Atlas des paysages - Diren Languedoc-Roussillon
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24. Les pentes les vallées et les sommets de la Montagne Noire

Valeurs paysagères clefs

Des vallées étroites et encaissées entaillant les schistes de l'ère primaire

 
La vallée en forme de V de l'Argent-Double ; le village de Lespinassière sur la droite
 
Vallée de la Clamoux
 
La partie est de la Montagne Noire est constituée de sommets élevés : Pic de Nore et plateau du Sambrès, et de pentes abruptes entaillées de vallées étroites et encaissées : Argent-Double, Clamoux et Orbiel. Les schistes dominent, formant l'essentiel des roches métamorphiques du massif ancien, constituant l'armature de la montagne. Ils sont issus de la transformation d'argiles, déposées par les mers très anciennes du début de l'ère primaire (- 500 millions d'années). De composition feuilletée, ils sont sensibles au gel qui accélère l'érosion : raison pour laquelle les vallées de la Montagne Noire prennent ce profil caractéristique en V, dessinant des gorges creusées dans les schistes par les torrents qui s'écoulent des hauteurs. Des petites causses calcaires s'appuient sur le piémont de Caunes-Minervois à Sallèles-Cabardès : les pentes schisteuses des gorges deviennent ainsi calcaires au pied de la Montagne Noire.  

La toile de fond permanente du sillon audois

La Montagne Noire à l'horizon depuis la route d'accès à Caunes-Minervois
 
La Montagne Noire dessine une toile de fond sombre bien visible depuis tout le sillon audois. Elle forme une masse imposante qui délimite les plaines de l'Aude, du Carcassonnais et du Lauragais, au nord. Dans la continuité des Avant-Monts situés dans l'Hérault, la Montagne Noire prolonge l'arrière-plan montagneux vers l'ouest et va mourir très progressivement dans la plaine du Lauragais aux confins du département de l'Aude.
Depuis le Carcassonnais, le Pic de Nore constitue un " décor " particulièrement présent. La silhouette de la montagne s'élève régulièrement en pointe vers le pic. L'effet est accentué par le relais hertzien qui coiffe son sommet, bien visible par temps clair, bien que situé à 25 kilomètres de Carcassonne.  

Des pentes rocheuses et boisées : des forêts évoluant avec l'altitude

 
Chênes verts (vert foncé) et châtaigniers (vert clair) sur les pentes de la vallée de l'Argent-Double
 
Reboisement de pins noirs et affleurements de schiste dans la vallée de l'Argent-Double
 
Châtaigneraie vers Lespinassière
 
La hêtraie de la Montagne Noire, qui domine au-dessus de 700 mètres d'altitude
 
Pentes boisées vers Castans : hêtres et châtaigniers, tache de reboisement en résineux sur le sommet
 
Le hameau de Laviale (Castans) : un îlot cultivé et habité sur les pentes couvertes de châtaigniers
 
Les pentes de la Montagne Noire sont globalement couvertes de boisements. Les forêts, productrices de bois, sont composées à 56 % de feuillus et 44% de résineux. Elles offrent une intéressante gradation d'ambiances végétales : garrigues et taillis de chênes verts au bas des pentes, châtaigneraies largement répandues sur les versants, notamment vers Castans (dont le nom même évoque le châtaignier), hêtraies en altitude au-dessus de 700 mètres. Les reboisements monospécifiques en résineux se rencontrent sur les sommets : il s'agit d'épicéas, de pins laricio de Corse ou de sapins de Douglas. Leurs sous-bois sombres et stériles offrent des ambiances plus montagnardes mais aussi plus austères. Les coupes à blanc, notamment sur le Pic de Nore et le plateau du Sambrès, marquent fortement les paysages des sommets.
Les forêts de la Montagne Noire sont réputées et attirent de nombreux visiteurs recherchant la fraîcheur de ses sous-bois et la richesse de ses espaces de nature : randonnée, promenade, cueillette des châtaignes et champignons, chasse, vue panoramique depuis le Pic de Nore.  

