Atlas des paysages - Diren Languedoc-Roussillon
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6. L'agglomération de Perpignan

Valeurs paysagères clefs

Perpignan : une ville-capitale au coeur de la plaine agro-urbaine du Roussillon

Les tours de la ville de Perpignan au centre de la plaine du Roussillon, avec l'autoroute A9  traversant les vignes du Crest, au premier plan, et les Albères à l'horizon
 
Perpignan compte 116 000 habitants, tandis que l'agglomération de Perpignan en concentre 250 000 et que son aire urbaine avoisine les 300 000, soit les 3/4 de la population du département (422 000 habitants). Elle joue ainsi un véritable rôle de " ville-capitale ", regroupant l'ensemble des équipements et activités du département : cette situation est issue d'une tradition ancienne du Roussillon avec des bourgs ramassés autour de leurs églises en cellera qui gravitaient autour de Perpignan. La ville " capitale " réunit les services nécessaires aux habitants de la plaine mais aussi des trois vallées, d'où l'on exportait les produits vers le territoire français par les routes et chemins de fer, alors que Perpignan trouvait sa richesse dans les échanges avec son territoire élargi.
Cette tradition a favorisé le maillage en bourgs distincts et bien identifiés de toute la plaine du Roussillon. Mais avec l'étalement urbain qui marque la périphérie récente des bourgs, les coupures d'urbanisation se font plus rares, notamment autour de Perpignan où la nappe d'urbanisation s'étend du Soler aux portes de Canet, et de Bompas à Canohès.  

Un développement important qui prend la forme d'un étalement urbain généralisé dans la plaine

 
Construction d'un lotissement dans la plaine agricole ; ici à Toulouges
 
Paysage de périphérie : vignes arrachées et lotissements
 
La pression urbaine est importante sur toute la plaine du Roussillon en général et dans l'agglomération de Perpignan en particulier. La surface urbanisée y a été multipliée par deux durant les vingt dernières années pour une population qui n'a augmenté que d'un quart (soit 2 200 hectares consommés en 20 ans). Cette consommation d'espace s'effectue généralement au détriment des surfaces agricoles. Elle se traduit par un étalement urbain sous forme de lotissements de maisons individuelles, parti très tôt des communes de la première couronne de Perpignan (dès les années 1970), qui a atteint les communes de la deuxième et maintenant de la troisième couronne.
Dans la seule ville de Perpignan, entre 1954 et 1982, alors que la population doublait, la surface urbanisée quintuplait, passant de 300 à 1500 hectares.  

De fragiles et précieuses poches agricoles

 
Coupure d'urbanisation agricole entre Thuir et Toulouges le long de la RD 612a
 
Vendange près du Mas Carcassonne entre Cabestany et Saleilles
 
Vergers près du Réart à Théza
 
Confrontation directe intéressante  entre l'urbanisation et l'espace agricole ; ici à Pollestres
 
Paysage agricole sur les berges de la Têt ; ici à Saint-Estève
 
Paysage agricole sur les berges de la Têt à à Pézilla-la-Rivière
 
Friches viticoles colonisées par les pins parasols, avec au loin les tours du quartier du Moulin à Vent à Perpignan
 
Friches viticoles ; ici entre Canohès et Pollestres
 
L'explosion démographique et urbaine de ces trente dernières années s'est traduite par une forte consommation des terres agricoles. Cependant, dans l'agglomération de Perpignan, 45% du territoire est encore agricole, avec une agriculture périurbaine relativement active. Mais 25% du territoire sont en friche : un constat préoccupant pour l'agriculture. Depuis 1978, 3 000 ha de terres agricoles ont été consommés par l'urbanisation. Au total (source DDA en 1999), c'est un peu plus de 11 000 ha de zone agricole productive (45%) qui subsiste dans l'agglomération de Perpignan ( 24 000 ha) pour 6 137 hectares d'espace agricole non-productif (25 %) et 7492 d'espace urbanisé ou urbanisable (25%).
Sur ces surfaces agricoles, 28% sont cultivées en vignes (6 831 ha), 5% en vergers (1 119 ha), 5% en terres labourées (1 306 ha), 5% en maraîchage de plein champs (1 290 ha), 1% en maraîchage sous abris (232 ha) et 1% en prés (230 ha).
Les espaces agricoles représentent ainsi une part importante des surfaces de l'agglomération de Perpignan. Ils sont d'autant plus importants et précieux qu'ils dessinent des coupures urbaines entre les différents bourgs. Ces espaces de respiration sont déjà largement consommés, notamment par un urbanisme linéaire greffé au fil des routes : entre Canet et Perpignan, entre Cabestany et Perpignan, le long de la Têt vers Le Soler, vers Toulouges et Canohès. D'autres sont en cours de fragilisation, par ce même mitage le long des voies : entre Perpignan et Bompas, entre Perpignan Saint-Estève et Baho.
Quelques poches agricoles bien identifiées s'observent néanmoins formant de véritables coupures entre les nappes urbanisées. On peut les distinguer en deux grands ensembles contrastés : les régatiu et les plaines viticoles.
Les régatiu (les terres irriguées en catalan), désignent les espaces où sont pratiqués principalement le maraîchage (en plein champ et sous abri) mais aussi l'arboriculture ; ils présentent des paysages cloisonnés et fermés, marqués par la présence de nombreuses serres : les jardins Saint-Jacques à Perpignan, les Horts à Saint-Estève, Saint-Genis-de Tanyères entre Perpignan et Bompas sur la rive gauche de la Têt.
Les vignes s'installent sur les terrains non irrigables, souvent légèrement surélevés. Elles composent des paysages ouverts dégageant des vues lointaines ; autour de Perpignan on retrouve :
  • les Llobères entre Cabestany et Canet, marquées par le mitage ;
  • la plaine située au sud de Perpignan entre Toulouges, Canohès, Pollestres, marquée par le passage de l'A9 et par le mitage des zones d'activités, aux abords des infrastructures (A9, RN 9 et RD 612a);
  • la plaine viticole, située entre Saint-Estève et l'aéroport, au relief très aplani, dont l'effet " vitrine " est particulièrement important puisqu'elle est visible depuis l'avion, le train et l'autoroute.
 

