> Les fondements
des paysages de l'Hérault
- 1. Les paysages et les
reliefs
- 2. Les paysages et la géologie
- 3. Les paysages et l’eau
- 4. Les paysages et la couverture
boisée
- 5. Les paysages et les
espaces agricoles
- 6. Les paysages, l’urbanisation
et les infrastructures
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> Les fondements des paysages
de l'Hérault
3. Les paysages et l'eau
Précieuse et dangereuse : une eau ambivalente
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Le paysage d’exception : le canal du Midi, chef d’oeuvre de maîtrise de l’eau |
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Le paysage quotidien : cours d’eau bétonné (ici à Capestang) |
Comme sur l’ensemble du pourtour méditerranéen languedocien, l’eau est à la fois précieuse car rare, et dangereuse car violente dans ses débordements. C’est l’irrégularité des précipitations qui provoque cet état de fait : à des mois de sécheresse peuvent succéder quelques journées voire quelques heures à très fortes précipitations catastrophiques en septembre et durant l’automne. La relation des hommes avec l’eau traduit bien l’ambivalence éprouvée à son égard, ce mélange passionnel de crainte mortelle et d’amour vital : la maîtrise de l’eau a conduit aussi bien aux aménagements les plus héroïques et enthousiasmants qu’aux équipements techniques les plus triviaux et navrants. Les plus héroïques composent parfois des paysages culturels mondialement reconnus, tels le Pont du Gard dans le Gard, ou le canal du Midi dans l’Hérault et dans l’Aude ; les plus triviaux font malheureusement encore trop souvent le paysage quotidien : celui du cours d’eau bétonné, « enroché », enfriché, voire radicalement busé. Le plus étonnant est qu’il faut parfois peu de chose pour passer du pire au meilleur … et vice-versa : dans le Languedoc plus qu’ailleurs, l’eau est une chose trop importante pour la laisser dans les mains des seuls techniciens.
Le passage en force des eaux et la diversité des paysages
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Les gorges de l’Hérault, entre le Pont du Diable et Saint-Guilhem-le-Désert |
Le département porte bien son nom : c’est bien l’Hérault le fleuve principal qui traverse le département en son centre du nord au sud. Cette direction est reprise par presque l’ensemble des cours d’eau, qui descendent de la montagne à la mer : le Vidourle en limite du Gard, l’Orb, le Libron, le Coulazou, la Mosson, le Lez, etc. Pourtant, les reliefs creusés par l’eau principalement au cours du quaternaire, ne dessinent le paysage qu’à une échelle réduite et précise : les grands paysages morphologiques prennent plutôt une direction nord-est/sud-ouest, gardant la mémoire des déformations tectoniques majeures plus anciennes héritées des ères primaire et tertiaire. C’est pourquoi le passage en force des cours d’eau dans ces grands paysages morphologiques contribue à la multiplication des séquences paysagères au fil de l’eau : l’Orb, par exemple, va prendre des visages très diversifiés malgré un parcours relativement bref : le fleuve va successivement traverser les zones montagneuses des monts d’Orb (unité de paysage n° 35), former une plaine fertile isolée dans la montagne autour de Bédarieux (unité de paysage n° 31), longer le pied du Mont Caroux (unité de paysage n° 32), traverser en force les avants-monts (unité de paysage n° 30), former une plaine inondable et fertile au pied de Béziers (unité de paysage n° 13), s’épandre en large plaine à proximité du littoral (unité de paysage n° 9).
La confrontation forte de l’eau et des grandes logiques morphologiques contribue également à dessiner des sites naturels étonnants :
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l’Orb qui passe en force dans les avants-monts autour de Roquebrun (unité de paysage n° 30) ;
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la Lergue et ses affluents qui entaillent les rebord du causse du Larzac (unité de paysage n° 25) ;
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la Cesse vers Minerve, la Buèges et l’Hérault entre Ganges et Saint-Guilhem-le-Désert, et bien sûr la Vis dans le causse, qui taillent des gorges ;
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à une échelle moindre le Coulazou dans la garrigue d’Aumelas, la Mosson et le Lez dans l’agglomération de Montpellier.
