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> Valeurs paysagères clefs
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16. Le massif des Aspres |
Valeurs paysagères clefs |
Un massif boisé présentant un large gradient de végétation |
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Les Aspres forment les premiers contreforts du massif du Canigou, constitués de roches hercyniennes métamorphisées : schistes et micaschistes. Soulevé lors de la surrection des Pyrénées à l'ère tertiaire puis érodé par les cours d'eau, le massif présente un relief caractéristique des substrats schisteux, sculptés par des vallées en V séparées par des serres aux pentes souvent abruptes. La structure feuilletée des schistes favorise une meilleure capacité à retenir l'eau que les roches calcaires. Les Aspres sont ainsi globalement boisés, ou couverts de maquis sur les pentes les plus arides. Les calcaires se retrouvent ponctuellement, tapissés alors de garrigues.
Les maquis à cistes, bruyères et ajoncs, les garrigues et taillis de chênes verts se développent principalement au bas des pentes du massif, alors que la couverture végétale s'épaissit avec l'altitude et l'augmentation de la pluviométrie : des forêts plus denses apparaissent en altitude avec des châtaigniers, des chênes pubescents et des hêtres.
Les variations d'humidité et de végétation se font aussi sentir à plus petite échelle : boisement de feuillus sur les versants humides exposés au nord, maquis à chênes verts sur les versants secs exposés au sud.
Rare dans le contexte régional, le chêne-liège est bien présent dans la partie sud-est du massif où il forme des taillis plantés par l'homme pour la production de liège. Aujourd'hui, la plupart des suberaies ne sont plus exploitées et sont progressivement colonisées par le maquis. Le chêne-liège, s'il présente un feuillage semblable à celui du chêne vert, est facilement identifiable à sa silhouette tortueuse et à son tronc clair très caractéristique, protégé par sa précieuse écorce.
La forêt occupe près de 52% du territoire des Aspres, la majeure partie étant une forêt productrice de bois de chauffage, mais aussi de liège. Les feuillus couvrent près de 94 % avec des chênes verts, chênes-liège et chênes pubescent, contre seulement 6% de résineux, surtout des cèdres et des pins sylvestres.
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De rares et précieuses ouvertures agricoles |
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Comme l'indique son nom, les Aspres n'offrent que des terres sèches et arides, difficiles à cultiver (par opposition au Riberal qui désigne les " terres irriguées "). Si quelques défrichements sont menés au cours des XVIème et XVIIème siècle, afin de cultiver froment et millet, l'essentiel de l'activité repose plutôt sur la fabrication du charbon de bois qui alimente les forges catalanes. Les maquis et garrigues servent de parcours aux troupeaux, essentiellement ovins, élevés pour la production de laine. À la fin du XIXème siècle, l'activité agricole des Aspres diminue : les quelques vignes cultivées en terrasses au XIXème siècle disparaissent avec le phylloxéra et sont peu à peu replantées en chênes-liège ; le nombre des troupeaux chute avec la crise du cours de la laine. L'exode rural s'intensifie après la première guerre mondiale : perte de 60% de la population en cent ans. L'abandon des espaces agricoles profite à la forêt qui se développe et s'étend sur les friches, accentuant le risque incendie, tel celui de l'été 1976 qui a parcouru presque tout le massif.
Aujourd'hui, les espaces agricoles sont effectivement rares sur le massif. Les principales ouvertures dégagent les sommets, notamment au-dessus de 700 mètres d'altitude, avec des pelouses et landes entretenues par les troupeaux d'ovins et caprins : Puig Soubiranne, Puig Roux, Montner, ... Les espaces agricoles apparaissent de manière ponctuelle autour des villages et hameaux, avec des prairies de fauches et quelques champs labourés.
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Des vues remarquables sur la plaine du Roussillon |
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Les collines du massif des Aspres forment un balcon naturel adossé au Canigou et s'ouvrant à l'est vers la plaine et le littoral. Elles offrent ainsi de remarquables panoramas sur toute la plaine du Roussillon qui s'étend à leur pied. Les points de vue s'ouvrent depuis les villages et hameaux comme à Saint-Marsal, ainsi que depuis les églises, souvent construites sur les hauteurs, tels la chapelle de la Trinité (Prunet-et-Belpuig), l'église de Fontcouverte, l'ermitage Saint-Martin-de-Camélas. Les panoramas se découvrent aussi depuis les routes et les cols avec des vues circulaires sur les collines des Aspres, les Corbières au nord, le Canigou à l'ouest, les Albères au sud et la plaine du Roussillon à l'est : col de Fourtou, col de Xatard, et plus particulièrement la RD 13, aussi appelée "route du Balcon des Aspres", qui enchaîne les points de vues sur la vallée du Tech, la chaîne des Pyrénées, la plaine du Roussillon et la mer.
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Des sites bâtis modestes animant les vastes étendues de nature |
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Peu peuplé, le massif des Aspres présente le plus souvent un habitat dispersé en hameaux et mas solitaires. Les villages se réduisent souvent à quelques maisons : Boule-d'Amont, La Bastide, Saint-Marsal, Taulis, Llauro, Camélas. Mais le plus souvent, les communes ne possèdent pas de véritable bourg central et se composent de hameaux dispersés autour d'une église isolée : Caixas, Prunet-et-Belpuig, Montauriol. Seul le village de Castelnou, classé l'un des plus beaux villages de France, présente un site bâti compact avec des maisons regroupées dans une enceinte médiévale au pied du château planté au sommet de son piton rocheux. Ces lieux habités, aussi modestes soient-ils, constituent aujourd'hui autant de havres au coeur des paysages largement boisés, refermés et parfois monotones des Aspres.
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Un mitage des pentes basses fragilisant les horizons boisés de la plaine du Roussillon |
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Si le coeur du massif apparaît aujourd'hui isolé, les pourtours avals connaissent une pression d'urbanisation directement liée à la plaine du Roussillon. Les pentes boisées se couvrent d'une urbanisation diffuse autour des villages les plus facilement accessibles depuis la plaine : Montauriol, Tordères, Llauro, Vivès, Corbère, ... , ce mitage marquant progressivement les horizons boisés de la plaine.
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