Atlas des paysages - Diren Languedoc-Roussillon
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21. Les massifs du Canigou et du Puigmal

Valeurs paysagères clefs

Des massifs montagneux imposants taillés dans les granites et les gneiss

 
Le sommet en forme de " dent de chien " du Pic du Canigou
 
Schistes dans la vallée du Sègre (massif du Puigmal)
 
Les gorges étroites et boisées du Sègre
 
Le cirque rocheux entaillant le sommet du Cambre d'Ase
 
Les massifs du Canigou et du Puigmal se sont formés à l'ère tertiaire par le plissement pyrénéen des roches cristallines (granites) et métamorphiques (gneiss et schistes) de l'ère primaire. Les gneiss, issus de la métamorphose de granites anciens, constituent la base du massif du Canigou. Les micaschistes et granites sont aussi très présents et se mêlent aux filons de marbres blancs que l'on retrouve notamment près de la Batère et sur les sommets de la Carança. Ces roches massives aux teintes claires dessinent les pics et crêtes rocheuses caractéristiques de ces montagnes : le pic du Canigou, les pics des montagnes de la Carança, le Cambre d'Ase, ... Avec des cirques et des moraines, elles portent en outre l'empreinte des glaciers de l'ère quaternaire. Le massif du Puigmal se caractérise par la présence de schistes dans lesquels sont taillées les vallées en V caractéristiques de ces roches facilement attaquées par les eaux des torrents : Valcebollère, Err, Sègre et Eyne. Les carrières de Valcebollère étaient autrefois réputées dans toute la Cerdagne pour la qualité de ses lloses de schistes.  

Des massifs de montagnes s'allongeant en une longue succession de crêtes et pics rocheux

 
Le Pic du Canigou : ici vue depuis le plateau de Roupidère
 
L'horizon montagneux des massifs du Puigmal et de la Carança bordant la Cerdagne ; ici depuis Font-Romeu
 
Le Pic du Canigou constitue l'ultime avancée vers l'est d'une longue succession de montagnes qui se profile sans interruption vers l'ouest entre le fossé constitué par la Cerdagne et la vallée de la Têt au nord, et la faille de la vallée du Tech au sud. C'est ainsi que, depuis le sommet du Canigou, le massif montagneux se prolonge vers l'ouest par les crêtes schisteuses du Tres-Vent, s'élargit en un plateau herbeux et arrondi, le Pla Guilhem, puis se rétrécit pour dessiner l'échine tranchante de l'Esquerdre de Rotja et de Roc Colom. Depuis le Pic de Costabonne, l'arête rocheuse suit la frontière en une succession de pics avec les sommets des montagnes de la Carança (la Dona, le Géant, l'Enfer, Eyne, ...), puis se rattache au Puigmal et plus loin à la Sierra del Cadi en Espagne.  

Des paysages de sommets rocheux et de vallées encaissées

 
Vallée encaissée, pentes boisées et falaises acérées sur le versant nord du Canigou ; ici vers Taurinya
 
Pentes boisées et falaises acérées sur le versant nord du Canigou ; ici vers Casteil
 
Les versants acérés du Canigou ; ici depuis Sirach
 
Versants sud du massif du Canigou
 
Les paysages des massifs montagneux présentent des sommets rocailleux, de crêtes et pics rocheux, et des pentes raides entaillées de profondes vallées.
Dans le massif schisteux du Puigmal, creusé par les vallées au profil en V caractéristique, les versants prennent des visages contrastés selon qu'ils sont exposés à l'ouest (boisés) ou à l'est (arides). Chacune de ces vallées débouche sur un village situé à la limite entre la plaine d'altitude de Cerdagne et les versants pentus : la vallée d'Osséja, la vallée d'Err, la vallée du Sègre et la vallée d'Eyne.
Dans le massif de la Carança, les vallées présentent un relief âpre et rocailleux. Elles sont orientées nord-sud et s'allongent depuis les sommets situés sur la ligne de frontière jusqu'à la vallée de la Têt :
  • la vallée de la Carança présente une portion étroite de gorges puis s'élargit en amont pour former une vallée montagnarde parsemée de lacs d'altitude avant de rejoindre le col des Géants à 2600 mètres d'altitude ;
  • la vallée du Mantet présente le même profil avec les gorges de Nyer en aval, et le village de Mantet accroché en amont avant le col du Ponteilla de Mantet (27032 m) situé entre les pics de la Dona et du Roc Colom ;
  • la vallée de la Rotja est plus large, avec une route qui permet d'accéder aux villages de Sahorre, Py et Mantet.
Dans le massif du Canigou, les torrents creusent de petites vallées étroites. Empruntées dès l'Antiquité, elles servaient de voies d'accès aux mines de fer creusées sur les pentes de la montagne. Aujourd'hui, les plus larges servent de voies de randonnées et d'accès aux refuges :
  • la Lentilla sur le versant est, avec la route RD 13 qui rejoint Valmany à 900 mètres d'altitude ;
  • le Cady sur le flanc nord, avec la route RD 116 qui va jusqu'à Casteil, lieu de départ vers l'abbaye de Saint-Martin-du Canigou, et qui continue jusqu'au col de Jou d'où l'on accède au GR 10 ;
  • la Llech, qui permet d'accéder directement en voiture au chalet des Cortalets, point de départ de l'ascension du pic du Canigou ;
  • depuis le Vallespir, sur le versant sud, les vallées plus abruptes avec des chemins en cul-de-sac qui permettent de rejoindre le chemin de randonnée du Tour du Canigou : la Parcigoule, la Coumelade, le Graffouill.
 

