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> Paysages de la Lozère : les enjeux majeurs

Les enjeux majeurs pour un aménagement qualitatif du territoire
  1. 1. La gestion par l’élevage des grands espaces ouverts
  2. 2. L’inventaire, la protection, la gestion … et l’invention du « petit » patrimoine
  3. 3. La diversification de la forêt
  4. 4. La qualité des lieux de vie, de circulation et d’accueil
  5. 5. La maîtrise paysagère de l’urbanisation
  6. 6. La préservation des paysages – sites

 

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Les 6 enjeux majeurs pour un aménagement qualitatif du territoire

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1. La gestion par l'élevage des grands espaces ouverts


Les grands espaces : valeur paysagère clef pour la Lozère

Ouverture vers le ciel dans l'Aubrac
Les hauteurs du Mont Lozère au col de Finiels
La montagne de la Margeride, vue du Truc de Fortunio
Le Causse Méjean et ses étendues lumineuses
Les gorges du Tarn vues depuis le point « Sublime »
Ouverture large sur la Lozère depuis le Mont Aigoual

De quoi est riche la Lozère ? Qu'est-ce qui en fait la spécificité, l'originalité, la valeur, au point de motiver le désir de vivre et de séjourner là plutôt qu'ailleurs ?
La Lozère est d'abord riche d'espace ; de grands espaces de nature ; de grands espaces de respiration ; de grands espaces d'évasion ; elle est riche d'horizons, d'ouvertures, de balcons sur le ciel.
Cette valeur est unanimement évoquée d'entrée de jeu par les acteurs de l'aménagement, par les livres, par les guides touristiques. Un aperçu des représentations des paysages de la Lozère (voir « les fondements culturels » dans le présent Atlas) confirme la valeur attribuée aujourd'hui aux grands espaces. Et combien de livres de photos prodigues en images d'immensités Lozériennes : les grands causses, l'Aubrac, les hauteurs du Mont Lozère et de l'Aigoual, .
Mieux : il s'agit d'une valeur d'avenir : « elle sera de plus en plus utile dans un monde qui a soif de nature et d'équilibre, elle est une chance pour la France et une oasis pour l'Europe » (François Brager, Président du Conseil Général, préface au livre « Lozère », sous la direction de Janine Brager, éd CG 48, 1998). Pour le Guide du Routard, « ce que l'on considérait naguère en ricanant dans les salons parisiens comme le désert français fait figure aujourd'hui d'avenir au sein de l'Europe. » Et d'évoquer « les horizons infinis », la grandeur dans l'horizon qui n'en finit pas de s'enfuir au loin », etc.


Les grands horizons dégagés : une gestion obligatoire



Trois états du même causse Méjean, illustrant la dynamique forestière qui s'instaure en l'absence de gestion des espaces ouverts.
Micro trouée dans la toison aujourd'hui boisée des Cévennes
Une illustration de la dynamique végétale sur les pentes de la Margeride : bruyères, genêts purgatifs, genévriers, pins

La prise en compte de cette valeur a des conséquences très concrètes en matière d'aménagement du territoire : elle doit conduire à la gestion des espaces ouverts. Sans gestion, pas d'espaces ouverts, pas d'immensité : la forêt vient spontanément occuper l'espace et refermer les horizons. Cette dynamique naturelle s'observe sur les causses, dans les Cévennes, en Margeride, dès que l'emprise humaine sur les milieux naturels s'affaiblit ; elle pourrait s'observer en Aubrac et sur les sommets cévenols si la gestion baissait la garde. Et si la forêt couvrait toutes les hauteurs de la Lozère, accorderait-on une telle valeur à ses paysages ? A la diversité de ses milieux dits « naturels » ?


L'élevage, activité de gestion fondatrice de la valeur des paysages Lozériens

Vaches sur les flancs du Mont Lozère
Moutons sur les flancs du Mont Lozère

A ces altitudes de montagne, ce sont en particulier les activités de l'élevage qui garantissent l'existence des espaces ouverts : pâtures, cultures fourragères, prairies permanentes, zones de parcours. Chaque territoire a développé des spécificités adaptées aux conditions naturelles et structurelles : mono production de vache allaitante en Aubrac, grandes exploitations d'élevage d'ovins pour le lait et la viande sur les Causses, systèmes mixtes ovins/bovins et lait/viande en Margeride, agriculture diversifiée dans les Cévennes fondée en partie sur l'élevage caprin.
De façon plus anecdotique, des bisons, des chevaux de Przewalski, sont aujourd'hui présents à l'état embryonnaire. Ils se cantonnent dans des parcs à vocation scientifique, pour leur réintroduction dans leurs milieux naturels d'origine en Pologne ; mais ils préfigurent d'autres formes d'élevage qui pourraient exister demain en Lozère.

