Atlas des paysages - Diren Languedoc-Roussillon
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1. La côte sableuse et lagunaire du Roussillon

Valeurs paysagères clefs

Un littoral sableux et lagunaire

 
Le miroir d'eau de l'étang de Salses-Leucate au pied des Corbières ; ici depuis Saint-Hippolyte
 
L'étang de Canet
 
La côte sableuse vue depuis les pentes des Albères : Argelès-sur-Mer au premier plan, puis la réserve naturelle du Mas Larieu, puis Saint-Cyprien-plage, l'étang de Canet et Canet-plage à l'horizon
 
Dans le prolongement direct du littoral audois, la côte du Roussillon est également sableuse et lagunaire : c'est un paysage sableux de sansouïres et de dunes qui s'offre, l'ensemble étant cadré par le Cap Leucate (dans l'Aude) et le Cap de Creus (en Espagne). L'absence de relief et la présence d'un cordon dunaire favorisent le ralentissement et l'accumulation d'eau, constituant des zones humides. La vigne et le maraîchage, bien présents dans la plaine, laissent ainsi la place aux marais et aux roselières.
Ainsi bordées au nord et au sud, les longues plages de sables fins s'allongent d'un seul trait, entre le Cap Leucate et les Albères. Seuls les graus, maintenus artificiellement ouverts, viennent rompre cette ligne, auxquels s'ajoutent les digues des ports.
Le chapelet d'étangs littoraux se fait moins dense, les lagunes ayant été comblées par les divagations des fleuves Agly, Têt et Tech, charriant les alluvions arrachées aux montagnes. Seuls l'étang de Salses-Leucate, à cheval entre l'Aude et les Pyrénées-Orientales, et l'étang de Canet, dessinent de véritables plans d'eau. Le premier est vaste (5850 ha) et accueille des activités telles que la voile, la pêche, l'ostréiculture (dans l'Aude). L'étang de Canet est de taille beaucoup plus modeste (800 ha), sa surface ayant diminué de moitié depuis 1750. C'est en effet la plus ancienne lagune du Languedoc-Roussillon et de fait la plus menacée par le comblement naturel. Les scénarii les plus pessimistes envisagent un comblement possible en une seule crue du Réart. La pêche artisanale y est encore pratiquée de mai à octobre : quelques 40 tonnes d'anguilles par an, mais aussi des loups et des dorades.  

Une côte marquée par l'urbanisation en stations balnéaires

 
La route D 83 reliant l'A9 et la RN9 au Barcarès
 
Le front de mer de Port-Barcarès
 
Marinas construites sur les berges de l'étang de Salses-Leucate à Port-Barcarès
 
Camping sur la plage de Torreilles
 
Front de mer et plage de Canet sur la toile de fond des Albères
 
Confrontation brutale des villas des années 1950 et des immeubles du font de mer à Canet-plage
 
Urbanisme minéral à Saint-Cyprien-plage
 
La station d'Argelès-plage sous les pins
 
La côte sableuse du Roussillon, tout comme le reste du littoral du golfe du Lion, est longtemps restée peu peuplée et peu aménagée. Les marais et lagunes favorisaient un climat insalubre, royaume des moustiques et du paludisme. Jusqu'au XIVème siècle, toute la bande littorale était sous les eaux, formant de véritables marais salants. Seuls quelques villages de pêcheurs, faits de cabanes de senills (roseaux) et les ports médiévaux de Saint-Laurent-de-la-Salanque et Canet occupaient ces paysages " minces " tirés à l'horizontale. Il faudra attendre le XIVème siècle pour que les Templiers entreprennent d'assécher ces marécages afin d'étendre les zones cultivables, mais sans que le rivage de mer ne soit aménagé.
Aujourd'hui, le littoral du Roussillon apparaît largement urbanisé. Les stations balnéaires s'enchaînent, séparées les unes des autres par de minces et fragiles zones naturelles. Cet aménagement marqué de la côte est engagé dans les années 1960 avec la Mission Racine dont l'objectif est l'aménagement touristique du littoral du Languedoc-Roussillon. Dans les Pyrénées-Orientales, deux unités touristiques sont prévues : Le Barcarès/Leucate et Saint-Cyprien/Canet/Argelès-sur-Mer, entrecoupées par les zones naturelles du Bourdigoul, de l'étang de Canet, de la Réserve Naturelle du Mas Larieu et du Racou.
Les nombreuses infrastructures marquent fortement le paysage du littoral : les RD 81 et RD 83 longent la côte, reliant les différentes stations les unes aux autres. La route reste généralement en recul du littoral sauf sur les deux portions de lido du département :
  • entre Canet et Saint-Cyprien, la surfréquentation, le stationnement et le passage de la RD 81 dégradent le paysage du cordon dunaire ;
  • sur le lido de l'étang de Salses-Leucate, la RD 83 est aménagée en route à quatre voies, mal inscrite dans la station du Barcarès qu'elle traverse, et dénaturant les berges de l'étang.
Les différentes stations, marquées par un urbanisme récent, sont de styles variés et de qualité inégale qui peinent à se développer dans un milieu particulièrement inhospitalier :
  • Le Barcarès, construit dans le prolongement de Port-Leucate sur le lido, présente une urbanisation éclatée manquant de centralité affirmée, le port ne jouant pas ce rôle puisqu'il est isolé parmi les hangars nautiques et les terrains vagues ;
  • Torreilles-plage et Sainte-Marie-plage sont des stations plus petites : la première est surtout composée de campings et d'un village de vacances, la deuxième de pavillons et de quelques immeubles regroupés près du port creusé dans un ancien bras de la Têt ;
  • Canet est la seule station ancienne du littoral : elle était déjà appréciée des Perpignanais au XIXème siècle lorsque les bains de mer devinrent à la mode. Un tramway a même relié Perpignan à Canet dès 1900. Aujourd'hui, le front de mer, composé d'immeubles de dix étages, forment une étonnante façade urbaine qui ne manque pas de force. Mais il n'est qu'une " écorce " sans épaisseur, contrastant brutalement avec les villas des années 1950 qui s'étendent juste derrière ;
  • Saint-Cyprien s'est tout d'abord développé au sud de l'étang du Canet, avec des immeubles collectifs de quatre étages autour d'espaces publics très minéraux. Un nouveau centre tente de s'organiser autour du port de plaisance dans la partie sud ;
  • Argelès-sur-Mer est la seule station présentant un couvert végétal intéressant. Elle s'est en effet développée autour d'un bois de pins parasols et pins maritimes plantés dès 1860 sur 12 ha. Le premier camping s'installe en 1953, marquant le début de la station balnéaire qui en compte aujourd'hui pas moins de 60 et accueillant 50 000 visiteurs : la plus grosse offre d'Europe !
 