Un réseau hydraulique remarquable et essentiel peu mis en valeur

 
La Basse à Toulouges
 
Agouille de Baillarou à Toulouges
 
Canal dans le village de Canohès
 
Paysage de l'eau en ville ; ici un exemple à Cabestany
 
Cheminement sur les bords du canal de Perpignan ; ici à Canohès
 
Canal du Vernet et de Pia à Pézilla-la-Rivière
 
Aux alentours de Perpignan, de nombreux canaux et agouilles, essentiellement construits au Moyen-Age, irriguent encore les terres agricoles ; ils sont bien visibles mais restent peu mis en valeur :
  • sur la rive gauche de la Têt on retrouve le canal du Vernet-Pia ;
  • sur la rive droite le canal de Perpignan.
Ces canaux et agouilles sillonnent encore les plaines agricoles, mais avec la croissance et l'extension des villages, ils se retrouvent de plus en plus souvent au contact des lotissements dont les aménagements ne tiennent pas assez compte du potentiel paysager que ces filets d'eau peuvent apporter aux nouveaux quartiers.
À ce système d'irrigation agricole s'ajoutent les nombreux cours d'eau qui s'écoulent des reliefs et sillonnent la plaine : la Têt, le plus important, mais aussi le Réart et la Basse, ainsi que les nombreux ruisseaux souvent à sec tels que la Llabanères, les Llobères, la Boule, la Berne, ...
L'entretien et la prise en compte du réseau hydraulique est d'autant plus importante que ce territoire est directement exposé aux risques d'inondations du fait de sa situation en plaine et au débouché de la vallée de la Têt : 47% du territoire de l'agglomération est concerné par le risque inondation.  

Des centres bourgs et un patrimoine bâti remis en valeur

 
Détail d'architecture : mur en galet alterné de lignes de cairo (la brique locale) et piqueté d'éclat de brique ; ici au Soler
 
Maison traditionnelle en galets et cairo ; ici au Soler
 
La place de la République récemment réaménagée à Toulouges
 
La place de la République à Perpignan
 
La place Arago à Perpignan
 
Autour de Perpignan, les différents bourgs conservent des centres anciens bien identifiés et souvent bien remis en valeur : restauration des façades, aménagement des espaces publics, constructions contemporaines de qualité. L'architecture du Roussillon, avec ses murs en pierres roulées et briques, donne une teinte rosée caractéristique à ces villages.
À Perpignan même, les espaces publics et les ruelles du centre historique font l'objet d'aménagements qualitatifs depuis 1993 afin de renforcer l'attractivité du centre-ville : reconquête paysagère et piétonne des quais de la Basse (1999), aménagement du boulevard Clémenceau (2000) et des allées Maillol (2001), traitement des places Jean-Moulin, Catalogne, Arago, de la République, projet de réaménagement des abords de la gare et de la Basse, ...  

Des paysages de périphérie banals

 
Dans les nouveaux quartiers les espaces publics se réduisent souvent aux voies de dessertes ; ici à Cabestany
 
Linéaire de clôtures dans un quartier récent ; ici à Cabestany
 
Lotissement à l'entrée de Saleilles
 
Exemple d'architecture contemporaine ; ici à Pollestres
 
Autour de Perpignan, les villages connaissent un important développement se traduisant par la construction de nombreux lotissements autour des centres-bourgs. Alors que les centres anciens sont souvent restaurés, les nouveaux quartiers de maisons individuelles présentent des paysages banals, se ressemblant les uns les autres, sans souci de conception d'espaces publics. Quelques exemples qualitatifs de logements collectifs s'observent toutefois, notamment à Pollestres ou Saint-Estève, ...  

Des paysages d'infrastructures dégradés

 
Zone commerciale le long de la RN 9 à Perpignan
 
Urbanisation linéaire le long de la RD 612a entre Toulouges et Perpignan
 
Urbanisation linéaire entre Perpignan et Cabestany
 
Entrée de Pollestres : zone commerciale le long de la RN 9
 
Urbanisation linéaire le long de la RD 916 entre Perpignan et Le Soler
 
La RN 116 construite dans le lit de la Têt
 
L'agglomération de Perpignan s'est développée de manière linéaire le long des principales voies de communication suivant deux axes principaux :
  • un axe nord-sud le long de l'A9, la RN 9 et la RN 114, de Pia à Pollestres ;
  • un axe est-ouest le long de la vallée de la Têt et de la RN 116 construite dans son lit, depuis Canet-en-Roussillon jusqu'au Soler.
Les paysages produits sont marqués par les zones d'activités et commerciales, complexifiés par les échangeurs routiers, accompagnés par les lignes à haute tension. L'ensemble constitue un territoire périphérique aux limites floues et des paysages d'entrées de villes particulièrement dégradés.  

 


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