Les étangs lagunaires en contrepoint des violences fluviales
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L’îlot de Maguelone et l’étang de l’Arnel |
Sur le littoral, la succession des vastes étangs aux eaux lumineuses et lisses dessine des paysages empreints de sérénité qui contrastent radicalement avec la force des cours d’eau à l’amont. C’est sur un des rares îlots qu’on y a édifié la cathédrale de Maguelone. Formés par l’édification naturelle du lido par la mer, qui a ralenti l’évacuation des eaux terrestres (voir le chapitre « les paysages et la géologie »), les étangs font l’objet d’un intérêt renouvelé, notamment en raison de leur valeur écologique : ils sont aujourd’hui préservés en ZNIEFF, ZICO, sites classés et Natura 2000. Mais cet intérêt fait suite à une longue période de désintéressement, qui a conduit à des aménagements fragilisant leur qualité :
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le bouchage de la circulation libre des eaux par le passage des infrastructures en digue provoque la malaïgue en été : les mauvaises eaux trop stagnantes qui s’encombrent d’algues, sentent mauvais, aggravent l’eutrophisation ;
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le tropisme vers la mer a conduit à une urbanisation récente linéaire du lido qui tourne le dos aux étendues lagunaires ;
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la course de l’agglomération Montpelliéraine à la mer fragilise les lagunes, « obstacles » entre la ville et la Méditerranée, lieux d’aménagements déqualifiants : routes à grande circulation, queues d’urbanisation linéaire médiocre autour de ces mêmes routes, implantation d’équipements peu nobles (pistes de l’aéroport de Fréjorgues, prison de Villeneuve-lès-Maguelonne, décharge du Thôt, …), etc.
La rareté des zones humides et les lacs artificiels
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L’étang de Vendres, vaste zone humide à l’embouchure de l’Aude, ancienne lagune en voie d’atterrissement |
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Zone humide signalée par ses roseaux vers Agde : une « maïre » |
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Le lac du Salagou, ici harmonieusement inscrit dans les ruffes |
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Le « réservoir » d’Avène, dans les monts d’Orb |
Hors des étangs lagunaires du littoral, les étendues d’eau naturelles et même les zones humides sont rares dans l’Hérault. A l’ouest du bassin de Thau, les lagunes davantage comblées laissent place à des maïres, des zones humides relictuelles, qui s’assèchent chaque année et sont envahies par les eaux lors des fortes pluies. L’étang de Vendres forme la plus vaste zone humide, bien perceptible depuis les reliefs qui l’encadrent, dessinant comme un amphithéâtre vers la mer. Plus à l’intérieur des terres, l’étang de Capestang couvre 1 900 ha, discrètement signalé dans le paysage de la plaine de l’Aude par les roseaux qui occupent les parties les plus humides. Ici aussi les zones humides sont à la fois protégées pour des raisons hydrauliques et écologiques et fragilisées par la pressions urbaine et touristique, notamment entre l’arrière-pays Biterrois et le littoral d’Agde/Valras : passage des routes à grande circulation menant à la mer, accompagnées de leur cortège de marchands de mobile-homes, de zones d’hivernage des caravanes, etc.
Hors des proximités du littoral, il faut atteindre les hauteurs montagneuses du Caroux et de l’Espinouse pour découvrir quelques zones humides sous forme de tourbières d’altitude.
Les lacs existants sont artificiels, créés pour la production d’électricité, pour réguler les écoulements et pour irriguer : réservoir d’Avène sur l’Orb, qui noie le fond de vallée aux pentes boisées raides, lacs de la Raviège et du Saut de Vézoles aux confins nord-ouest du département ; lac du Salagou entre Clermont-l’Hérault et Lodève. Ce dernier dessine un paysage d’eau nettement plus réussi que la moyenne des lacs artificiels : les rives sont douces et non raides, donc facilement parcourables et appropriables, favorables aux transitions végétales progressives d’aspect plus naturel ; la forme du lac est complexe, avec des presqu’îles qui enrichissent les paysages et les milieux ; enfin et surtout l’eau bleue contraste spectaculairement avec le rouge des ruffes alentours. Dans un tel cadre, c’est l’intégration des équipements touristiques et de loisirs qui est en jeu : mobile-homes notamment…
Le bâti et l’eau : la règle de la proche distance
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Roquebrun, posté sur les reliefs au bord de l’Orb |
L’implantation du bâti est largement inféodée à la logique de l’eau, qui contribue ainsi à la lisibilité des paysages du département.
Dans la plupart des cas, les villages ou les bourgs d’origine se postent à la fois à proximité et à distance de l’eau, pour en bénéficier sans subir les nuisances de ses débordements : proches de l’eau donc, accrochés à un relief, sans être exactement au bord même de l’eau. Dans l’Hérault, ce positionnement précis à proche distance se constate par exemple à Montpellier, dans sa relation avec le Lez ; à Ganges, Saint-Guilhem-le-Désert, Gignac, Paulhan, Pézenas, Bessan, Agde, proches de l’Hérault ; à Béziers, Roquebrun, Murviel-lès-Béziers, proches de l’Orb ; etc.