Des sommets pâturés et plantés de forêts de résineux

 
Les pentes couvertes de sapins sur les sommets ; ici au-dessus de Lespinassière
 
Landes et pâturages sur le sommet du Pic de Nore
 
Troupeau de bovins sur le Pic de Nore
 
Pâturages sur le plateau de La Loubatières vers Laprade
 
Plateau de La Loubatière : pâturages, hameau et sapinières sur les pentes
 
Aux environs de 600 mètres d'altitude, le relief s'adoucit, les sommets arrondis forment de larges croupes et vallonnements : ce sont le Pic de Nore et le plateau du Sambrès, prolongés à l'ouest par les sommets moins élevés des plateaux du Lampy, de La Loubatière et de Cammazes. Le Pic de Nore, point sommital de la montagne Noire, est couvert d'une végétation rase de landes à bruyère et de pâturages, rabotée par les vents violents. Le panorama dégagé, particulièrement large, s'ouvre dans toutes les directions : Monts de Lacaune, Corbières, Pyrénées, sillon audois.
Sur les plateaux des sommets, ce sont les pâturages qui dominent. Toutefois les bois de résineux se sont développés au cours des dernières années et marquent les paysages dégagés des plateaux par leur couleur sombre et les "cicatrices" laissées par les coupes à blanc.
Le plateau du Sambrès, constitué d'un mélange de schiste et de gneiss, se situe à l'ouest du Pic de Nore formant le plus vaste et le plus élevé des plateaux sommitaux. Seuls les villages de Lapradelles-Cabardès et Cubserviès occupent ce territoire isolé où la présence d'anciennes glacières témoigne du rude climat. Depuis le rebord du Sambrès, le Rieutort fait une chute de 90 mètres pour tomber dans les gorges de l'Orbiel, composant la cascade de Cubserviès, la plus haute d'Europe. Ce site exceptionnel attire de nombreux visiteurs venant pratiquer la randonnée et le canyoning.
Le plateau de La Loubatière accueille le lac de Laprade ; les boisements y sont plus nombreux et les pâturages se cantonnent aux abords de Laprade et des Martys.
Les petits plateaux du Lampy et de Cammazes, moins élevés, sont globalement pâturés et constituent des espaces ouverts dégagés sur les sommets.  

Des fonds de vallées étroits constituant de précieux jardins

 
Verger de pommiers cultivé dans le fond de vallée près de Citou
 
Cabrespine dans la vallée de la Clamoux
 
Fond cultivé soigné dans la vallée de l'Orbiel à la Grave
 
Les vallées de la montagne Noire dessinent des paysages remarquables, très encaissés, où les pentes raides et boisées, hérissées de schistes sombres, cadrent de façon serrée des fonds aplanis et étroits. Ces fonds précieux sont soigneusement cultivés, presque jardinés. Vers Citou, le fond de la vallée de l'Argent-Double est cultivé en vergers de pommiers, cerisiers, pêchers et parcelles d'oignons doux. Dans la vallée de la Clamoux, une cuvette à fond plat s'élargit autour de Cabrespine et forme une petite plaine cultivée en vignes, vergers et champs labourés. La vallée de l'Orbiel présente un fond particulièrement étroit : les parcelles cultivées profitent du moindre élargissement pour s'installer et dessiner des paysages à l'aspect particulièrement soigné.  

Des sites bâtis perchés occupant les vallées

 
Le village de Citou dans la vallée de l'Argent-Double
 
Mas-Cabardès dans la vallée de l'Orbiel
 
La Tourette-Cabardès : village perché dans la vallée du ruisseau de la Tourette, petit affluent de l'Orbiel
 
Les routes et les villages se sont naturellement implantés dans les vallées, sur les bords des cours d'eau ou sur des éperons rocheux en surplomb. Dans les gorges de l'Argent-Double, deux villages animent la vallée : Citou s'accroche à la pente exposée sud-ouest, Lespinassière est dominé par un donjon sur un éperon surplombant la rivière. Dans les gorges de la Clamoux, Cabrespine constitue le seul village implanté dans une petite plaine cultivée dans un élargissement de la vallée. Il devient un précieux événement dans un paysage étroit de pentes boisées. Dans les gorges de l'Orbiel, plusieurs villages ponctuent le paysage majoritairement boisé : Lastours et ses quatre châteaux, les Ilhes, Mas-Cabardès dominé par les ruines d'un donjon carré, Miraval-Cabardès, ainsi que la Tourette-Cabardès, Cubserviès et sa cascade.  

Un patrimoine bâti de qualité marqué par la géologie singulière de la Montagne Noire

 
Maison construite avec du schiste couleur rouille et de l'ardoise vers Lespinassière
 
Murs en schiste sur des terrasses abandonnées vers Lespinassière
 
Le village de Lespinassière dominé par sa tour-horloge en schiste
 
Mélange de schiste et calcaire sur le mur d'une maison à Cabrespine
 
Mélange de gneiss (blanc) et schiste aux Martys
 
Caudebronde : architecture montagnarde avec schiste et ardoise
 
Les constructions de la Montagne Noire sont bien particulières dans le contexte audois : les schistes aux teintes sombres et rouilles se retrouvent sur les murs des maisons, auxquels s'ajoutent localement des pierres calcaires pour le bâti en bas des pentes et du gneiss ou du granit pour le bâti proche des sommets, l'ardoise étant souvent utilisée pour couvrir les toits. L'architecture prend ainsi des accents montagnards, notamment sur les sommets à Lapradelle-Cabardès, Laprade, aux Martys, ou à Caudebronde.  

Une silhouette marquée par les parcs éoliens

 
La Montagne Noire depuis Carcassonne : silhouette marquée par les éoliennes
 
Lapradelle-Cabardès au pied du Pic de Nore : les pâturages du plateau du Sambrès autour du village
 
Depuis le sillon audois, et notamment en le parcourant par l'autoroute A 61, la Montagne Noire constitue un arrière-plan visible en permanence. Sa silhouette sombre et uniforme dessine le décor et la limite du département de l'Aude au nord. Ce massif emblématique a vu sa silhouette sensiblement modifiée par l'implantation de parcs éoliens sur son versant sud : le site de Sallèles-Cabardès au bas des pentes et le site de Pradelles-Cabardès au-dessous du Pic de Nore.
Ces parcs éoliens marquent le relief : les mâts blancs contrastent sur la silhouette sombre de la montagne et captent à l'excès l'attention, modifiant en outre la perception des échelles.  

 


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