Des horizons montagneux composant la toile de fond de la côte

 
Prairie humide et Canigou vers Sainte-Marie-la-Mer
 
La chaîne des Albères vue depuis Canet
 
Les pentes des Albères depuis la plage des pins à Argelès-sur-Mer
 
La côte sableuse des Pyrénées-Orientales est largement valorisée par les horizons montagneux qui dessinent une majestueuse toile de fond bleutée. Les reliefs animent à la fois les paysages des plages elles-mêmes et de l'arrière-littoral avec les marais et étangs :
  • la ligne courbe des plages de sable file vers la chaîne des Albères qui forment une véritable barrière au sud en plongeant dans la mer pour s'étirer jusqu'au Cap de Creus ;
  • vers l'ouest, les reliefs des Aspres, dominés par la silhouette immense du Canigou, dessinent des paysages particulièrement contrastés, notamment en hiver lorsque le sommet enneigé se dégage au-dessus du miroir d'eau de l'étang de Canet. L'ensemble compose très certainement l'une des images les plus emblématiques du département, largement utilisée dans l'ensemble des publications à caractère touristique.
 

Les rares et précieuses zones naturelles et humides

 
L'étang de Salses-Leucate ; ici le petit port el Casot del Traïdor à Saint-Hippolyte
 
L'étang de Canet
 
La Basse et la zone humide du Bourdigoul
 
Ambiance arborée et fraîche autour de la Têt ; ici entre Canet et Sainte-Marie-la-Mer
 
L'embouchure du Tech, paysage arboré entre mer et fleuve
 
Le littoral présente deux types de zones naturelles qui sont autant de coupures d'urbanisation entre les différentes stations balnéaires : les lagunes et les embouchures de rivières.
Les lagunes et zones humides des berges de l'étang de Salses-Leucate et de l'étang de Canet, offrent des miroirs d'eau resplendissants où se regroupent une multitude d'oiseaux. Leurs rives se couvrent de vastes roselières où nichent la plupart des oiseaux. Malgré la surfréquentation estivale, ces lieux offrent des ambiances intimes où l'on peut se sentir loin de l'urbanisation pourtant toute proche.
Les embouchures des nombreux cours d'eau sont autant de zones protégées et préservées de l'urbanisation, formant des milieux écologiquement riches où se juxtaposent milieux dunaires, milieux aquatiques, marécages, roselières et groupements forestiers. Du nord au sud :
  • l'Agly et les zones naturelles du Mas de l'Isle (Le Barcarès) et de la Ribère (Torreilles),
  • le Bourdigoul (Sainte-Marie),
  • le Tech et la réserve naturelle du Mas Larrieu (Argelès-sur-Mer).
 

Des paysages marqués par l'érosion du trait de côte

 
Réhabilitation douce du cordon dunaire au Barcarès par la pose de ganivelles
 
Pose de ganivelles pour protéger la dune du lido de l'étang de Canet
 
La côte sableuse est par nature un littoral mouvant résultant du remaniement par la mer des matériaux charriés par les fleuves. Avec la " domestication " des cours d'eau par les barrages, les retenues et les recalibrages, les apports en matériaux diminuent et la côte recule. L'urbanisation du trait de côte aggrave ce phénomène en bloquant tout échange de sable entre la plage et l'arrière-plage. À cela s'ajoute l'augmentation globale du niveau de la mer due au réchauffement climatique. La diminution des plages entraîne des aménagements parfois légers tels que la pose de ganivelles destinées à reconstituer les dunes, et parfois plus lourds, pénalisant alors les paysages du littoral : épis, brises lames (surtout à Sainte-Marie-plage, zone de forte érosion), auxquels s'ajoutent les digues et enrochements des ports qui cassent le linéaire naturel des plages de sables.  

 


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