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28. Les vignes et les garrigues du Minervois et de Saint-Chinian |
Valeurs paysagères clefs |
Un pan de garrigues isolé entre montagne et plaine |
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Les garrigues du Minervois et du Saint-Chiniannais sont comme une surprise dans le grand paysage des avants-monts et des plaines viticoles de l'ouest de l'Hérault : offrant des paysages de causses, de gorges, de petites chaînes calcaires piquées de la végétation caractéristique de la garrigue méditerranéenne, elles apparaissent en effet isolées des grands espaces de garrigues qui couvrent une bonne part de l'Hérault et du Gard plus à l'est. De la vallée de l'Orb à la vallée de l'Hérault, une vaste interruption, exemptes de garrigues, les séparent. Cet " avant-poste " occidental a pourtant la même origine géologique que les autres massifs de garrigues plus à l'est. Ce sont des calcaires, déposés par les mers du Jurassique et du début du Tertiaire, qui, au cours de l'ère Tertiaire, il y a 45 millions d'années, se sont fait surélever et plisser par la surrection de la chaîne pyrénéo-provençale. Les effondrements oligocènes de cette chaîne, et sa longue érosion, ont fait disparaître tout un pan de ces massifs calcaires de la surface, qui explique cette interruption de garrigues entre Béziers et la vallée de l'Hérault. Les massifs calcaires du Minervois et du Saint-Chiniannais en sont un reste isolé.
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Causses, gorges et plis : une morphologie variée entre est et ouest |
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L'originalité de ce vaste pan de garrigues ne tient pas qu'à son isolement, qui contribue à le rendre précieux. La géomorphologie apparaît variée, et même contrastée entre est et ouest. Le Saint-Chiniannais à l'est présente de petites crêtes rocheuses arquées, séparées les unes des autres par des dépressions étroites où les terres rouges se concentrent et portent les vignobles, tenus et soignés comme des jardins. Ces plis sont issus de la surrection pyrénéenne de l'ère Tertiaire, qui a puissamment déformé et poussé les couches sédimentaires calcaires contre le rebord de la Montagne Noire et des Avants-Monts, créant ces successions de rides, bien lisibles sur la carte des reliefs, mais parfaitement sensibles aussi sur le terrain.
A l'ouest, le secteur de Minerve n'a pas connu de telles déformations. Les dépôts calcaires des mers tertiaires éocènes se sont accumulés sur le socle Permien, et les causses que l'on parcourt en sont hérités. En revanche ces causses se sont fait profondément scier par le lent et tenace travail de l'eau, formant les gorges spectaculaires de la Cesse et du Brian. L'eau a même creusé toute l'épaisseur des dépôts tertiaires, attaquant en contrebas le socle Permien, mettant à nu les schistes, dolomies et quartzites. C'est ce qu'un regard attentif peut lire sur les versants des gorges de la Cesse et du Brian à l'amont de Minerve.
Des hauteurs des causses, des vues très larges s'ouvrent sur la plaine viticole de l'Aude au loin en contrebas.
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Des jardins de vignes imbriqués dans la garrigue, dessinant des paysages soignés et précieux |
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Contrairement à ce que l'on peut découvrir dans les vastes plaines languedociennes, la vigne des garrigues du Minervois et du Saint-Chiniannais n'occupe jamais d'immenses surfaces unifiées. Tout à l'inverse, elle se concentre sur quelques petits terroirs précis, isolés dans les étendues de garrigues :
- Sur les causses de Minerve, la vigne se concentre préférentiellement sur les quelques dépôts marneux, formant des taches colorées dans les étendues vert-de-gris des garrigues.
- Sur les flancs boisés des avants-monts, on la retrouve en taches éparses.
- Dans le Saint-Chiniannais, elle se concentre sur les terra rossa accumulées dans les étroites dépressions cadrées par les chaînons calcaires.
L'échelle réduite de ces terroirs à vigne, le travail soigné de la viticulture, le contraste avec les garrigues " sauvages " avoisinantes, contribuent à composer un véritable " paysage-jardin " de grande valeur, particulièrement dans les plis du Saint-Chiniannais. Cette impression est renforcée par les quelques vergers d'oliviers qui enrichissent l'occupation des sols.
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Des sites bâtis, et un patrimoine urbain et architectural remarquables |
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Chaque village forme un site intéressant qui mérite attention.
Les deux plus connus, Minerve et Saint-Chinian, résument la typologie des sites bâtis rencontrés : un village occupant un relief proche de l'eau.
Le petit village de Minerve forme un site remarquable, connu, protégé, accueillant de nombreux visiteurs : les maisons et les restes du château coiffent le haut d'une " presqu'île " calcaire perchée, formée à la rencontre du Brian et de la Cesse : un site certes naturellement défensif, mais qui ne suffira pas aux habitants et réfugiés pour résister aux croisés traquant les hérétiques cathares en 1206. Juste à l'amont du village, les deux " ponts naturels " Pont Grand et Pont Petit forment une des curiosités géologiques remarquables de l'Hérault. La Cesse a en effet percé les parois calcaires qui l'enserrent, coupant court en abandonnant ses méandres. Le premier serait à l'origine une galerie souterraine agrandie par le passage de la Cesse (250 m de long) ; le second serait issu du creusement par la Cesse " shuntant " son méandre (110 m de long). La valeur du site de Minerve est accrue par les quelques cultures qui tapissent les fonds de rivières et les terrasses étroites qui s'étagent sur les pentes, adoucissant comme une oasis la dureté minérale des garrigues alentours.
Saint-Chinian, dans ses vignes, s'allonge le long du Vernazobre en contrebas des pentes boisées sombres des avants-monts qui lui servent de toile de fond. Son bâti offre de chaudes couleurs d'enduits, liés aux couleurs des sables et des agrégats puisés aux alentours, qui contribuent à sa personnalité.
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