La précision de la relation entre le bâti et l’eau explique la capacité d’accueil limitée de l’urbanisation : lorsque la règle fondamentale de la distance à l’eau est oubliée ou niée, des catastrophes chroniques ont lieu dues aux inondations, ou, dans le cas du littoral, à l’érosion, voire à des catastrophes potentielles liées à la montée générale du niveau de la mer.
Des sites bâtis remarquables
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Minerve, à la confluence de la Cesse et du Briant |
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Saint-Jean-de-Buèges, sur la Buèges |
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Ganges sur le Rieutord |
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Olargues sur le Jaur |
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Les quais d’Agde sur l’Hérault |
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Sète et ses magnifiques perspectives d’eau |
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Port Ariane, quartier récent de Lattes composé avec le Lez |
La règle de la proche distance a conduit les villages et les villes à rechercher la présence des reliefs près de l’eau. Des sites bâtis parfois spectaculaires se sont ainsi construits, qui contribuent à la valeur des paysages héraultais : le mont Saint-Clair, Sète et la mer ; Béziers, la cathédrale Saint-Nazaire et l’Orb ; demain peut-être Montpellier, la nouvelle mairie et le Lez ; Lodève et la Lergue ; Bédarieux et l’Orb ; mais aussi les villages de Roquebrun (Orb), Minerve (confluence de la Cesse et du Briant), Olargues (Jaur), Saint-Jean-de-Buèges (Buèges) , la Salvetat (Agout), … : autant de sites bâtis magnifiés par la proximité de l’eau.
Des paysages urbains mêlant plus intimement l’architecture et l’eau ont même réussi à être composés : Sète et ses magnifiques perspectives d’eau, uniques dans le contexte Héraultais, Agde et ses quais sur l’Hérault, et plus près de nous : Palavas ou Lattes (Port Ariane) autour du Lez.
Des équipements liés à l’eau qui contribuent à la valeur patrimoniale des paysages
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Pont vieux sur l’Orb au pied de Béziers |
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Pont d’Ambrussum (Voie Domitienne) sur le Vidourle |
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Pont du Diable sur l’Hérault (Saint-Jean-de-Fos) |
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L’aqueduc de Castries |
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Le château d’eau en forme de temple de la promenade du Peyrou (Montpellier), aboutissement de l’aqueduc Saint-Clément |
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Le canal du Midi et ses platanes |
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Les écluses de Fonseranes |
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Le canal du Rhône à Sète non loin de Sète |
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Le Bérange entre Saint-Brès et Baillargues |
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Passage sur l’eau à Saint-Guilhem-le-Désert |
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Lavogne sur le causse du Larzac |
La maîtrise de l’eau a conduit à des réalisations techniques remarquables qui rentrent parfois dans le champ patrimonial du paysage : la plus remarquable et célèbre de ces réalisations est le canal du Midi, site classé et inscrit au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO.
- Ponts :
les vestiges du pont d’Ambrussum sur le Vidourle, le pont sur l’Orb au pied de Béziers, le Pont du Diable à Saint-Jean-de-Fos, le pont de Gignac, le pont-canal de Béziers (1854-1857), … ;
- Aqueducs :
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à Montpellier, l’aqueduc Saint-Clément court sur 17,5 km pour s’achever de façon festive aux portes de la ville, sur la promenade du Peyrou, sous forme d’un temple d’eau, ce dernier réalisé au XVIIIe siècle par l’architecte montpelliérain Jean Antoine Giral ;
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à Castries et dans la campagne environnante, l’aqueduc du château s’allonge spectaculairement sur 7 kilomètres dans la campagne et dans le bourg ; réalisé en 1670, il est donc contemporain des aqueducs réalisés autour de Versailles pour alimenter les jardins de Louis XIV ; à Castries, l’aqueduc transporte les eaux de la source de Fontgrand jusqu’aux jardins du château ;
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non loin du Bousquet-d’Orb, l’aqueduc du château de Cazilhac alimente lui aussi les jardins ;
- Canaux d’irrigation :
le canal du Bas Rhône Languedoc, créé dans les années 1960 par la Compagnie Nationale d’Aménagement du Bas Rhône Languedoc (CNABRL), reste malheureusement peu intéressant en terme d’architecture et de paysage ; mais il contribue néanmoins à la diversité des productions des plaines de l’Hérault, notamment de Lunel-Mauguio (unité de paysage n° 5) et à l’enrichissement des paysages : par l’irrigation des terres alentours, il permet de cultiver, à côté de la vigne, des fruitiers, des légumes de plein champ, des plantes fourragères ou industrielles ;
- Canaux de circulation :
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le canal du Midi, œuvre du biterrois Pierre-Paul Riquet au XVIIe siècle, a concrétisé le vieux rêve de liaison entre l’Atlantique et la Méditerranée. L’idée maîtresse de Riquet a été de chercher l’alimentation du point de partage des eaux entre les deux bassins versants (le seuil de Naurouze) dans le château d’eau naturel que constitue la Montagne Noire. L’essai concluant qu’il fit en 1665 lança la réalisation qui s’étala de 1667 à 1681. Le travail d’amélioration du fonctionnement (lutte contre l’ensablement) fut poursuivi de 1687 à 1693, mettant en œuvre les recommandations de Vauban.
