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2. La Camargue des marais |
Valeurs paysagères clefs |
Une lumière intense qui signe le paysage des marais |
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Bien avant les taureaux noirs, les chevaux blancs et les flamants roses, c'est d'abord la lumière, soudain plus claire et plus intense, qui vient signer l'arrivée dans la Camargue et l'approche de la Méditerranée invisible. Dans ces paysages de delta, entièrement plats, le ciel prend en effet une importance plus grande qu'ailleurs.
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Une eau très présente et pourtant discrète |
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L'eau, toutefois, bien qu'omniprésente dans l'organisation de l'espace camarguais, reste excessivement discrète dans le paysage, cette discrétion ayant de quoi déconcerter le néophyte en mal d'une Camargue mythique :
- les grandes étendues d'eau ne sont pas faciles d'accès,
- les marais se drapent volontiers dans un ourlet de roselières,
- les routes sont parfois bordées de digues et diguettes, masquant les vues,
- les levées de terre accompagnent également les canaux,
- les roubines, fossés, rigoles, incisés en creux dans les champs cultivés, restent invisibles.
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Les étangs du Charnier et de Scamandre, environnés de leurs roselières, constituent les ultimes témoins septentrionaux de la Camargue naturelle, avec le petit marais des Gargattes.
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Des activités agricoles variées |
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Contrairement aux confins nord de la Camargue, entièrement occupés par les cultures entre Saint-Gilles et Beaucaire, la Camargue autour d'Aigues-Mortes mêle de vastes espaces d'étangs et de marais aux surfaces cultivées, qui lui confèrent une image plus naturelle et plus proche de la mythique Camargue sauvage.
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Les cultures s'organisent sur des bandes de sable qui ne culminent guère qu'à 2 ou 3 m d'altitude, et qui sont sans doute d'anciens lidos de lagunes aujourd'hui pris dans les marais terrestres. S'y développe en particulier la vigne, produisant le vin des sables (Listel), que l'on traverse en suivant la RD 58/RD 179 entre Aigues-Mortes et Saint-Gilles.
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Le paysage de la vigne en Camargue est marqué par les propriétés viticoles, construites à distance de la route, et par les masses sombres et compactes des bois de pins parasols remarquables. L'ensemble forme un paysage agricole ouvert et soigné, sensible car bien visible depuis la route principale qu'est la RD 58 qui passe au cour.
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Au nord de la RD 58, les travaux d'assainissement des marais et d'irrigation en eau douce, menés depuis les années 1960 par la CNABRL, ont favorisé la culture du riz et des céréales, transformant notamment le marais de la Souteyranne en vaste zone cultivée, rendue uniforme et sans échelle faute de structures végétales arborées.
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A l'interface entre les secteurs cultivés et les secteurs en marais ou en eau, les pâtures permettent l'élevage du taureau de Camargue, figure incontournable du paysage mythique camarguais.
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Au sud de la RD 58, non loin d'Aigues-Mortes, une partie des étangs a été mise en valeur depuis longtemps pour l'exploitation du sel, sous forme de tables salantes protégées par de petites digues. L'exploitation est aujourd'hui industrielle, 3000 ha étant en exploitation autour d'Aigues-Mortes par la Compagnie des Salins du Midi, qui génèrent une récolte de 400 000 à 600 000 tonnes de sel par an. On aperçoit de loin les montagnes blanches et irréelles de sel, accumulé en longues " camelles ".
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Aigues-Mortes : une ville-monument |
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La RD 46, ancienne route d'accès à Aigues-Mortes depuis Saint-Laurent-d'Aigouze, compose sans doute l'un des paysages les plus valorisants de la Camargue gardoise : ouverture sur le marais et ses roselières cultivées pour le chaume, route-digue élégamment construite, contact direct entre la route et l'eau, présence marquante de la tour Carbonnière, se conjuguent pour marquer de façon forte l'entrée dans la Camargue des marais et l'accès à Aigues-Mortes.
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Posée aujourd'hui dans les marais de la Camargue, Aigues-Mortes offre de loin sa silhouette massive et compacte, marquée par les remparts et la Tour Constance. C'est notamment vrai depuis la RD 62 qui passe à distance pour rejoindre le Grau-du-Roi.
On ne comprend le sens de sa présence qu'en faisant référence à l'histoire et à une géographie révolue : créée au XIIIe siècle comme port d'embarquement pour le Levant à l'initiative de Saint-Louis, la ville était alors posée sur un lido, séparée des terres fermes par les marécages de Psalmodi et baignée au sud par un étang profond (l'Etang de la Ville aujourd'hui) qui formait un bassin abrité, fréquenté pour la navigation depuis la plus haute Antiquité.
Bien des vicissitudes viendront rapidement fragiliser, compromettre puis sonner le glas de la vocation portuaire de la cité : attaques arabes, ensablement du port, mauvaises récoltes au XIVe siècle, concurrence de ports devenus français (Montpellier en 1349, Marseille en 1481) ou de nouveaux ports (Sète en 1666), etc.
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Des espaces naturels humides limités par une dune |
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Au bord de la mer, les étangs sont séparés de la Méditerranée par les dunes de l'Espiguette. Allongées sur 10 kilomètres, elles forment la seule fenêtre de littoral naturel du Gard. La taille de la plage, immense, et son ensablement important, permettent aux dunes formées par le vent de se déplacer : ce sont des barkhanes, des dunes mobiles, comme celles que l'on rencontre dans les grands déserts de sable.
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Le phare de l'Espiguette, posté sur les dunes à 12 m d'altitude, témoigne du caractère mouvant des sables qui, contrairement à tous les autres secteurs du littoral languedocien, gagnent ici sur la mer. Construit en 1869 à 150 m de la mer, il en est distant aujourd'hui de plus d'un kilomètre.
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En arrière de la dune s'étendent d'autres milieux et d'autres paysages, les sansouires, espaces plats au sol argileux, noyés en hiver, totalement secs et craquelés en été. Chargées en sel, les eaux des sansouires rendent le développement de la vie végétale très difficile, limitée aux plantes halophiles comme la salicorne (engane en provençal), l'obione et la saladelle.
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