> Les
fondements des paysages des Pyrénées orientales
- 1. Les paysages et les
reliefs
- 2. Les paysages et la géologie
- 3. Les paysages et l’eau
- 4. Les paysages et la couverture végétale
- 5. Les paysages et l'espace agricole
- 6. Les paysages, l’urbanisation
et les infrastructures
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> Les fondements des paysages
des Pyrénées orientales
6. Les paysages, l'urbanisation
et les infrastructures
Une organisation urbaine largement marquée par la domination de Perpignan
L'organisation urbaine du département apparaît largement déséquilibrée, la phénomène s'étant renforcé au cours des dernières décennies. C'est ainsi que Perpignan est de très loin la ville la plus importante du département et regroupe à elle seule près d'un quart de la population des Pyrénées-Orientales (422 000 habitants), et plus d'un tiers avec sa banlieue. Seules les villes de Canet-en-Roussillon, Saint-Estève, Argelès-sur-Mer dépassent les 10 000 habitants. Les autres villes importantes sont Saint-Cyprien, Rivesaltes, Saint-Laurent-de-la-Salanque, Bompas, Cabestany, Thuir, Céret, Elne et Prades, comptant chacune entre 7 000 et 10 000 habitants. L'arrondissement de Perpignan, avec 287 272 habitants, est celui qui compte le plus d'habitants dans le département, ceux de Céret et de Prades comptant respectivement 66 624 habitants et 38 907 habitants.
Un littoral aménagé en stations balnéaires successives
Le littoral lagunaire du golfe du Lion a longtemps été peu ou pas aménagé. Seuls quelques ports et villages de cabanes de pêcheurs occupaient ce littoral insalubre où se propageait le paludisme. Les villes se sont ainsi plutôt implantées dans la plaine, sur les voies de communication, à l'écart de la mer : c'est le cas de Perpignan comme de Montpellier.
Sur la côte sableuse des Pyrénées-Orientales, seule la station de Canet verra le jour au XIXe siècle avec la naissance du tourisme balnéaire et la mode des « bains de mer ». En 1900 la station est reliée à Perpignan par un tramway (démantelé depuis) : on voit alors l'établissement de nombreuses constructions "en dur" le long de la plage qui remplacent les cabanes de senills (roseaux). L'essor sera beaucoup plus important les années suivantes avec l'instauration des congés payés en 1936.
L'aménagement touristique du littoral du Languedoc-Roussillon s'organise de façon vraiment marquante à partir de 1963 avec la mission interministérielle Racine. Dans le département deux unités touristiques seront créées : Le Barcarès et Saint-Cyprien. Les travaux d'aménagement se multiplient sur la côte sableuse depuis cette date, donnant à ce littoral sa physionomie actuelle : une succession de stations balnéaires distinctes, séparées les unes des autres par des espaces naturels protégés.
Des fonds de vallées rythmées par les implantations humaines
Si les vallées de montagne restent aujourd'hui à l'écart du développement de la plaine du Roussillon et du littoral, les nombreux bourgs qui les jalonnent témoignent de l'activité intense qui les animait autrefois. Outre le pastoralisme, ce sont surtout le thermalisme, les forges puis l'industrie textile qui ont contribué à les dynamiser.
Le thermalisme se développe dans le département à partir de 1778 avec la mise en valeur d'anciens "thermes romains" tels que les Bains d'Arles (Amélie), de Molitg ou de Vernet dont les installations sont améliorées et les accès facilités par la création de routes. Puis d'autres stations ouvrent au cours du XIXème siècle, la plupart déjà connues des Romains : Nossa près de Vinça, Le Boulou, La Fou (Fenouillèdes), Saint-Thomas (Fontpédrouse), Canaveilles, La Preste, les Escaldes (Cerdagne) et Thuès. Aujourd'hui, seules cinq stations thermales sont encore en activité : Molitg-les-Bains, Amélie-les-Bains, La Preste-les-Bains, Le Boulou et Vernet-les-Bains. Ces établissements modernisés dynamisent les vallées reculées et gardent quelques belles constructions de l'époque prospère du début du XXème siècle.
Les forges et l'industrie minière ont fortement contribué au développement des hautes vallées du Canigou et des massifs voisins. En effet, une grande variété de métaux y était exploitée : plomb, argent, cuivre, or, spath fluor, ... et surtout d'importants gisements de fer. La richesse en fer du Canigou est telle qu'elle est à l'origine de plusieurs accidents d'avions dont les appareils de pilotage étaient déréglés par la présence du métal.
