> Paysages
de l'Aude : les enjeux majeurs
|
> Paysages de l'Aude
: les enjeux majeurs
5. La reconnaissance et la préservation de paysages agricoles remarquables

Le département de l’Aude est riche de sites et paysages reconnus et intensément visités, parmi lesquels on retiendra particulièrement le littoral, les forteresses médiévales (où s’est organisée la résistance Cathare), les gorges (de Galamus, de l’Aude, ...) et la Cité de Carcassonne. Pour autant, d’autres paysages moins célèbres, moins spectaculaires mais néanmoins remarquables participent à la qualité du territoire départemental. Tous sont le fruit d’une rencontre entre une situation topographique particulière et une activité agricole qui la révèle, la souligne et la met en valeur.
La Piège (unité de paysage n° 27)
Les vives collines de la Piège offrent des rondeurs successives inhabituelles dans le contexte régional, que souligne une agriculture soignée presque omniprésente. Le paysage est magnifié encore par les ouvertures visuelles sur la toile de fond bleutée des sommets pyrénéens, par les structures végétales qui affinent le dessin du paysage, par les sites bâtis qui se perchent volontiers en hauteur.
Le Razès (unité de paysage n° 28)
Le Razès forme transition entre la grande plaine du sillon Audois et les reliefs déjà largement boisés du Quercorb, annonciateurs des Pyrénées. Modelé en plaines et collines par le Sou et ses affluents qui le drainent, il ondule agréablement en portant une diversité de cultures qui dessine un paysage soigné. Cette diversité, rare dans le contexte régional, est liée à sa position de transition entre influences méditerranéenne et atlantique. Dominé par les reliefs qui l’encadrent de toutes parts (Malepère, Quercorb, Piège et rebord du sillon Audois), des vues dominantes de grande qualité s’ouvrent sur la marqueterie de ses cultures. L’ensemble est magnifié par la silhouette de Montréal, visible de fort loin, qui veille en sentinelle sur l’éperon séparant le Razès de la plaine du sillon Audois.
Le Cabardès et son piémont (unités de paysage n° 25-26)
Les croupes pâturées et cultivées du Cabardès forment une riante transition entre les hauteurs boisées de la Montagne Noire et les plaines du sillon Audois. Le vert clair des pâtures, rare dans le contexte départemental (et régional) apporte une agréable note de diversité. Séparées par des vallons ombreux, inclinées et tournées vers le sud, elles ouvrent des vues lointaines et larges remarquables sur la plaine en contrebas, magnifiées par la chaîne des Pyrénées bleutée à l’horizon. Les villages composent des sites bâtis en balcon, dont le plus spectaculaire est celui de Saissac.
En contrebas, les cuestas calcaires forment comme des vagues qui viennent buter sur le Cabardès. Elles dessinent une alternance de crêtes en garrigues et de plaines étroites et longues cultivées qui forment autant de sites riches de diversité complémentaire.
Les vallées de la Montagne Noire (unité de paysage n°24)
Taillant à vif dans les schistes sombres de la Montagne Noire, les ruisseaux de l’Argent-Double, du Clamoux et de l’Orbiel composent chacun des vallées à la fois courtes, profondes et raides. Leur valeur paysagère tient au contraste étonnant entre l’austérité des pentes boisées trouées par les blocs de schistes hérissés, mais aussi du bâti lui-même schisteux, et l’aspect riant du fond étroit des vallées, amoureusement cultivés en vergers de pommiers, de cerisiers, de pêchers, de noyers et châtaigniers, en champs d’oignons doux, et en vignes. L’irrigation est soigneusement conduite en rigoles qui suivent les courbes de niveau. Les sites bâtis, souvent spectaculaires, ajoutent à l’intérêt des lieux : Citou, Lespinassière, Cabrespine, Lastours, Ilhes, Mas-Cabardès, Miraval-Cabardès, la Tourette-Cabardès, Cubserviès.
La plaine de Puivert-Nébias (unité de paysage n° 31)
La plaine de Puivert-Nébias forme comme une surprise, inattendue dans la topographie chahutée du sud du département. Ancien lac asséché naturellement, ses terres labourées rouge sombre composent un seuil étonnamment aplani au pied du rebord escarpé du plateau de Sault. Par les ouvertures et le recul qu’elle offre, la plaine met ainsi en scène ces pentes à la fois boisées et rocheuses qui la dominent, particulièrement riches de couleurs diverses à l’automne. La présence des ruines de la forteresse médiévale de Puivert, qui domine l’ensemble, achève en point d’orgue une composition paysagère remarquable.
Les plateaux de Sault (unité de paysage n° 32)
Comme la plaine de Puivert, mais dans une ambiance plus montagnarde, le plateau de Sault, séparé en deux par les gorges du Rebenty, offre des ouvertures précieuses, relativement aplanies dans le contexte montagneux des Pyrénées audoises.
Les pâturages autour de Bouisse (unité de paysage n° 19)
Au cœur des Corbières, les hauteurs autour de Bouisse sont mises en valeur par des pâturages inattendus dans le contexte boisé, refermé et sec qui prédomine. Une grosse restructuration foncière, financée notamment par l’Europe, a permis cette reconquête, avec aujourd’hui une dizaine d’éleveurs à Bouisse. Les croupes ainsi mises en évidence offrent de généreux espaces dégagés, frais et verts, ouverts sur le ciel, uniques dans le contexte Corbiérois. Des vues remarquables se dégagent sur les sommets Pyrénéens qui découpent de leurs silhouettes bleutées l’horizon au sud.
Le Val de Dagne (unité de paysage n°22)
Pris entre les hauteurs sèches et vigoureuses des Corbières et de la montagne d’Alaric, le Val de Dagne offre une parenthèse cultivée qui contraste avec les pentes qui le dominent et le cadrent en permanence. L’occupation du sol diversifiée contribue à sa valeur, de même que la précision des sites bâtis, appuyés sur le déroulé des piémonts, et la singularité des marnes noires, érodées en bourrelets à vif, surprenantes apparitions dans la blancheur dominante des calcaires.
Les Corbières méditerranéennes (unités de paysage n°13, 15, 16)
Baignant dans la vive lumière réfléchie par le calcaire, les Corbières méditerranéennes offrent de vastes espaces saisissants de solitude à quelques encablures seulement du littoral surfréquenté. Les villages sont rares, facilement espacés de 10 km, et aucune construction ne vient interrompre le labyrinthe désert de collines de garrigues et de micro plaines viticoles, qui composent une succession de sites distincts les uns des autres, au fil desquels on prend plaisir à se perdre. A toutes les saisons, la vigne, dont la présence souligne la topographie chahutée des Corbières, contraste agréablement avec la garrigue vert-de-gris et râpeuse qui la domine, piquée des taches blanches des rochers et falaises calcaires : dessin soigné des règes en hiver, vert tendre du printemps qui se prolonge étonnamment dans la chaleur et la lumière du plein été, chaudes couleurs jaunes et rousses de l’automne.
|