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20. Le Vallespir |
Valeurs paysagères clefs |
Une vallée cadrée par les reliefs vigoureux du Canigou et des Albères |
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Le Vallespir, dont le nom vient du latin "Vallis Asperi" (vallée âpre), compose une vallée au relief vigoureux cadrée par les versants abrupts du massif du Canigou au nord et ceux des Albères au sud, et irriguée par le Tech. En trente kilomètres l'altitude passe de plus de 2507 mètres au Roc de Colom, où le fleuve prend sa source, à 120 mètres au-dessus de Céret.
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Une vallée cadrée par des versants aujourd'hui largement boisés |
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Le paysage du Vallespir apparaît aujourd'hui fortement marqué par les boisements qui couvrent largement la majorité des versants. Ces forêts résultent généralement de l'action humaine et sont essentiellement constituées de plantations de châtaigniers (de 600 à 1000 mètres d'altitude), de futaies de hêtres (de 1000 à 1600 mètres d'altitude), ainsi que de reboisements monospécifiques de résineux réalisés dans le cadre de la restauration des terrains en montagne (principalement au-dessus de 1800 mètres). Les robiniers colonisent quant à eux les terres agricoles abandonnées, notamment sur le bas des pentes, et couvrent aujourd'hui largement les versants bordant le Tech.
La forêt a longtemps représenté une ressource importante pour les activités du Vallespir, en fournissant le charbon de bois indispensable au fonctionnement des forges. L'industrie du fer a en effet prospéré en Vallespir, depuis l'époque romaine jusqu'au XXème siècle ; la mine de la Batera a été la dernière à fermer en 1996. Les forêts ont été largement surexploitées du fait de cette activité, au point de compromettre les possibilités de régénération. Le phénomène a été tel qu'au milieu du XIXème siècle, la sidérurgie catalane a été stoppée par le manque de charbon. L'activité pastorale, importante avec les pratiques des feux, a également contribué à la régression des surfaces boisées. Cette déforestation massive a engendré une fragilisation des versants abrupts des montagnes, aggravant les phénomènes d'érosion, mais aussi les crues qui ont frappé de plus en plus souvent les villages de la vallée, la plus importante étant l'aiguat d'octobre 1940.
Pour pallier ces problèmes, un périmètre de restauration des terrains en montagne (RTM) a été délimité dès 1861 ; il a entraîné de nombreuses expropriations afin de constituer la forêt domaniale du Haut-Vallespir qui couvre aujourd'hui 25 000 ha depuis Corsavy jusqu'à Prats-de-Mollo, principalement sur les pentes du massif du Canigou. Les reboisements ont été faits en résineux pour l’essentiel, notamment épicéas, pins à crochets, mélèzes, pins sylvestres, ... et les espèces colonisatrices ont complété peu à peu la palette végétale : bouleaux, frênes, érables, ...
La forêt, bien que couvrant aujourd'hui les versants du Vallespir, ne fait plus l'objet d'une valorisation économique, notamment parce que la moitié des parcelles sont privées et morcelées en petites surfaces (surtout dans les Albères) et du fait de l'exploitation difficile liée à la forte déclivité des terrains.
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Une vallée isolée en cours de désertification |
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La route RD 115 constitue l'unique axe de communication, en traversant tout le Vallespir et en connectant la vallée au Roussillon à l'est et à l'Espagne vers Camprodon à l'ouest via le col d'Ares. L'activité se concentre le long de cette voie, dans le fond de vallée, mais les villages et hameaux se retrouvent aussi sur les pentes, au plus près des anciennes mines et des pâturages. Autrefois très peuplé, le Vallespir connaît aujourd'hui une diminution de population importante : entre 1990 et 1999, la baisse atteint -18,20 % à Saint-Laurent-de-Cerdans, -2 % à Prats-de-Mollo (qui fut la deuxième ville du département jusqu'au milieu du XIXème siècle mais compte aujourd'hui seulement 1080 habitants), -4,83 % à Arles-sur-Tech. Seule Amélie-les-Bains enregistre une augmentation de population (3239 habitants en 1990, 3644 habitants en 2005) grâce à sa proximité à la plaine du Roussillon et au dynamisme du thermalisme. Cette désertification des hauts cantons s'est engagée au début du XXème siècle avec l'exode rural dû à la fragilisation d'une agriculture d'aspre (non irriguée) peu rentable et d'une industrie minière touchée par la concurrence. Ce sera finalement le terrible aiguat de 1940 qui donnera le coup de grâce en détruisant la plupart des usines, notamment à Arles-sur-Tech, et en renforçant les mesures d'expropriations et de reboisement décidées dans le cadre des RTM.
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Un patrimoine bâti de qualité |
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Le patrimoine bâti des bourgs et des villages du Vallespir témoigne du passé industriel et artisanal intense et ancien du Vallespir. Les centres sont riches d'une architecture de qualité avec des maisons hautes ornées de balcons en fer forgé, percées de portes voûtées. Ils présentent parfois des formes urbaines médiévales avec des ruelles étroites et sinueuses et composent souvent des sites bâtis remarquables :
- la ville fortifiée de Prats-de-Mollo avec ses ruelles, ses remparts, son fort Lagarde édifié par Vauban ;
- le bourg perché de Saint-Laurent-de-Cerdans, isolé dans les pentes boisées des Albères ;
- le village perché de Palalda ;
- la ville d'Arles-sur-Tech blottie dans le fond de vallée et dominée par les imposants clochers carrés de l'abbaye de Sainte-Marie et de l'église Saint-Sauveur ;
- les villages accrochés aux pentes, composant des sites bâtis aujourd'hui isolés de la vallée et noyés au milieu des boisements : Serralongue, Montferrer, Corsavy.
Les nombreux vestiges du passé industriel, aujourd'hui abandonnés, restent à convertir ou à réhabiliter :
- les anciens ateliers de confections des espadrilles à Saint-Laurent-de-Cerdans : seul un atelier subsiste sur les 10 que l'on comptait en 1950 ; il continue à fabriquer les espadrilles qui ont fait la renommée du village ; un autre s'est reconverti en fabrication de linge de maison (Les Toiles du Soleil),
- les forges et usines d'Arles-sur-Tech, qui forment un vaste secteur en friche sur les bords du Tech avec, encore visibles, les carcasses rouillées des fours de grillage qui servaient à traiter le minerai de fer.
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