L'implantation de la sidérurgie dans les montagnes du département date du VIème siècle avant J.C., mais c'est surtout à l'époque romaine que de grosses fonderies se sont installées sur les flancs du Canigou et des Albères. Au Moyen-Age, les sites se multiplient pour occuper tous les massifs jusqu'à plus de 2000 mètres d'altitude. Du XIIIème au XVIème siècle, l'apparition des moulins hydrauliques engendre le déplacement des forges dans les fonds de vallée au bord des cours d'eau. On dénombre alors près de soixante-dix forges et martinets dans les Pyrénées-Orientales. Cette industrie florissante exerce une pression importante sur les forêts largement exploitées par les charbonniers afin d'alimenter les forges. Au cours du XIXème siècle, la forge dite "à la catalane" permet de réduire par un système de soufflerie hydraulique (trompe des Pyrénées) la consommation de combustible devenu de plus en plus rare. Cette industrie florissante, notamment au XVIIème siècle alors que la production est à son optimum, a valu aux ferronniers catalans leur grande réputation, comme en témoignent les clochers de la plupart des églises ainsi que les balcons des maisons et bâtiments publics, notamment dans le Vallespir. Le manque de combustibles et la concurrence étrangère entraîneront la fermeture des derniers établissements du département : la dernière forge d'Arles-sur-Tech ferme en 1923, le haut fourneau de Ria en 1949 et l'ultime fermeture des mines de Batère dans le Vallespir clôture les deux milles d'histoire des forges. De nombreuses friches industrielles se retrouvent aujourd'hui à Arles-sur-Tech et Ria notamment, avec d'anciennes usines devenues des carcasses rouillées, des cheminées en briques, ... Sur les pentes du Canigou, les anciennes mines sont encore visibles, notamment celles de Batère sur la commune de Corsavy.
L'industrie textile se développe au XIXème siècle dans le Haut-Vallespir sous l'impulsion de la Catalogne du sud alors en plein essor industriel. C'est à Saint-Laurent-de-Cerdans que s'installe la première fabrique d'espadrilles en 1860. L'artisanat prospère et plusieurs usines ouvrent, certaines, comme Sans-et-Garcerie, en réutilisant une ancienne clouterie fermée suite à l'abandon des forges. Une ligne de chemin de fer est ouverte entre Arles-sur-Tech et Saint-Laurent et Prats, afin d'écouler les produits locaux. L'industrie textile prend son essor en 1899, avec l'installation d'une filature de jute qui fournissait les tissus et tresses nécessaires à la fabrication des espadrilles. Puis d'autres filatures sont ouvertes à Prats-de-Mollo (Pagès-Xatard), à Arles-sur-Tech, important centre industriel avec ses forges et fabriques de chocolats. Les ateliers artisanaux et industriels sandaliers se répandent dans tout le Vallespir et en 1956, on comptait 3 300 000 paires d'espadrilles produites dans le Vallespir : 2 700 000 à Saint-Laurent-de-Cerdans, 270 000 à Lamanère, 210 000 à Coustouges, 100 000 à Prats-de-Mollo, 60 000 au Tech et 18 000 à Serralongue. Cette industrie décline dès 1978 pour ne subsister aujourd'hui que de façon artisanale à Saint-Laurent. Elle marque la fin de l'économie de toute la haute vallée de la Têt dont la reconversion reste difficile. Aujourd'hui, ces villages conservent un patrimoine architectural et urbain remarquable, notamment à Saint-Laurent-de-Cerdans qui garde de son passé industriel quelques belles maisons, de nombreux ateliers, de belles ferronneries, ...
