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> Paysages de l'Aude : les enjeux majeurs

  • 1. La reconversion de "l'arrière littoral" en espace d'accueil digne d'un bord de mer d'exception
     
  • 2. La maîtrise qualitative réciproque entre espaces agricoles, sites urbains et infrastructures des grandes plaines (sillon Audois)
     
  • 3. L'organisation paysagère et urbaine des agglomérations de Narbonne et de Carcassonne
     
  • 4. La valorisation de l'héritage industriel de la moyenne vallée de l'Aude
     
  • 5. La reconnaissance et la préservation de paysages agricoles remarquables
     
  • 6. La gestion des espaces de nature
  • > Paysages de l'Aude : les enjeux majeurs

    2. La maîtrise qualitative réciproque entre espaces agricoles, sites urbains et infrastructures des grandes plaines (sillon Audois)

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    La silhouette de la Montagne Noire dessine l horizon nord du sillon audois La Montagne d Alaric se dresse au-dessus de la plaine viticole Les coteaux de la Malepère Paysage de vigne dans le Bas-Minervois
    Champs labourés dans le Lauragais Cultures et structures végétales imbriquées dans le Carcassès La RN113 vers Alzonne L A61 vers Bram
    Le Canal du Midi vers Castelnaudary Narbonne et sa plaine bocagère Lézignan-Corbières Carcassonne : la Cité et l urbanisation récente dans la plaine
      Le Grand Bassin à Castelnaudary Limoux dans la vallée de l Aude  

    Le sillon Audois, large et longue série de plaines entre les confins du Massif Central et ceux des Pyrénées, forme l’axe naturel de communication entre Atlantique et Méditerranée. A l’échelle du grand paysage, il dessine un majestueux couloir, dont les limites nord comme les limites sud restent parfaitement lisibles : au nord l’élévation régulière de la Montagne Noire, qui s’achève en pointe au pic de Nore ; au sud la présence puissante de la Montagne d’Alaric qui se dresse avec vigueur au-dessus de la plaine, relayée à l’est et à l’ouest par les reliefs plus doux des collines Corbiéroises, de la Malepère et des collines bordant le Razès et la Piège.
    Selon l’influence climatique qui prévaut, ce couloir de plaines est mis en culture de façon progressivement variable, avec la vigne largement dominante côté est méditerranéen, et les labours dilatés à tout l’espace du Lauragais côté ouest atlantique. A l’articulation des deux influences, le Carcassès dessine un paysage particulièrement soigné où s’imbriquent les cultures dans une précieuse diversité.
    Ce couloir est logiquement emprunté par les grandes infrastructures, aujourd’hui routières, autoroutières et ferroviaires, auxquelles s’ajoute le Canal du Midi.
    Il est rythmé par les plus grandes villes du département : Narbonne, Lézignan-Corbières, Carcassonne, Castelnaudary, auxquelles s’ajoute Limoux en communication directe avec la plaine par la vallée de l’Aude.
    Quelles que soient leur nature, plutôt viticole et méditerranéenne, ou plutôt céréalière et atlantique, les plaines du sillon ont ainsi cette triple vocation : agricole, urbaine et de déplacements. Ces trois dimensions ne sont pas nécessairement contradictoires ; elles sont mêmes fondamentalement complémentaires. Mais pour être pérennes sur le long terme, et pour éviter tout gâchis d’espace, préjudiciable à l’image du département, à la qualité du cadre de vie de ses habitants et à l’économie générale du territoire - notamment agricole-, les relations entre urbanisation, infrastructures et espaces agricoles méritent d’être organisées de façon volontariste.


    Le paysage de la Cité de Carcassonne : une valeur exemplaire ?

    La Cité depuis le sud : mise à distance des infrastructures Contact direct des remparts de la Cité et des vignes La Cité de Carcassonne et l'urbanisation récente autour du village de Cazilhac Carcassonne : l urbanisation récente dans la plaine dominée par la Cité
      Point de vue sur la Cité depuis l aire de repos du Belvédère d Auriac sur l A61 Paysage banalisé de la RN9 à Narbonne  

