> Paysages du Gard : les enjeux majeurs
Dix enjeux majeurs pour l’aménagement qualitatif du territoire
2. La composition paysagère des coteaux des Garrigues
Enjeux majeurs pour les Garrigues
Au cœur du département, les Garrigues bénéficient
d’un patrimoine de paysage exceptionnel, lié :
- à la diversité et aux contrastes des ambiances entre les plaines
riantes et fertiles et les plateaux secs de garrigue proprement dite, l’ensemble
étant imbriqué de façon serrée, à des échelles
qui rendent le paysage animé, surprenant et pittoresque ;
- au patrimoine bâti, et en particulier aux sites bâtis des villages
qui ponctuent le paysage.
Cette richesse paysagère et patrimoniale rend attractif
le pays des Garrigues pour le tourisme et l’établissement de
résidences secondaires, voire principales pour la retraite, générant
une forte pression foncière, accentuée par l’amélioration
de la desserte à l’échelle nationale et européenne
offerte par le TGV Méditerranée. Cette attractivité génère
des réhabilitations et requalifications de patrimoine bâti de
qualité et vivifie le tissu culturel du pays ; en revanche il pose
des problèmes de disponibilité de foncier pour garantir la vie
des villages et le logement ou relogement des habitants en place. C’est
la crainte d’une « lubéronisation » dont parlent
certains élus.
La pression d’urbanisation est également largement
liée à la situation régionale des Garrigues, sous influence
tout à la fois de l’axe rhodanien à l’est (Avignon
surtout, mais aussi Bagnols et Pont-Saint-Esprit), de Nîmes au sud,
d’Alès au nord et de Montpellier à l’ouest. Les
commodités de desserte rendent possibles les déplacements domicile-travail
entre les Garrigues et les grands pôles urbains et de développement,
accentuant cette poussée d’urbanisation. Cette fois c’est
le risque de « banlieu-isation » des Garrigues qui est craint
par certains.
Dans cette situation, les enjeux pour l’aménagement
qualitatif du territoire des Garrigues portent sur la composition paysagère
des coteaux, développée ici, et sur la préservation et
la gestion des plaines agricoles (voir enjeu 1 ).
Enjeux pour les coteaux des Garrigues
Les paysages des coteaux, qui marquent la jonction des plaines
cultivées avec les plateaux de garrigue, sont appelés à
évoluer dans les prochaines années :
- les villages qui s’y implantent le plus souvent se transforment, se
réhabilitent, et accueillent des extensions qui les font grossir ;
- la pression d’urbanisation est accentuée par l’inondabilité
des terrains des fonds de plaines
- la viticulture y trouve des terrains propices : drainants et bien exposés.
Très visibles lorsqu’on parcoure les Garrigues,
puisqu’ils composent les horizons des plaines, sensibles d’un
point de vue patrimonial à la fois pour le bâti, pour le paysage
et pour l’environnement, les coteaux des garrigues cristallisent ainsi
des enjeux forts pour l’aménagement qualitatif du territoire
régional.
Sur ces espaces de coteaux, restreints, assez densément
construits (les villages se succèdent à faible distance les
uns des autres), très en vue et soumis à pressions d’évolution
contradictoires, les seules logiques sectorielles ne sauront générer
de paysage harmonieux. Leur préservation et leur valorisation passe
par des projets de paysage qui articulent à la fois le bâti (existant
et nouveau), les espace agricoles et viticoles et les espaces de nature dans
un équilibre à définir précisément et au
cas par cas, sur la base des principes suivants :
- préservation des sites des villages : les logiques originelles
d’implantation sont toujours précises et jamais neutres : elles
sont à étudier et à prendre en compte systématiquement
pour chaque village et chaque extension
- protection d’espaces de respiration non bâtis entre les villages
- protection des bords de routes donnant accès au village contre l’urbanisation
: lutte contre l’urbanisation linéaire
- inconstructibilité stricte des espaces agricoles et « naturels
» : lutte contre le mitage (urbanisation diffuse de maisons individuelles)
- préservation de la distance souvent existante entre le village et
la route principale ; mise en scène du village dans le paysage de la
plaine et du coteau
- réhabilitation prioritaire du bâti déjà existant
- confortement systématique des centralités historiques à
l’occasion des extensions
- réinvention d’un habitat dense et adapté aux modes de
vie contemporains
- maîtrise foncière publique pour une offre de logements aux
habitants permanents
- maîtrise qualitative des liaisons village/garrigue à l’occasion
des extensions
- prise en compte des structures paysagères existantes dans les opérations
d’extension : végétation, restanques, murs de pierres
sèches, etc
- création de transitions végétales entre bâti
nouveau et espaces agricole ou naturel
- maîtrise paysagère des clôtures, encouragements et prescriptions
pour les murs de pierres sèches
- prise en compte des risques de ruissellement et d’érosion dans
l’urbanisation et les espaces publics
- prise en compte des risques incendie dans les opérations en garrigues
ou en limite de garrigue.
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