Une typologie riche de sites bâtis
La diversité des milieux et paysages qu'offrent les Pyrénées-Orientales produit une riche typologie de sites bâtis :
Les stations balnéaires de la côte sableuse
les stations balnéaires de la côte sableuse présentent un urbanisme récent (depuis 1970) orienté vers le littoral et le tourisme balnéaire de masse. Elles sont installées sur le cordon littoral, face à la mer et connectées à la plaine par de grandes voies de communication (RD 617, RD 83, RD 81, ...). Pourtant chacune présente un paysage bien distinct :
- Le Barcarès a été construit dans le prolongement de Port-Leucate sur le lido entre l'étang de Salses-Leucate et la mer. La station comprend un port, un front de mer très urbanisé et des marinas construites sur des îles côté étang ;
- Torreilles-plage ne s'est pas urbanisée, suite à l'échec d'un projet de port "Torrépolis" qui n'a jamais vu le jour. Aujourd'hui ce sont essentiellement des campings et un village de vacances qui occupent le littoral de la commune alors que des constructions récentes se multiplient vers le village de Torreilles ;
- Sainte-Marie-plage se compose d'une urbanisation essentiellement pavillonnaire et de quelques bâtiments collectifs menacés par la forte érosion des plages. Un port s'est installé dans un ancien lit de l'Agly au sud de la station ;
- Canet-plage présente un front de mer bien composé avec un dessin de façades continues bordant un boulevard longeant les plages, mais ces bâtiments ne forment qu'une mince écorce derrière laquelle se retrouve une nappe de pavillons de différentes époques ;
- Saint-Cyprien présente deux pôles avec au nord la station construite dès les années 1970 et au sud une urbanisation plus récente autour d'un port de plaisance ;
- Argelès-plage est située à 2 km du bourg d'origine. Bien boisée dès sa création, la station est agréablement ombragée par de nombreux pins parasols. Elle est aussi un important centre de camping et peut accueillir jusqu'à 100 000 personnes en été. La construction du port engagé dans les années 1980 au Racou n'est pas achevée suite à un arrêté du tribunal.
Les villages-ports des baies de la côte rocheuse
les villages-ports des baies de la côte rocheuse sont des sites bâtis beaucoup plus anciens que les stations balnéaires de la côte sableuse puisqu'ils étaient déjà des comptoirs grecs et phéniciens. Ces ports sont implantés dans des baies séparées les unes des autres par des caps plus ou moins préservés et présentent chacun des caractéristiques différentes qui contribuent à l'agrément des parcours de la côte :
- Collioure, petit port de pêche rendu célèbre par les peintres Fauves au début du XIXème siècle, est désormais envahi de touristes qui profitent de ses ruelles ombragées, nombreux monuments (château royal, église, clocher-phare, ....) et musées. Les quelques barques catalanes qui colorent le port font désormais partie du folklore bien que trois ateliers de salaisons subsistent encore et préparent les anchois de Collioure ;
- Port-Vendres possède un port de pêche et de commerce très actif où les barques jouxtent les cargos, les filets de pêche multicolores sèchent sur les quais, le bourg dégageant une ambiance authentique et animée ;
- Banyuls-sur-Mer s'inscrit dans une ample baie en fer à cheval, quelque peu dénaturée par la construction récente d'un port de plaisance. Le bourg est orienté vers le tourisme mais aussi la viticulture avec le fameux vin doux naturel Banyuls dont le terroir s'étend sur les trois autres communes de la côte (Collioure, Port-Vendres et Cerbère) ;
- Cerbère, située à la frontière espagnole, est une ville de passage peu touristique, dont l'activité principale est liée au transfert de marchandises comme en témoigne l'impressionnant réseau de voies ferrées qui domine et semble "écraser" la petite baie et la ville.
Les villages perchés dans la plaine
les villages perchés dans la plaine se retrouvent dans la plaine du Roussillon où l'on observe les sites bâtis implantés sur de légers reliefs dominant l'espace agricole. Cette position s'explique par la situation stratégique et défensive, mais aussi par un souci d'économie des bonnes terres cultivables : on construit sur les reliefs moins fertiles et dans le même temps on protège le village des inondations. Plusieurs typologies se retrouvent en Roussillon :
- site bâti sur une colline isolée (Elne, Villeneuve-de-la-Raho, ...), ou sur un pli allongé (Banyuls-dels-Aspres, Cabestany, ...) ;
- village de rebord de terrasse alluviale (Pézilla-de-la-Rivière, Canet-en-Roussillon, Le Soler, ...).
Les villages de piémont et les villages perchés des vallées
les villages de piémont et les villages perchés des vallées se sont installés au pied des pentes ou sur des promontoires afin d'économiser les terres cultivables des fonds de vallées.
On retrouve ces sites dans le Fenouillèdes et les Corbières comme à Vingrau, Tautavel ou Opoul, mais aussi dans les vallées comme à Prades adossée aux pentes du Canigou, ou Céret au pied des Albères, ... Les villages perchés sont souvent compacts et particulièrement économes en espace, et constituent les sites bâtis les plus remarquables avec des villages connus tels que Mosset, Eus, Castelnou, ...
