> Paysages du Gard : les enjeux majeurs
Dix enjeux majeurs pour l’aménagement qualitatif du territoire
8. L’organisation du développement de la vallée du
Rhône, de Pont Saint-Esprit à Villeneuve-lès-Avignon
De Pont-Saint-Esprit à Avignon, l’axe Rhodanien
génère une pression de développement qui se traduit par
un risque de brouillage progressif du paysage du fait d’une urbanisation
dispersée et sans ordre, faute de projet qualitatif d’ensemble
pour ce territoire, de vision d’avenir.
Les pressions sont multiples :
Passages des grandes infrastructures, générant des linéaires
déqualifiés
Le couloir Rhodanien accueille les grandes infrastructures
d’échelle nationale ou européenne. En rive droite Gardoise,
il s’agit :
- des voies se reliant à l’A7 qui reste en rive gauche
- de l’autoroute A9
- de la RN 580 reliant Pont-Saint-Esprit à Avignon
- de la RN 86 entre Pont-Saint-Esprit et Bagnols-sur-Cèze
- de la RN 100 reliant Avignon à l’A9 et à l’Uzège
- du TGV Méditerranée, qui passe sans ménagement à
travers la plaine de Pujaut et les garrigues des Angles.
Ces grandes infrastructures posent des problèmes
de paysage par effets directs ou indirects :
- coupures physiques qui perturbent les déplacements et dessertes locales
ainsi que la gestion agricole ou viticole des terres ;
- coupures visuelles qui segmentent les logiques paysagères en morceaux
de territoire déconnectés,perdant leur sens et leur valeur ;
- forte présence et « lourdeur » dans le paysage du fait
des talus de remblais et de déblais, des bassins de rétention,
des ouvrages techniques, des murs anti-bruit, des panneaux (routes) ou lignes
électriques (train), qui les accompagnent : cas du TGV Méditerranée
récent notamment ;
- cristallisation d’un bâti linéaire médiocre d’activités
profitant de la commodité de desserte et de l’effet de vitrine
: problèmes dit « des entrées de villes » (RN 100
vers les Angles, RN 580 entre Saint-Laurent-des-Arbres et Bagnols-sur-Cèze),
;
- vieillissement du bâti d’habitation autour des routes nationales
devenues nuisantes.
Présence forte des lignes à haute tension
Le secteur Rhodanien de Pont-Saint-Esprit/Avignon pâtit
d’une forte présence des réseaux aériens, notamment
des lignes à haute tension : centre électrique de Vénéjan,
centre électrique de Tavel, centre électrique de l’Ardoise
sont autant de points de dispersion des lignes, dont certaines coiffent en
outre sans ménagement des reliefs très en vue.
Pression d’urbanisation résidentielle
En rive droite Gardoise, la pression d’urbanisation
résidentielle est particulièrement lisible au droit d’Avignon,
sur les communes de Villeneuve-lès-Avignon et des Angles et s’étend
vers Rochefort-du-Gard, Pujaut, Sauveterre. Elle tend également à
se diffuser dans les plaines à la faveur des confluences : Pont-Saint-Esprit
et l’Ardèche, Bagnols et la Cèze, Laudun et la Tave.
Dans la forme qu’elle prend, les problèmes
et les risques qu’elle présente en matière de paysage
sont :
- une consommation des espaces agricoles, viticoles ou de nature faute de
densité ;
- un affaiblissement des centralités historiques ;
- un brouillage des sites bâtis qui structurent le paysage cadre de
vie : phénomène d’étalement indifférencié
(cas des Angles).
Pression des activités
A la pression pour le bâti résidentiel s’ajoute
le développement des activités, favorisées par la commodité
des échanges et les effets de vitrine. De grosses implantations industrielles
s’y ajoutent : Marcoule, l’Ardoise, en particulier.
Des atouts à faire valoir
De Pont-Saint-Esprit à Avignon, les différentes
pressions de développement s’opèrent dans un territoire
présentant des sites originaux, complexes et très divers, qui
sont fragilisés par ces dynamiques de transformation : celles-ci tendent
à gommer les particularités, à lisser les différences
et finalement à affadir le cadre de vie et lui faire perdre sa personnalité.
Il y a pourtant de nombreux atouts à faire valoir, qui doivent nourrir
les orientations d’aménagement pour les préserver et les
prolonger à travers les évolutions à l’œuvre
:
- des sites naturels multiples et très différents
les uns des autres :
- des massifs de garrigues isolés dans la plaine
rhodanienne comme des îles, avec falaises rocheuses (garrigue de Marcoule,
plateau de Lacau, massif des Angles)
- des barres rocheuses : montagne de Saint-Genies, rebord nord de la plaine
de Pujaut
- des coteaux : linéaire des coteaux bordant les plaines et les vallées,
linéaire des coteaux du Rhône
- des vallats : le plus spectaculaire est celui de Tavel
- des plaines incisées dans les reliefs : plaine de Pujaut
- des vallées : la Tave, la Cèze et leurs affluents
- le linéaire fluvial du Rhône
- des sites bâtis remarquables : nombreux villages
et villes occupant des sites marquants, très valorisants pour le paysage
; certains sont même spectaculaires comme Saint-Victor-la-Coste, les
Angles et Montfaucon
- un patrimoine bâti de qualité : Pont-Saint-Esprit,
Bagnols, Laudun, Villeneuve-lès-Avignon, villes riches de patrimoine,
auquel s’ajoute le patrimoine bâti des villages ;
- une économie viticole dynamique, source de richesse,
gestionnaire de paysage et facteur d’identité : appellations
contrôlées Côtes-du-Rhône, Tavel, Lirac ; les viticulteurs
sont soucieux de la qualité des paysages pour la préservation
de leurs terres et l’image de marque de leurs vins.
Des projets intercommunaux pour la qualité du territoire
La maîtrise paysagère de ce vaste territoire en voie d’urbanisation
passe par des démarches de projets locaux, associant par endroits les
deux rives (à Pont-Saint-Esprit, à Villeneuve-lès-Avignon)
définissant l’équilibre entre le bâti existant,
le bâti nouveau, l’espace cultivé et l’espace de
nature.
Plusieurs principes peuvent guider les réflexions :
- mise en place d’une stratégie claire d’implantation
du bâti dans le paysage, sur la base d’une reconnaissance des
sites bâtis aujourd’hui ;
- inconstructibilité stricte des espaces viticoles et agricoles,
qui sont sources de richesse économique, facteurs d’identité
et gestionnaires de l’espace ;
- inconstructibilité stricte des abords des infrastructures : coup
d’arrêt à l’urbanisation linéaire ;
- identification, protection et aménagement d’une véritable
trame paysagère, agricole et environnementale, structurante pour le
développement ;
- mise en valeur du paysage agricole par la préservation et la création
de structures paysagères : arbres isolés, haies brise-vent,
murs, alignements d’arbres, bosquets, ripisylves, vergers, …
- densification du bâti autour des centres historiques ; confortement
des centralités existantes ;
- traitement qualitatif des limites entre bâti et espace non bâti
(agricole, viticole ou naturel) à l’occasion des opérations
immobilières successives ;
- requalification paysagère ambitieuse des linéaires d’infrastructures
urbanisés :
- traversées des zones commerciales ou artisanales (RN 100 vers
les Angles; RN 580 autour de saint-Laurent-des-Arbres/Saint-Geniès-de-Comolas,
…)
- traversées des secteurs habités vieillissants.
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