    Le site historique de la Cité de Carcassonne est à cet égard remarquablement symbolique des relations paysagères à établir entre urbanisation, agriculture et infrastructures pour l’ensemble du sillon Audois : une ville dense, clairement délimitée dans l’espace, directement en relation avec les cultures, maintenue à distance des grandes infrastructures (A61) d’où se dégagent des vues lointaines sur la ville plus valorisantes et plus « vendeuses » pour l’Aude, le Languedoc-Roussillon et même la France, on l’admettra sans peine, que n’importe quel cortège de médiocres bâtiments d’activités. Certes il s’agit là d’un ensemble bâti exceptionnel, au caractère historique et patrimonial reconnu, figé dans ses dispositions urbaines directement héritées du Moyen Age. Il ne s’agit évidemment pas de prendre à la lettre le cas de la Cité comme un modèle paysager pour l’aménagement qualitatif du territoire. On aurait tort pourtant de réduire la valeur de la Cité à sa dimension strictement architecturale et historique. Il y a bien une valeur paysagère et urbaine tout aussi remarquable qui s’y ajoute, et dont on doit tirer enseignement. A l’heure du « développement durable », il n’est pas stupide d’analyser la durabilité d’une qualité paysagère au regard de l’histoire !
    Car le cas de la Cité, que l’on admire tant, que l’on visite tant, qui remplit les étals de cartes postales, qui fait l’image et l’emblème de tout le département, offre un paysage en contrepoint exact des processus d’évolution constatés aujourd’hui sur le restant du sillon Audois. Il y a là largement de quoi s’interroger : l’arbre cache-t-il la forêt ? Ou plus précisément : la carte postale cache-t-elle le paysage ? Que l’on en juge : alors que la Cité est dense, l’urbanisation tend à se diffuser et à s’étaler dans les espaces agricoles des plaines du sillon Audois ; alors que les limites de la Cité sont claires et nettes entre espace construit et espace cultivé, elles apparaissent de plus en plus floues et diluées dans les périphéries des villes, de Narbonne à Castelnaudary ; alors que l’A61 met en scène la Cité par un avant-plan ouvert et préservé qui maintient à distance l’urbanisation de la route, l’urbanisation en cours ailleurs s’allonge à l’inverse autour des infrastructures, formant un manchon aveugle au territoire, tout entier dévolu à l’urbanisation commerciale et à son cortège d’enseignes et de publicités : autour de Narbonne surtout, mais aussi de Lézignan, de la bastide de Carcassonne, de Castelnaudary. Ces processus ne sont pas propres à l’Aude : ils sont malheureusement nationaux. Mais au cœur du sillon Audois, la présence rayonnante de la Cité et de sa relation au  paysage, ô combien durable, les met cruellement en lumière.


    L'arrêt de l'urbanisation linéaire

    Urbanisation linéaire entre Rieux-Minervois et Peyriac-Minervois

    Les routes et autoroutes constituent les premiers vecteurs d’accès et de découverte du territoire : à ce titre elles doivent faire l’objet d’attention pour éviter l’accumulation progressive de « points noirs » dévalorisants. Les enjeux concernent les emprises, par les soins d’aménagement et de gestion que l’on saura y porter, mais aussi et surtout les 300 m de part et d’autre de ces grandes voies qui traversent les plaines. C’est là que se joue la qualité de la vitrine du territoire, en concurrence avec les intérêts particuliers des vitrines commerciales d’entreprises désireuses de se faire voir, et des opportunités foncières pour réaliser des opérations d’urbanisation. Car l’image d’un territoire ne se réduit pas à la présence visible de zones d’activités, somme toute banalisantes à l’échelle nationale puisque quasiment toutes fondées sur les mêmes modèles (voire les mêmes enseignes). Après tout, l’agriculture perceptible depuis les grandes infrastructures participe aussi de l’image d’activité de la région ; et dans le département de l’Aude, la traversée du sillon Audois est notamment l’occasion de mettre en scène le passage du monde méditerranéen au monde atlantique.


    La reconnaissance des sites bâtis

    Le Canal du Midi à Ventenac-Minervois Le village Marseillette sur un relief au bord de l Aude Le site bâti perché d'Ouveillan Caunes-Minervois adossé à la Montagne Noire

    Sans être nécessairement aussi marquants que celui de la cité de Carcassonne, les sites bâtis des villes et des villages du sillon Audois ne sont jamais posés au hasard et présentent toujours un intérêt :

    • accrochés à de légers reliefs afin d'échapper aux crues de l'Aude : Cuxac-d'Aude, Coursan, Marseillette, ....
    • en situation de piémont, adossés aux reliefs bordant le sillon audois : Moux, Moussan, Montbrun-des-Corbières, Caunes-Minervois, Bize-Minervois, ...
    • traversés par le Canal du Midi, profitant d'une situation en balcon sur les plaines agricoles : Paraza, Ventenac-Minervois, Roubia, ...
    • perchés sur des reliefs dominants les étendues planes agricoles : Castelnaudary, Capendu, Ouveillan, ....
    • en "circulades"  souvent implantées dans les plaines viticoles : Ginestas, Sainte-Valières, Laure-Minervois, Lézignan-Corbières, ...

    A ce titre, ils méritent d’être identifiés, reconnus, qualifiés, pour nourrir les choix de développement et de préservation en matière d’urbanisme.


    La matérialisation des limites d'urbanisation : lisières agro-urbaines

    L entrée de Rustiques Urbanisation récente autour de Villegailhenc

    Le concept d’entrée de ville est insuffisant pour résoudre le problème de banalisation du paysage des grandes plaines à l’œuvre actuellement. La fragilisation des abords des bourgs concerne en effet tout l’espace de contact entre « le bâti » et « le non bâti » ; elle ne se réduit pas aux seuls linéaires des voies d’entrées/sorties. C’est le concept du « tour de ville », ou de « lisière agro-urbaine », qu’il faut aujourd’hui développer : l’aménagement et la gestion, dans l’espace et dans le temps, d’une zone de contact entre les espaces urbains ou à vocation urbaine, et les espaces à vocation naturelle et agricole.
    Ces espaces peuvent prendre des formes très diverses : bande plantée de bois, bosquets, vergers, voie plantée et accompagnée de circulations douces, jardins familiaux, etc. Leur création doit être prévue dans les documents d’urbanisme et dans les opérations d’aménagement : emprises réservées des PLU, cahiers des charges des lotissements, plans d’aménagement des zones d’activités, plans d’aménagement des remembrements, … L’aménagement de ces espaces de transition doit intégrer la maîtrise urbaine, architecturale et paysagère des opérations de constructions, jusqu’aux clôtures et aux plantations des fonds de parcelles, dans les PLU et dans les permis de construire ou d’aménager.