Une richesse floristique et faunistique remarquable

 
Les pentes abruptes et boisées du versant nord du Canigou ; ici depuis l'abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa
 
Les pentes boisées des versants nord du Canigou et de la Carança ; ici depuis Taurinya
 
S'élevant à moins de 50 kilomètres de la mer, le massif du Canigou, qui culmine à 2784 mètres d'altitude, est isolé de la chaîne pyrénéenne par le pla Guilhem et soumis aux influences méditerranéennes. Le massif recèle ainsi une flore et une faune d'une remarquable diversité et originalité :
  • trente espèces végétales endémiques (Sparganium borderei, Saxifraga geranioides, Pedicularis pyrenaica, Ranunculus angustifolius, Thymus nervosus...), onze plantes protégées au niveau national ainsi que des associations végétales rares ;
  • 125 espèces d'oiseaux, soit 70% des espèces d'oiseaux terrestres de France, et de nombreuses espèces méditerranéennes et montagnardes menacées au niveau national telles que l'aigle royal, le grand tétras, le gypaète.
Le massif présente aujourd'hui deux versants très contrastés orientés au nord et au sud : le versant sud est très découvert avec des sols ravinés et des thalwegs profondément entaillés, tandis que le versant nord est beaucoup plus boisé. Tous les étages de végétation s'y succèdent : chênes verts et chênes pubescents, hêtres, pins de Salzmann, sapins et enfin pins à crochets. À proximité des sommets, les landes à genêt purgatif et à rhododendron apparaissent, tandis que les pelouses d'altitude à fétuque et nard occupent les zones les plus élevées avec de nombreux éboulis et pierriers, mais aussi des zones humides, des tourbières et des petits lacs d'altitude.  

Un territoire occupé par de rares villages et hameaux de montagne

Ancienne mine de fer aux abords de Sahorre
 
Isolés et soumis à un climat rude, les massifs montagneux du Canigou, de la Carança et du Puigmal sont aujourd'hui très peu peuplés en raison de l'exode rural et de la fermeture des mines et des forges qui animaient fortement ces territoires de montagne depuis l'Antiquité. La dernière mine de la Batère a fermé en 1996. Après un exode particulièrement important durant la seconde moitié du XXème siècle, la population tend aujourd'hui à se maintenir et même à augmenter grâce au tourisme et à une population de "néoruraux" entre autres : Valcébollère compte 50 habitants aujourd'hui contre 25 en 1982, Mantet compte 17 habitants aujourd'hui contre seulement 4 en 1962.
Les villages sont souvent composés de maisons en pierre couvertes de tuiles et de lloses et parfois d'ardoises (notamment à Valcébollère). Ils sont entourés de terrasses aujourd'hui plus ou moins entretenues par le pâturage. Ils constituent autant de points de départs et de relais des circuits de randonnées en montagne.
Véritable nid d'aigle, l'abbaye Saint-Martin du Canigou s'accroche au bord d'un précipice, havre de tranquillité isolé  au pied du Pic du Canigou. Elle fut construite vers l'an 1000 par le comte Guilfred de Cerdagne dans un cadre sauvage. Après son abandon lié à la Révolution, les ruines de l'abbaye perchées à près de 1100 mètres d'altitude dans un site exceptionnel fascinèrent les Romantiques. Le chemin millénaire qui y mène monte toujours depuis le petit village de Casteil. Aujourd'hui réservé aux piétons, il permet d'accéder à l'abbaye, fortement restaurée au cours du XXème siècle.  

Un patrimoine naturel à protéger


 
Avec l'épuisement des ressources naturelles et la déforestation massive, qui ont conduit à la fermeture progressive des forges, mais aussi à l'érosion et au ravinement des pentes, le XIXème siècle voit l'arrivée d'une nouvelle activité sur le Canigou : le tourisme " alpin ". Refuges, chalets et pistes sont construits afin d'ouvrir la montagne à la fréquentation : chalet des Cortalets, refuge de Marialles, ... ; sur le Pla Guilhem, le sol est particulièrement dégradé par le passage de deux pistes carrossables et la surfréquentation qui en résulte.
Site naturel d'intérêt floristique et faunistique remarquable, le Canigou en particulier, mais aussi la Carança et le Puigmal, font aujourd'hui l'objet de mesures de protection qui visent à préserver ces espaces naturels face à l'augmentation des pressions touristiques.
Les réserves naturelles se multiplient : Prats-de-Mollo, Py, Mantet qui couvrent le Pla Guilhem et les sommets de la Carança ; la vallée d'Eyne sur les versants du Cambre d'Ase ; d'autres dispositifs de préservation et de mise en valeur s'ajoutent, tels le Parc Naturel Régional des Pyrénées Catalanes et l'Opération Grand Site Canigou.  

 


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