> Paysages
du Gard : les enjeux majeurs
Dix enjeux majeurs pour l’aménagement qualitatif
du territoire
- 1. La préservation et la gestion
des plaines agricoles des Garrigues
- 2. La composition paysagère
des coteaux des Garrigues
- 3. La protection et la gestion des
grands espaces ouverts pâturés des Causses
- 4. La gestion des abords des bourgs
et la valorisation du patrimoine construit dans les vallées Cévenoles
- 5. La mise en valeur des zones humides
et d’Aigues-Mortes
- 6. La valorisation environnementale et paysagère
de la Camargue cultivée
- 7. La valorisation environnementale
et paysagère du Rhône
- 8. L’organisation du développement
de la vallée du Rhône, de Pont Saint-Esprit à Villeneuve-lès-Avignon
- 9. L’organisation urbaine de l’agglomération
de Nîmes
- 10. La requalification urbaine et paysagère
de la plaine d’Alès
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> Paysages du Gard : les enjeux majeurs
Dix enjeux majeurs pour l’aménagement qualitatif du territoire
1. La préservation et la gestion des plaines agricoles des Garrigues
Enjeux majeurs pour les Garrigues
Au cœur du département, les Garrigues bénéficient
d’un patrimoine de paysage exceptionnel, lié :
-
à la diversité et aux contrastes des ambiances
entre les plaines riantes et fertiles et les plateaux secs de garrigue proprement
dite, l’ensemble étant imbriqué de façon serrée,
à des échelles qui rendent le paysage animé, surprenant
et pittoresque ;
-
au patrimoine bâti, et en particulier aux sites
bâtis des villages qui ponctuent le paysage.
Cette richesse paysagère et patrimoniale rend attractif
le pays des Garrigues pour le tourisme et l’établissement de
résidences secondaires, voire principales pour la retraite, générant
une forte pression foncière, accentuée par l’amélioration
de la desserte à l’échelle nationale et européenne
offerte par le TGV Méditerranée. Cette attractivité génère
des réhabilitations et requalifications de patrimoine bâti de
qualité et vivifie le tissu culturel du pays ; en revanche il pose
des problèmes de disponibilité de foncier pour garantir la vie
des villages et le logement ou relogement des habitants en place. C’est
la crainte d’une « lubéronisation » dont parlent
certains élus.
La pression d’urbanisation est également largement
liée à la situation régionale des Garrigues, sous influence
tout à la fois de l’axe rhodanien à l’est (Avignon
surtout, mais aussi Bagnols et Pont-Saint-Esprit), de Nîmes au sud,
d’Alès au nord et de Montpellier à l’ouest. Les
commodités de desserte rendent possibles les déplacements domicile-travail
entre les Garrigues et les grands pôles urbains et de développement,
accentuant cette poussée d’urbanisation. Cette fois c’est
le risque de « banlieu-isation » des Garrigues
qui est craint par certains.
Dans cette situation, les enjeux pour l’aménagement
qualitatif du territoire portent sur la préservation et la gestion
des plaines agricoles, développée ici, et sur la composition
paysagère des coteaux (voir enjeu 2 ).
Enjeux pour les plaines des Garrigues
La richesse des pays des Garrigues vient aujourd’hui
des plaines, riantes, fertiles et fraîches, qui sont sous la pression
à la fois du passage des infrastructures et de l’urbanisation.
Ce sont les plaines qui font des Garrigues un pays encore rural, animé,
et c’est bien l’agriculture qui génère essentiellement
les paysages valorisants et attirants pour les habitants comme pour les touristes
; c’est cette activité agricole et viticole qui permet de faire
des Garrigues un monde bien individualisé, distinct des pôles
urbanisés qui l’encadrent ; ce sont les plaines qui, par les
cultures et le passage des eaux, garantissent les contrastes si valorisants
avec les paysages secs des garrigues des plateaux ; ce sont les plaines qui
ouvrent les vues sur les coteaux et sur les villages-sites qui les ponctuent
; et c’est par les plaines que l’on passe pour se déplacer.
Or les commodités d’aménagement, d’équipement,
d’urbanisation font des plaines des espaces beaucoup plus menacés
que les plateaux de garrigues. Il n’y a guère que l’inondabilité
des terrains qui aujourd’hui freine les appétits de transformation.
Mais les surfaces restent modestes au regard des plaines dans leur ensemble,
et cette seule contrainte ne saurait justifier l’organisation à
venir des territoires.
Protéger les plaines, c’est en fait protéger le cœur
vital des pays des Garrigues.
Cadrage strict de l’urbanisation dans les plaines
L’urbanisation historique des plaines des Garrigues
reste faible, les villages restant plus souvent accrochés sur les piémonts
des coteaux. Quelques bourgs viticoles ponctuent néanmoins les plaines,
comme Saint-Chaptes par exemple dans la plaine du Gardon.
Les plaines méritent d’être strictement protégées
contre le mitage, ou urbanisation diffuse :
- extensions d’urbanisation strictement en continuité avec l’urbanisation
dense existante
- confortement des centralités denses existantes
- inconstructibilité des abords des routes pour éviter l’urbanisation
linéaire
- inconstructibilité stricte des espaces agricoles.
On rappellera que le département voisin des Bouches-du-Rhône
a vu la plupart de ses belles plaines s’urbaniser de façon anarchique
du fait d’une charte agricole trop laxiste en matière de constructibilité
en espace agricole, et d’abords d’infrastructures non maîtrisés.
Maîtrise paysagère des infrastructures
Les plaines accueillent facilement les infrastructures.
La maîtrise paysagère des infrastructures passe par les points
suivants :
- inconstructibilité des terrains aux abords des routes
- limitation des gabarits et capacité des routes, notamment pour les
voies de liaison des garrigues avec les pôles urbains et les grandes
infrastructures : exemple Uzès/Nîmes, Uzès/Remoulins -
A9, Uzès/ RN 106 Alès-Nîmes, Sommières/A9 Gallargues,
…
- maîtrise paysagère des dispositions d’aménagement
des routes : glissières, panneaux, bas-côtés, ronds-points,
…
- préservation des vues et des accès aux villages-sites
Valorisation des productions agricoles et viticoles
Cernées par les pôles urbains attractifs que
sont Nîmes, Avignon, Montpellier, et bénéficiant d’une
forte attractivité touristique et résidentielle, les plaines
des Garrigues peuvent développer des circuits économiques courts
et à forte valeur ajoutée en matière de production agricole
: appellations contrôlées, produits bio, ventes directes sur
les marchés, alimentation des grandes surfaces des villes pour des
produits très frais, …
Valorisation des paysages agricoles et viticoles
La qualité paysagère des plaines est majeure
pour les Garrigues. Les plaines sont les jardins des Garrigues et doivent
à ce titrer bénéficier d’une attention sans faille
en matière de qualité. En particulier les structures paysagères
doivent être préservées, créées ou recréées,
en accompagnement des productions : arbres isolés, vergers de fruitiers,
murs, murets, haies, restanques, petit patrimoine bâti, etc ;
Valorisation des bords de l’eau
Les récentes inondations catastrophiques vécues
par le pays rappellent l’importance de la gestion des cours d’eau
pour garantir la libre circulation des eaux. Le paysage de l’eau est
par ailleurs le paysage valorisant par essence pour les Garrigues : ombre,
fraîcheur, baignade, activités ludiques et sportives, passage
des circulations douces, biodiversité. La mise en valeur ne doit plus
concerner que les seules gorges (du Gardon ou de la Cèze), mais l’ensemble
des linéaires des bords de l’eau, dans une trame progressivement
constituée et mise en valeur.
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