L'encouragement aux activités de l'élevage, à leur viabilité, est ainsi une mesure de fond en faveur des paysages de Lozère.


La fragilité des grands paysages ouverts

Rebord du causse Méjean. Le champ cultivé au premier plan offre l'ouverture sur les gorges du Tarn.
Fond des gorges du Tarn : ouverture sur les gorges grâce aux cultures au premier plan.

Les grands paysages ouverts sont d'abord fragiles car dépendants de la gestion. Si le surpâturage du XIXe siècle a contribué à provoquer de graves problèmes d'érosion, l'exode rural, l'abandon des terres et la fin de la transhumance des grands troupeaux a inversement conduit à une large fermeture des paysages de Lozère depuis 100 ans. Lorsque des choix de gestion sont nécessaires faute de moyens, il est important de hiérarchiser l'importance des espaces en matière de paysage : par exemple :

  • dans les Cévennes, la gestion d'espaces ouverts mérite surtout de se concentrer autour des habitations et lieux de vie encore vivaces, autour des chemins principaux et sur les sommets ;
  • sur les Causses, ce sont les rebords qui apparaissent clefs en matière de paysage : ils forment des tremplins sur les gorges qui les délimitent, et c'est de là que les vues spectaculaires s'ouvrent sur le grand paysage.

Mais la fragilité des espaces ouverts est également liée à leur nature intrinsèque. Les vastes horizons Lozériens, qu'ils soient d'Aubrac, des Causses, ou des sommets Cévenols ou Margeridiens, sont des paysages généralement très épurés, donc sensibles. La moindre présence d'un élément dans ces espaces dénudés prend une importance considérable, alors qu'elle resterait anecdotique, voire imperceptible, en situation plus bocagère ou boisée. Selon les cas, ces éléments contribuent à valoriser ou à dévaloriser le paysage. Ils le valorisent lorsqu'ils renforcent la personnalité du site (les burons de l'Aubrac, les murets de calcaire des Causses, les chaos rocheux granitiques de la Margeride ou du Mont Lozère, .) ; ils le dévalorisent lorsqu'ils affaiblissent cette personnalité, en banalisant le paysage : cas des lignes électriques et téléphoniques, sensibles dans ces paysages ouverts, ou de nombreux bâtiments agricoles récents qui ne signent pas l'identité du territoire par la banalité de leur implantation, de leur forme, de leurs matériaux ou de leur couleur.

Ainsi, malgré la situation et parfois les statuts assez préservés des grands espaces Lozériens (le Parc national des Cévennes couvre une partie d'entre eux), il serait illusoire de les croire préservés parce que simplement entretenus par les pratiques de l'élevage.


Vers une gestion paysagère des grands espaces de Lozère

Au-delà du seul maintien d'espace ouvert, les agriculteurs éleveurs doivent pouvoir agir de façon adaptée pour produire un paysage non seulement ouvert mais de qualité. Au moins cinq objectifs méritent d'être recherchés :

  • préserver ou recréer des structures paysagères qui agrémentent l'espace et signent la personnalité des territoires et des sites : murs, arbres isolés, haies, chaos rocheux, . ;
  • préserver des milieux spécifiques garants de biodiversité (comme les zones humides par exemple) ;
  • permettre une circulation maîtrisée et raisonnée des promeneurs à travers les exploitations : chemins pédestres, équestres, vélos, . ;
  • produire un bâti agricole de qualité en terme d'implantation, de formes architecturales, de matériaux, de couleurs, d'environnement ;
  • développer l'accueil par l'agri-tourisme.

Ainsi, les différentes formes d'aides à l'agriculture (comme les Contrats d'agriculture durables notamment -CAD-) devraient largement se fonder sur des « plans de paysage agricole », véritables projets de paysages définissant les conditions de production d'un espace de qualité en intégrant les besoins de développement économique agricole, de protection de milieux ou d'espèces, et de pratiques et usages de l'espace. Ces projets pourraient nourrir en retour une synthèse sous forme de "charte paysagère et agricole" pour chacun des grands territoires de Lozère.

Sur ces grands espaces, d'autres actions doivent être portées par les acteurs de l'aménagement, hors du champ de l'agriculture : la protection et la réhabilitation du patrimoine bâti, la requalification des espaces publics des villages, l'enfouissement des réseaux aériens, la maîtrise qualitative de l'accueil du public (stationnements des sites touristiques , bords des routes.) . Ils sont évoqués dans les autres enjeux majeurs.

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