Les villages-routes
les villages-routes se retrouvent surtout dans les vallées du Tech le long de la RN 116 qui relie le Roussillon et la Cerdagne. Dans une situation encaissée ne permettant pas de s'étaler, certains bourgs s'étirent le long des routes et souffrent aujourd'hui de la forte circulation comme à Olette et Joncet dans le Haut-Conflent, ou encore au Perthus ;
Les bourgs défensifs
les bourgs défensifs témoignent des fluctuations de frontières successives entre les royaumes de France, d'Aragon, de Majorque et la Catalogne, ils sont très caractéristiques des Pyrénées-Orientales :
- Villefranche-de-Conflent est fondée en 1092 au carrefour stratégique des vallées de la Têt, du Cady et de la Rotja ;
- la forteresse de Salses garde le passage étroit entre les Corbières et l'étang de Salses-Leucate. Elle se situe sur une ligne de front entre les royaumes d'Espagne et de France après l'annexion des Comtés du Roussillon et de Cerdagne par l'Espagne (traite de Barcelone signé en 1493) ;
- la place-forte de Mont-Louis construite par Vauban à partir de 1679 garde la nouvelle frontière entre la France et l'Espagne fixée sur les Pyrénées (traité des Pyrénées signé en 1659) ;
- les remparts de Prats-de-Mollo sont remaniés et le fort Lagarde est construit en 1683 par Vauban afin de renforcer la nouvelle frontière avec l'Espagne. Dans le Vallespir, comme en Cerdagne, les places fortes construites sous Louis XIV servent à garder la frontière mais aussi à surveiller les populations récemment devenues françaises et encore insoumises, comme en témoigne la révolution dite des "Angelets" menée par les habitants du Vallespir qui refusaient de payer la gabelle à leur nouveau suzerain.
Les stations de montagnes
les stations de montagnes marquent fortement les paysages de Cerdagne et du Capcir avec l'urbanisation s'étendant sur les versants et les cicatrices laissées par les pistes de skis. Elles voient le jour après la Première guerre mondiale lorsque la vogue des sports d'hiver s’impose. L'ouverture du Grand Hôtel de Font-Romeu en décembre 1920 et l'avènement du Train Jaune inaugurent le début de la station. L'urbanisation et le domaine skiable se développent, puis dans les années 1960-1970, d'autres stations de Cerdagne et du Capcir participeront à l'essor du tourisme hivernal. Aujourd'hui, les différentes stations se sont largement étendues et leur urbanisation englobe les villages de montagne d'origine :
- Font-Romeu regroupe plusieurs villages sous une nappe d'hôtels et immeubles accrochés au versant face à la plaine de Cerdagne,
- la station de Pyrénées 2000 jouxte le village de Bolquère avec des chalets répartis au milieu des pins à crochets,
- la station des Angles s'accroche au versant dominant la plaine du Capcir et le lac de Matemale à l'écart du village perché,
- d'autres domaines skiables moins urbanisés se retrouvent dans la plupart des communes à Porté-Puymorens, Formiguères, Puyvalador, Saint-Pierre-dels-Forcats, Puigmal 2000.
Une pression d'urbanisation marquée dans la plaine du Roussillon et sur le littoral
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La plaine du Roussillon et le littoral sont aujourd'hui marqués par une pression d'urbanisation importante se traduisant par la multiplication d'infrastructures (A9, RN 9, RN 114, RN 116, voies ferrées, ligne TGV en cours), de zones d'activités, de zones pavillonnaires.
Cette urbanisation commence dans les années 1970 lors de l'aménagement touristique du littoral par la Mission Racine. Sur la côte sableuse les constructions se poursuivent et seules quelques rares zones naturelles rachetées par le Conservatoire du Littoral préservent les coupures d'urbanisation entre les stations balnéaires, avec du nord au sud : La Ribère et Le Bourdigoul (Toreilles), l'étang de Canet, le Mas Larrieu (Argelès-sur-Mer). Ainsi, entre 1982 et 2000, 574 hectares se sont urbanisés sur la côte sableuse (10 000 logements et 14 000 résidences secondaires) contre 80 hectares sur la côte rocheuse.
Dans la plaine du Roussillon, c'est en particulier la périphérie de Perpignan qui a connu un taux de croissance spectaculaire dès 1975 : les populations des communes de Cabestany, Canet ou Le Soler ont doublé. Depuis, le développement urbain s'étend sur toute la plaine, notamment le long des voies de communication, tandis que les infrastructures se multiplient. L'urbanisation ne cesse de s'étendre autour dans la plaine et particulièrement autour de Perpignan ; les coupures d'urbanisation sont effacées en de nombreux points : les communes de Saint-Estève, Bompas, Cabestany et Toulouges sont accolées à Perpignan ; le long de la RD 617 entre Perpignan et Canet les pavillons forment un mur quasi continu ; le long de la RN 116 jusqu'au Soler les zones d'activités et les lotissements s'enchaînent.
