIIe siècle, cet équilibre se fragilise : la pratique intensive du défrichement pour étendre les terres à blé (ou emblavures) ou pour développer le vignoble a pour conséquence la réduction du saltus. Les assauts répétés des gentilshommes verriers, gros consommateurs de charbon de bois, font reculer la silve. La création du canal du Midi et du port de Sète favorisent le transport des eaux de vie et accessoirement du vin : le vignoble commence son développement de masse.
Le changement radical s’opère au XIXe siècle, lorsque la révolution industrielle et l’amélioration des transports, notamment le développement du chemin de fer, vont bouleverser l’ « ordre éternel des champs ». Dans l’Hérault, la création du chemin de fer offre de nouveaux débouchés pour la production viticole, qui accroît ses surfaces plantées, passant à la viticulture industrielle (voir le chapitre suivant « les paysages et l’espace agricole »). Les immenses étendues viticoles vides d’arbres qui font le paysage des plaines aujourd’hui sont les héritières de cette révolution entamée au XIXe siècle.

Inversement, les pays de la montagne se vident des hommes : crise lainière, dépérissement du châtaignier, favorisent la diaspora massive des montagnards vers les plaines et les villes. La forêt regagne du terrain, spontanément mais aussi par les reboisements opérés à partir de la fin du XIXe siècle pour lutter contre l’érosion et les inondations, et pour développer l’économie forestière. C’est le cas par exemple de la forêt des écrivains combattants, plantée à la suite des inondations de 1930 sur le flanc nord-est du Caroux.

Les paysages forestiers aujourd’hui constitués dans les massifs du Caroux, de l’Espinouse et du Somail, mais aussi dans les monts d’Orb et dans les avants-monts, sont les héritiers de cette histoire. Ils surprennent par les brusques passages des ambiances méditerranéennes aux ambiances montagnardes. Les premières sont offertes par le chêne vert qui, bien exposé sur les versants sud, parvient à grimper à plusieurs centaines de mètres d’altitude. Les secondes sont dues aux épicéas, aux sapins, aux douglas, replantés artificiellement, mais aussi aux hêtres. On peut ainsi observer, sur les flancs du Caroux au-dessus de Lamalou-les-Bains, des forêts de chênes verts côtoyer directement des bois d’épicéas : un contraste saisissant! La plupart du temps toutefois, les forêts de châtaigniers assurent la transition, héritées de siècles de cultures où « l’arbre à pain » était systématiquement favorisé. Les forêts de châtaigniers forment aujourd’hui d’étonnantes marbrures, vert clair au printemps, rousses en automne, grises en hiver, au sein des manteaux sombres et persistants des chênes verts ou des résineux.

Dans les hauts pays, le causse du Larzac fait figure d’exception. La tache blanche qu’il forme sur la carte témoigne de la rareté des forêts malgré l’altitude élevée : ici l’élevage ovin a réussi à se maintenir et se développer, grâce notamment à la production du roquefort. L’agriculture en outre, par les progrès techniques, conquiert des espaces autour du Caylar et contribue à ouvrir les horizons. C’est finalement surtout sur son rebord sud-est (mont Saint-Baudille et Séranne) que se lit la colonisation forestière des espaces autrefois pâturés, avec la présence colonisatrice des buis et des genévriers, qui précède celle des pins.

Sur les flancs des vallées du Jaur et de l’Orb, ou dans les pentes aval des avants-monts, le chêne vert constitue une forêt dense, le maquis, favorisé par la meilleure capacité des sols schisteux à retenir l’eau. C’est le cortège formé par certaines plantes qui signe la singularité du maquis vis-à-vis de la garrigue : arbousier, bruyère arborescente, bruyère multiflore, ciste à feuilles de sauge, calycotome épineux, …

Valeur et rareté des paysages où s’imbriquent la forêt et les cultures

Imbrication forêt et vignes dans les pentes basses des avants-monts (roc de Cayla près de Faugères)
Imbrication forêt et vignes vers Vailhan
Imbrication garrigue et vigne dans les rebords de la Montagne de la Moure
Imbrication vigne et forêt autour de Saint-Mathieu-de-Tréviers

Dans le contexte départemental excessivement contrasté entre grands paysages de montagne majoritairement boisés et grands paysages de plaines nues, les autres grands paysages prennent de la valeur, en offrant une imbrication plus fine des bois et des espaces agricoles. C’est le cas notamment des garrigues. Sur les terrains calcaires du département, l’antique forêt méditerranéenne a depuis longtemps cédé la place à cette formation gris-vert sombre de chênes verts et de chênes kermès qui a donné son nom au pays des garrigues. La garrigue est issue des déboisements, du pâturage et des incendies perpétrés au fil des siècles. Râpeuses et dénudées il y a encore 100 ans du fait du surpâturage, les hauteurs des garrigues, en plateaux ou en puechs, portent aujourd’hui presque systématiquement une couverture boisée, résineuse (pin d’Alep, pin pignon) ou feuillue (chêne vert). Les petites plaines qu’elles encadrent restent en revanche agricoles. Cette imbrication à échelle fine des espaces boisés et des espaces agricoles est rare dans le département. Elle contribue à la valeur de paysages comme les collines et garrigues autour de Saint-Mathieu-de-Tréviers (unité de paysage n° 16) ou les paysages autour de Saint-Chinian (unité de paysage n° 28).
Hors des garrigues, on ne trouve cette même imbrication fine que sur les pentes sud-est des avants-monts, où s’additionnent et se mêlent les reliefs boisés des avants-monts et la culture de la vigne, le tout formant un paysage remarquable (unité de paysage n° 27).

 


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