> Paysages
de l'Hérault : les enjeux majeurs
- 1. L’amélioration des relations
ville / nature du littoral
- 2. La valorisation paysagère des grandes
plaines
- 3. La maîtrise qualitative de l’urbanisation
des villages dans les garrigues et les collines viticoles
- 4. L’organisation paysagère
des vallées du Jaur et de l’Orb
- 5. La gestion des espaces boisés et
de nature
- 6. La préservation des paysages des
coteaux et des piémonts
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> Paysages de l'Hérault
: les enjeux majeurs
2. La valorisation paysagère des grandes plaines
Unités paysagères n° 1, 3, 4, 5,
6, 9
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La plaine, plate et occupée par la monoculture de la
vigne (ici vers Monblanc) : des paysages moins attractifs que
dans le restant du département.
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Les grandes plaines accueillent depuis toujours les infrastructures
principales du département : ici l’autoroute A9
vers Loupian |
Les longues plaines continues qui suivent le littoral en retrait des étangs, très aplanies, n’offrent pas de reliefs marquants. Occupées essentiellement par la vigne, plus ponctuellement par l’arboriculture fruitière et le maraîchage, elles présentent peu d’obstacles et restent très ouvertes. De ce fait, elles apparaissent moins attractives en terme de paysage que le restant du département.
Parallèles au trait de côte, placées entre les reliefs des garrigues ou des collines à l’amont et les zones humides du littoral à l’aval, elles constituent naturellement le couloir de communication privilégié pour la région. Aussi accueillent-elles depuis toujours les grandes voies de communication : l’antique Voie Héracléenne, devenue Voie Domitienne avec la conquête romaine, et les versions contemporaines que sont l’autoroute A9 et la RN 113. S’y ajoutent les voies perpendiculaires reliant le littoral à l’arrière-pays.
La présence de ces grandes infrastructures, qui garantissent une
bonne desserte, et la proximité attractive de la mer et de l’agglomération
Montpelliéraine, conduisent à une forte pression d’urbanisation
sur ces plaines, pour l’habitat comme pour les activités.
Cette pression ne se traduit pas par du mitage d’urbanisation diffuse ;
elle se concrétise plutôt par un grossissement des villages,
qui par endroits tendent à se rabouter entre eux, affaiblissant
leur personnalité et développant progressivement un continuum
de banlieue. L’urbanisation rapide des plaines a aussi
pour conséquence la dégradation des limites des
bourgs : on le lit en particulier aux entrées/sorties
autour des routes, mais aussi plus globalement en circulant dans les espaces
ouverts cultivés alentours : fonds de lotissements ou de zones
d’activités, sans maîtrise paysagère de l’architecture,
des espaces publics, des clôtures, des plantations et des dessertes.
L’image des espaces agri-viticoles s’en trouvent affectée,
tout comme celle des bourgs eux-mêmes.
La valorisation paysagère des grandes plaines
de l’Hérault passe par :
Une politique d’encouragement à la plantation et à
la gestion de structures végétales
Il s’agit d’agrémenter les ambiances
et d’enrichir les milieux des vastes horizons ouverts et aplanis des
plaines : arbres isolés « signaux », bosquets
et bois, haies, alignements d’arbres autour des voies, ripisylves
autour des cours d’eau, …
La valeur de ces structures végétales peut
être à la fois esthétique (repérage, profondeur
de vues, accompagnement de patrimoine culturel construit, …), sociale
(ombrage, lieux de promenade, …), écologique et cynégétique
(diversification des milieux et des habitats), techniques et économiques
(protection des sols et des cultures contre l’érosion et
le vent, valorisation des produits issus des plantations – bois,
fruits, …-, valorisation touristique des espaces aménagés
en complément du littoral tout proche, …) ;
Une politique urbaine et paysagère pour le « tour des
villages »
Le concept d’entrée de ville est insuffisant
pour résoudre le problème de banalisation du paysage des
grandes plaines à l’œuvre actuellement. La dégradation
des abords des bourgs concerne en effet tout l’espace de contact
entre « le bâti » et « le non bâti » ;
elle ne se réduit pas aux seuls linéaires des voies d’entrées/sorties.
C’est le concept du « tour de ville », ou
de « lisière agro-urbaine », qu’il
faut aujourd’hui développer : l’aménagement
et la gestion, dans l’espace et dans le temps, d’une zone
de contact entre les espaces urbains ou à vocation urbaine, et
les espaces à vocation naturelle et agricole.