Le canal a créé par lui-même un paysage remarquable de voie d’eau à la fois par la qualité de ses ouvrages et par la qualité de ses alignements de platanes :
- des ouvrages remarquables ponctuent en effet son parcours, qui s’ajoutent aux ouvrages moins héroïques mais toujours bien dessinés (ponts, écluses, …) : la Grande Retenue, où le canal est maintenu sans écluse sur 54 kilomètres (58 à l’origine) de Fonséranes jusqu’à Argens, serpentant en suivant la courbe de niveau ; le tunnel de Malpas au pied de l’oppidum d’Ensérune et aux portes du site de Montady ; le pont-aqueduc de Répudre (hors Hérault), les écluses successives de Fonséranes au pied de Béziers, comprenant huit bassins à bajoyers courbes qui leur donnent une forme ovale ;
- les alignements de platanes quant à eux dessinent une « pièce » verticale complémentaire au ruban d’eau horizontal ; ils font baigner le canal dans une lumière particulière, cadrent les vues sur les alentours, offrent un ombrage bienvenu et limitent l’évaporation de l’eau.
Pour ces différentes raisons, le canal est aujourd’hui largement utilisé pour les loisirs et le tourisme. En prise visuelle et physique avec les pays traversés, l’enjeu pour son avenir consiste à préserver ou regagner un environnement proche à la mesure des qualités intrinsèques qu’il offre (voir partie « Enjeux majeurs ») ;
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le canal de Grave (ou du Lez) est contemporain du canal du Midi ; il reliait Montpellier à son port de Lattes et au trafic du canal des Etangs. Abandonné durant presque tout le XXe siècle, il a été en partie réaménagé pour la plaisance ; le canal de Lunel quant à lui reliait Lunel au canal des Etangs ; il n’existe plus que sous forme de conduit d’assainissement ;
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le canal du Rhône à Sète a été aménagé après le canal du Midi (1777-1808) pour relier l’ensemble au Rhône ; il a remplacé le canal des Etangs, une voie de navigation de faible tonnage à travers les étangs et d’anciens bras du Rhône, datant de l’Antiquité. Porté récemment au gabarit de 1100 t, il permet le transport de marchandises. S’il ne présente pas les qualités architecturales du canal du Midi, il forme néanmoins dans l’Hérault un étonnant chemin d’eau posé sur l’eau, en traversant les étangs successifs de la lagune littorale ;
- le petit patrimoine lié à l’eau contribue à enrichir le paysage : discrets moulins, modestes ponts, humbles lavognes, simples chemins et précieuse végétation de ripisylve, qui signale l’eau dans le paysage, est source de biodiversité et offre l’ombrage.
Des aménagements récents purement techniques dévalorisants
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Accumulation technique médiocre pour un franchissement de petit cours d’eau (la Cadoule à Castries) |
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Fossé maltraité à Vailhauquès |
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Cours d’eau bétonné à Montagnac |
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Le Peyne à Pézenas, bétonné |
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Fil d’eau non valorisé en friche, vers Assas |
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Abords non valorisés pour la source du Lez |
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Cours d’eau bétonné à Lézignan-la-Cèbe |
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Le Lez, rare exemple de cours d’eau aménagé en milieu urbain |
Aux côtés des réalisations de grande qualité, il s’en trouve malheureusement d’autres qui témoignent d’une perte de culture problématique liée à l’eau : il s’agit notamment des aménagements des cours d’eau, maltraités par les dispositions techniques qui visent à les dompter : recalibrages, bétonnage, palplanches, enrochements, barrières de protection, se succèdent et s’accumulent parfois sans ménagement, sans compter l’absence de gestion de la végétation laissée en friche, quand elle n’est pas rasée faute de place suffisante. Les ruisseaux, rivières, fleuves, roubines, canaux, méritent pourtant mieux : outre leur importance écologique, ils sont toujours un facteur potentiel d’attraction pour la population, qui trouve là des fils conducteurs pour la promenade, agrémentés par un petit patrimoine parfois de grande qualité, et par l’ombrage et la fraîcheur offerts par les arbres et l’eau. C’est ainsi que le Lez, malgré ses sautes d’humeur (les lézades), a fait l’objet d’aménagements dans Montpellier au bénéfice de la fréquentation publique et du paysage urbain. Un exemple encore bien trop rare dans le département.
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