> Paysages
de l'Hérault : les enjeux majeurs
- 1. L’amélioration des relations
ville / nature du littoral
- 2. La valorisation paysagère des grandes
plaines
- 3. La maîtrise qualitative de l’urbanisation
des villages dans les garrigues et les collines viticoles
- 4. L’organisation paysagère
des vallées du Jaur et de l’Orb
- 5. La gestion des espaces boisés et
de nature
- 6. La préservation des paysages des
coteaux et des piémonts
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> Paysages de l'Hérault
: les enjeux majeurs
1. L’amélioration des relations ville / nature du littoral
Unités paysagères n° 1, 3, 4
Longtemps inhospitalier, le littoral héraultais
a concentré ses échanges maritimes par le port d’Agde,
antique, et par le port de Sète, beaucoup plus récent, sans
autre implantation humaine d’importance. La naissance du tourisme
balnéaire a révolutionné ce rapport à la mer.
La création de la station de Palavas-les-Flots, puis l’aménagement
de la côte Languedocienne au cours des années 1970 sous l’impulsion
de l’Etat (Mission Racine), ont conduit à une urbanisation
partielle du lido, ce mince et fragile cordon sableux du système
lagunaire naturel, qui sépare les étangs de la mer.
Aujourd’hui, l’urbanisation du littoral ne s’étend
plus de façon massive. Mais plusieurs défis restent à
relever pour parfaire l’aménagement qualitatif du paysage
littoral :
La reconnaissance du paysage des étangs
Les stations balnéaires se sont créées
hors des zones humides, sur le cordon sableux du lido. Elles se tournent
vers la mer, dans le meilleur des cas par la constitution des espaces
publics les plus emblématiques, dans des cas plus discutables par
la création d’un véritable « front »
de mer bâti.
Ce tropisme marin a fait oublier la présence des étangs
en retrait : on y a laissé s’implanter les installations
les moins nobles, le plus souvent sans maîtrise paysagère
et greffées sur de grandes infrastructures. D’une certaine
manière, les stations balnéaires récentes
tournent le dos aux étendues des étangs. Cela se
traduit par un linéaire d’arrière d’urbanisation
dévalorisant.
Ce problème se surajoute à celui du fonctionnement naturel même des étangs, progressivement asphyxiés par les aménagements : le canal du Rhône à Sète, les routes, les digues, forment des coupures qui gênent la circulation des eaux. Celles-ci, plus stagnantes, ne s’oxygènent plus assez, favorisant le développement de la malaïgue, les « mauvaises eaux » nauséabondes en été, lorsque les algues prolifèrent ; ce phénomène est encore accentué par les eaux des cours d’eau qui se déversent dans les étangs, chargées de matières organiques et polluées aux nitrates. Il faut aujourd’hui faire appel à des « hydroéoliennes » flottantes pour brasser les eaux des étangs et assurer leur oxygénation !
Les étangs offrent pourtant des paysages, des milieux, des lumières, de grande qualité. Un des enjeux les plus forts du littoral tient dans la reconnaissance de leur valeur, en partant à la reconquête qualitative de ces précieux milieux humides.
La question est particulièrement sensible au droit de Montpellier. La ville souhaite en effet devenir une ville littorale – ce qu’elle n’est pas-, en « digérant » les espaces qui la séparent de la Méditerranée. Aujourd’hui, cela se traduit par une urbanisation linéaire autour des axes routiers reliant la ville à la mer (routes de Palavas et de Carnon), et par l’aménagement portuaire et urbain de Lattes et Pérols. Dans cette conquête progressive, la reconnaissance de l’étang du Méjean comme centralité de nature pour le développement de l’agglomération Montpelliéraine mérite d’être affirmée : préservation et mise en valeur des espaces autour de l’étendue d’eau (dont 198 ha acquis par le Conservatoire du Littoral depuis 1981), requalification des arrières de Palavas et de Carnon, réorganisation ambitieuse des accès, circulations et stationnements du littoral et requalification des espaces publics, etc.
Pour cet enjeu, consulter aussi
la charte de qualité des cités maritimes, Conseil général
de l’Hérault, téléchargeable sur (…).
Le confortement des coupures d’urbanisation et des espaces de nature,
la gestion de l’accueil du public
L’urbanisation du lido, bien que prévue
en unités de développement distinctes les unes des autres
au Schéma d’aménagement du littoral Languedocien,
s’est nécessairement concrétisée de façon
linéaire, le long de la mer en suivant le cordon sableux. Les coupures
d’urbanisation, qu’il vaut mieux qualifier d’ « espaces
de respiration », s’en trouvent de fait fragilisées.
Le phénomène est aggravé par le développement
des campings, qui offrent facilement une image urbanisée et mitée
des parties « naturelles » du littoral du fait de
l’addition des caravanes, des campings-cars et des mobile-homes.
Les espaces de respiration sont pourtant essentiels au développement
équilibré de la côte entre espaces urbains et espaces
de nature.
Le passage des routes et la création de stationnements dans les
espaces de nature ou à leur contact direct, qu’ils soient
marais, plages, dunes ou bois, conduit à une intense fréquentation.
Cette surféquentation se traduit par un aspect peu avenant des
espaces publics d’accueil (aménagements excessivement routiers
et minéralisés des abords des routes et des parkings) et
par une fragilisation des milieux qui peut conduire à une accélération
de l’érosion. Ainsi aujourd’hui, la reconquête
qualitative de l’accueil du public apparaît comme un enjeu
fort du littoral. Elle peut conduire à un repositionnement et une
redistribution complets des stationnements et des circulations.
Le renforcement des plantations en accompagnement de l’urbanisation
balnéaire
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Transition excessivement brutale entre la plage et l’urbanisation
de Valras-plage, faute d’espace public planté |
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Plantation trop faible comparée aux volumes bâtis et
aux surfaces minéralisées, sur le front de mer de Palavas-les-Flots |
Si la Grande Motte est couramment citée comme
une station balnéaire plutôt réussie et se bonifiant
avec le temps, c’est en partie dû à l’ambition
portée au traitement des espaces publics, et notamment aux plantations :
aujourd’hui à maturité, elles offrent des ambiances
agréables et ombragées, mais permettent aussi d’accompagner
les volumes bâtis et de les inscrire plus en douceur dans le paysage
littoral. Lorsque ce tissu végétal de l’urbanisme
manque, aux marges de la Grande Motte ou plus globalement à Carnon,
Palavas, Frontignan, Balaruc, Marseillan-plage, Valras-plage, l’urbanisation
balnéaire apparaît alors avec une force excessive dans ces
milieux plutôt doux et changeants, faits de sable et d’eau.
Le renforcement et la création du tissu végétal de
l’urbanisme balnéaire apparaît ainsi comme un enjeu
fort pour le littoral héraultais. C’est particulièrement
vrai pour les transitions, sur les marges de l’urbanisation, en
accompagnement des voiries principales mais aussi au contact des espaces
de nature : mer, étangs, coupures d’urbanisation.
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