L'étonnant développement de la Cerdagne
Bien que positionnée en haute montagne, à l'écart de la plaine du Roussillon et du littoral, la Cerdagne présente un surprenant développement, avec ses nombreuses stations de sports d'hiver, ses importantes infrastructures et son urbanisation envahissante. Le plateau cerdan présente des paysages ouverts cernés par les horizons montagneux des hauts massifs du Puigmal, Carlit, Puig Pedros, ... Il est naturellement tourné vers la Catalogne dont il a été artificiellement séparé lors du Traité des Pyrénées. Longtemps isolée, la Cerdagne connaît un rapide développement économique après la Première guerre mondiale avec l'essor des sports d'hiver mais aussi du climatisme. Profitant d'un ensoleillement exceptionnel, d'un faible taux d'hygrométrie et d'une altitude de 1200 à 1800 mètres, de nombreux sanatoriums ouvrent afin de guérir les malades de la tuberculose. Des établissements sont construits aux Escaldes et à Font-Romeu, puis de nombreuses cliniques s'installent à Osséja. Avec la disparition de la tuberculose, ces établissements se sont reconvertis dans le traitement des maladies respiratoires et notamment de l'asthme infantile, mais aussi en centre d'entraînement sportif, faisant de la Cerdagne la première station climatique de France.
Trois vallées "couloirs" à la fréquentation contrastée : Vallespir, Conflent et Fenouillèdes
Les trois principales vallées des Pyrénées-Orientales, avec du nord au sud l'Agly, la Têt et le Tech, constituent de véritables épines dorsales où se concentrent bourgs et infrastructures. L'occupation des ces "couloirs" est aujourd'hui contrastée et dépend fortement de la fréquentation des axes de communication sur lesquels ils se situent :
- le synclinal du Fenouillèdes, partiellement irrigué par l'Agly, dessine un large couloir orienté est-ouest, permettant de désenclaver les hauts cantons audois du Pays de Sault. La RD 117 assure ainsi la liaison vers Axat et la haute vallée de l'Aude, desservant les bourgs d'Estagel, de Maury, de Saint-Paul-de-Fenouillet et de Caudiès-de-Fenouillet. Une ancienne ligne de chemin de fer construite à partir de 1901 pour désenclaver le Pays de Sault parcourait 72 km entre Rivesaltes et Carcassonne. Aujourd'hui devenue la ligne touristique du Train du Pays Cathare et du Fenouillèdes, elle circule entre Rivesaltes et Axat ;
- la vallée de la Têt (le Conflent) constitue la plus développée des trois vallées. Elle permet aux Perpignanais de rejoindre la Cerdagne, important pôle de loisir et de détente en toute saison. La RN 116, d'une longueur totale de 100 km permet de connecter Perpignan à Bourg-Madame et se prolonge vers Andorre et le nord de la Catalogne. Une voie rapide (2×2 voies) suit le cours d'eau de Perpignan à Ille-sur-Têt; sa poursuite vers Prades puis vers Mont-Louis est en cours d'étude. La ligne du Train Jaune, mise en service en 1910, parcourt 62,8 km entre Villefranche-de-Conflent et Latour-de-Carol. Elle transportait aussi bien les voyageurs (avec le développement de l'économie touristique et climatique de la Cerdagne) que les marchandises (avec le chargement de minerai de fer, de lignite, de manganèse et de phosphate, mais aussi les matériaux de constructions (granit, ardoise et marbre), les productions agricoles, le bois et le bétail en période de transhumance). Menacée de fermeture en 1972, la ligne du Train Jaune est devenue touristique en 1981 ;
- la vallée du Tech (le Vallespir)est aujourd'hui la moins fréquentée des trois vallées. Longtemps très actif, avec une industrie importante tournée vers la sidérurgie et le textile, le Vallespir connaît une reconversion difficile. Le bourg de Prats-de-Mollo, situé au fond de la vallée, symbolise à lui seul l'histoire du Vallespir : un centre économique important vivant de l'élevage, de la fabrication et du commerce du drap avec un maximum de 3730 habitants en 1846, une économie traditionnelle qui décline : l'aiguat de 1940 qui détruit la plupart des ateliers marque la fin de l'activité industrielle, alors que l'élevage et l'agriculture sont fragilisés suite notamment aux expropriations menées pour le plan de reboisement de la haute vallée.
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