    La nécessité d'un projet agricole

    Lotissement en projet sur d'anciennes parcelles de vignes à Sallèles-d'Aude

    Sur tout le pan est méditerranéen du sillon audois, la crise viticole actuelle se traduit par un arrachage qui n’est pas massif en 2007 mais dont on peut difficilement prévoir l’évolution. Sans projet agricole de soutien et de recherche de cultures et filières de substitution, la qualité des paysages sera irrémédiablement fragilisée par l’ouverture à l’urbanisation d’une partie des parcelles de vignes sans avenir, pour des raisons économiques et sociales de circonstance : accentuation de l’étalement urbain et du mitage, consommation irréversible des terres agricoles, banalisation des limites et entrées de villes et villages, affaiblissement des centralités, délitement des sites bâtis.


    Le renforcement et la pérennité des structures végétales arborées

    Alignements de platanes le long du Canal du Midi dans la plaine de l Aude Oliviers le long de la route vers Mirepeisset Bosquet de pins animant la plaine agricole de Castelnaudary
    Alignements de platanes sur la route d accès à Canet Cyprès parmi les vignes du Bas-Minervois

    Quelle que soit l’évolution des cultures agricoles, les structures arborées existantes participent à la qualité des paysages du sillon Audois : ripisylves, arbres isolés, brise-vent, bosquets, bois, alignements, … Elles organisent l’espace de la plaine, enrichissent les milieux naturels et les ambiances, cadrent les vues, donnent de la profondeur, « humanisent » les échelles des surfaces cultivées, offrent des repères, marquent les horizons, composent des transitions avec les routes ou l’urbanisation, etc. La valeur de ces structures végétales peut être aussi sociale (ombrage, lieux de promenade, …), écologique et cynégétique (diversification des milieux et des habitats), techniques et économiques (protection des sols et des cultures contre l’érosion et le vent, valorisation des produits issus des plantations – bois, fruits, …-, valorisation touristique des espaces aménagés, …). A ce titre, elles méritent d’être identifiées (typologies), repérées (notamment dans les documents d’urbanisme locaux), et faire l’objet de mesures de préservation, mais aussi de créations nouvelles et de gestion.


    Le renforcement de l’attractivité de l’eau

    Le Fresquel à Pennautier L Aude à Carcassonne Le petit port de Bram sur le Canal du Midi

    Si le Canal du Midi cristallise l’essentiel de l’attraction et la fréquentation des bords de l’eau, les cours d’eau naturels qui drainent le sillon audois, Aude, Fresquel, Orbieu et leurs affluents, méritent aussi une attention plus soutenue et volontariste en terme de préservation et de mise en valeur de leurs abords : bien que parfois à sec ou faiblement alimentés, ils concentrent une fraîcheur et un ombrage bienvenus dans les vastes étendues cultivées de la plaine, et diversifient les ambiances. Leur mise en valeur passe notamment par la création de bandes enherbées de protection et d’accompagnement, la gestion des berges et des ripisylves, le renforcement de l’ombrage et des plantations, l’accessibilité, le parcours par circulations douces, la mise en valeur des passages en ville ou village.


    La gestion du Canal du Midi et la valorisation de ses abords

    Abattage d arbres malades le long du Canal du Midi vers Villedubert L écluse de l Aiguille vers Puichéric

    Le canal du Midi fait l’objet depuis plusieurs années d’efforts de reconnaissance et de protection comme patrimoine culturel d’exception. Il contribue de façon majeure à la qualité paysagère des grandes plaines du sillon Audois, qu’il traverse dans toute leur longueur : par la finesses de son tracé dans la topographie des territoires, par la qualité des ouvrages construits, par l’ampleur des platanes qui l’accompagnent, par les ambiances qu’il offre (lumière, fraîcheur de l’ombre et de l’eau) et par la découverte douce du territoire qu’il autorise, en bateau, à pied ou à vélo.
    Inscrit au patrimoine mondial de l’humanité, classé au titre des sites (articles L 341-1 à 22 du code de l’environnement), il fait l’objet d’études pour définir la « zone tampon » à instaurer à ses abords, qui doit permettre de préserver ou reconquérir sa relation avec les territoires traversés. Les diagnostics montrent en effet sa fragilité : proximité des grandes infrastructures, pression du développement de l’urbanisation, demandes de modifications des gabarits des ouvrages, gestion nécessaire des structures végétales, vieillissement et dégradation des ouvrages, menace du chancre coloré du platane,…

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