Ces espaces peuvent prendre des formes très diverses : bande
plantée de bois, bosquets, vergers, voie plantée et accompagnée
de circulations douces, jardins familiaux, etc. Leur création doit
être prévue dans les documents d’urbanisme et dans
les opérations d’aménagement : emprises réservées
des PLU, cahiers des charges des lotissements, plans d’aménagement
des zones d’activités, plans d’aménagement des
remembrements, … L’aménagement de ces espaces de transition
doit intégrer la maîtrise urbaine, architecturale et paysagère
des opérations de constructions, jusqu’aux clôtures
et aux plantations des fonds de parcelles, dans les PLU et dans les permis
de construire ou d’aménager.
Sur ce sujet, consulter aussi
le document du CAUE Hérault sur les lotissements qualitatifs et
les logements denses, téléchargeable à l’adresse
suivante (…).
Une politique de protection et de valorisation des abords des routes
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La RN 113 au Crès : problème d’urbanisation
commerciale linéaire |
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Exposition de mobile-homes au bord de la RN 112, vers Portiragnes
et Vias
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Aménagement de qualité pour ce carrefour à
Saint-Gély-du-Fesc
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Depuis l’autoroute A9, ouverture sur le bassin de Thau
et le Mont Saint-Clair |
Les routes et autoroutes constituent les premiers vecteurs
d’accès et de découverte du territoire : à
ce titre elles doivent faire l’objet d’attention pour éviter
l’accumulation progressive de « points noirs »
dévalorisants. Les enjeux concernent les emprises, par les soins
d’aménagement et de gestion que l’on saura y porter,
mais aussi et surtout les 300 m de part et d’autre de ces grandes
voies qui traversent les plaines. C’est là que se joue la
qualité de la vitrine du territoire, en concurrence avec les intérêts
particuliers des vitrines commerciales d’entreprises désireuses
de se faire voir, et des opportunités foncières pour réaliser
des opérations d’urbanisation. Car l’image d’un
territoire ne se réduit pas à la présence visible
de zones d’activités, somme toute banalisantes à l’échelle
nationale puisque quasiment toutes fondées sur les mêmes
modèles (voire les mêmes enseignes). Après tout, l’agriculture
perceptible depuis les grandes infrastructures participe aussi de l’image
d’activité de la région ; et quelle meilleure
valorisation globale du plus grand vignoble du monde que de montrer la
vigne sous son meilleur jour, c’est-à-dire amoureusement
soignée comme un jardin ?
Une politique de protection et de valorisation des abords du Canal du
Midi
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Le Canal du Midi : une galerie d’exception pour la
découverte du territoire
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Pont sur le Canal du Midi (Gourgasse)
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La proximité du Canal du Midi et des grandes infrastructures.
Ici à Cers, avec la RN 112. |
Le canal du Midi fait l’objet depuis plusieurs
années d’efforts de reconnaissance et de protection comme
patrimoine culturel d’exception. Il contribue de façon majeure
à la qualité paysagère des grandes plaines de l’Aude,
de l ’Orb et du Libron, qu’il traverse dans le département :
par la finesses de son tracé dans les territoires, par la qualité
des ouvrages construits, par l’ampleur des platanes qui l’accompagnent,
par les ambiances qu’il offre (lumière, fraîcheur de
l’ombre et de l’eau) et par la découverte douce du
territoire qu’il autorise, en bateau, à pied ou à
vélo.
Classé au patrimoine mondial de l’humanité, protégé
au titre des monuments historiques, il fait l’objet d’études
pour définir la « zone tampon » à
instaurer à ses abords, qui doit permettre de préserver
ou reconquérir sa relation avec les territoires traversés.
Les diagnostics montrent en effet sa fragilité : proximité
des grandes infrastructures, pression du développement de l’urbanisation,
demandes de modifications des gabarits des ouvrages, gestion nécessaire
des structures végétales, …
Une politique de reconquête de la Voie Domitienne
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Le pont d’Ambrussum, franchissement du Vidourle par la
Voie Domitienne : une des rares traces valorisantes de la Voie
Domitienne qui soit mise en valeur |
La Voie Domitienne est abondamment citée dans
les guides touristiques et fièrement affichée sur les bords
de l’autoroute A9. Mais concrètement elle se réduit
à sa plus simple expression : au mieux un anonyme chemin rural
d’exploitation. Il s’agit pourtant d’un linéaire
qui mériterait davantage de mise en valeur, par exemple sous forme
de « voie verte » à caractère culturel
sur le thème de la gallo-romanité, ou sur celui des déplacements
(chemins du sel, du poisson, drailles, chemins « ferrés »,
etc) ;
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